ECONOMIE

Le bâtiment, solidaire face aux changements

Le bâtiment, solidaire face aux changements

La Fédération Française du Bâtiment de Côte-d’Or organisait les rencontres du bâtiment le 1er septembre dernier, l’occasion pour le président sortant, Frédéric Demongeot, de passer le relais au nouveau président, Emmanuel Chevasson.

Le rendez-vous des entreprises du bâtiment a mis l’accent sur l’évolution de la société et sur l’importance d’une certaine solidarité entre les acteurs avec la présence de deux intervenants de choix. 

Difficulté d’approvisionnement alors que les commandes ne manquent pas, nouveaux matériaux, réglementation toujours plus complexe, nouvelles méthodes de construction, concurrence déloyale des micro-entrepreneurs, recrutement… Frédéric Demongeot, président sortant de la FFB21, a ouvert les rencontres du bâtiment en énumérant les nombreuses difficultés et évolutions auxquelles le secteur du bâtiment doit faire face. « Nous devons aborder ces changements ensemble dans l’intérêt de la filière sur le territoire. » Pour mieux cerner les évolutions de la société, la fédération départementale a invité le politologue Jérôme Fourquet. « Nous sommes passés d’une société de la production à une société de la consommation et du tourisme » a-t-il expliqué en introduction. 

Une autre société 

Entre 2008 et 2020, 940 sites industriels français de plus de 50 salariés ont fermé leurs portes, impactant leur environnement proche, sous-traitant, commerce de proximité, associations locales, logements… « Cette économie productive, c’est aussi l’agriculture qui enregistre aussi un déclin. » Jérôme Fourquet a mis en lumière la chute du nombre d’exploitations, passant d’un million en 1988 à à peine 380 000 en 2020. « Dans la même période, des secteurs sont montés en puissance à commencer par l’économie qui tourne autour de la consommation. » A titre d’illustration, le politologue s’est appuyé sur le nombre de magasin Intermarché dans l’Hexagone : 310 dans les années 80 contre 1832 en 2020. « Entre 1980 et 1990, plus de 1 000 magasins ont ouverts, soit deux par semaine contribuant à transformer la France en gigantesque zone de chalandise. » Au fur et à mesure, les zones commerciales ont vu leur nature et leurs activités se diversifier avec l’arrivée d’espaces de loisirs récréatifs. « L’autre acteur de l’économie de la consommation, c’est le e-commerce qui est passé de 8,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2005 à 112 milliards en 2020. » Le tourisme n’est pas en reste selon l’expert avec une économie récréative qui reconfigure le territoire. A travers de nombreuses cartes extraites de son récent ouvrage « La France sous nos yeux », Jérôme Fourquet a fait ressortir l’inégale désirabilité des territoires qui montre la popularité de certaines régions par rapport à d’autres. En Bourgogne, la ligne Dijon – Beaune reste logiquement la plus attractive. L’évolution de la société passe aussi par une tendance à l’assimilation des cultures étrangères comme en témoigne le nombreux de restaurants Mac Donald en France mais aussi le Japan Expo, 3ème salon le plus visité de France. « Nous sommes dans un pays foncièrement différent du pays dans lequel nous avons grandi. » 

Améliorer les relations

Le second intervenant des rencontres du bâtiment, Nicolas Mohr, directeur général du service des médiateurs de l’entreprise, a présenté sa mission, au service des TPE. « Le médiateur est un dispositif gratuit et public, ouvert à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur problématique. » Chaque année, près de 2 000 médiations sont assurées par la centaine de médiateur du service qui compte 70% de succès. Le médiateur intervient pour résoudre les différends entre des entreprises, clientes et fournisseurs, ou avec des acteurs publics. « Notre objectif est la résolution du différend mais aussi de ramener le dialogue. » Le médiateur des entreprises répond à une seconde mission : transformer les comportements économiques. « Nous avons des dispositifs pour accompagner des relations et des achats plus responsables. » Ainsi, devant des comportements anormaux, le médiateur des entreprises peut être sollicité de façon confidentielle afin qu’il intervienne pour modifier les dits comportements. Les entreprises du bâtiment peuvent ainsi participer à une économie plus responsable en pensant autrement les approvisionnements, les révisions de prix, les délais… avec des engagements de bonnes pratiques. Des comportements que les prochaines rencontres du bâtiment pourraient récompenser d’un parpaing d’or, récompense remise chaque année à des acteurs du secteur, sous la nouvelle présidence d’Emmanuel Chevasson, fraichement élu à cette fonction et qui a conclu ses rencontres en rappelant que le bâtiment représente « 10% de l’activité économique départementale. » 

Nadège Hubert