VOLNAY

Les Volnay Premier Cru renoncent aux herbicides

Les Volnay Premier Cru renoncent aux herbicides

Les viticulteurs cultivant du Volnay Premier Cru s’interdisent désormais le recours aux herbicides, une décision prise lors d’un vote de l’ODG fin février. Ces acteurs de la vigne souhaitent ainsi s’inscrire dans une démarche environnementale en fournissant un effort accessible mais interpellent sur d’autres risques que pourraient impliquer la réglementation.

110 hectares de vignes sont cultivés en Volnay Premier Cru, désormais sans avoir recours aux herbicides. Les membres de l’ODG, l’organisme de défense et de gestion de Volnay, ont en effet voté la suspension de leur utilisation dans leurs parcelles. « Trois quarts de l’appellation premier cru n’étaient plus désherbés » précise Thomas Bouley, président de l’ODG qui complète : « Toutes nos parcelles sont accessibles et donc mécanisables, nous offrant d’autres alternatives aux herbicides tandis que d’autres appellations se cultivent sur des territoires plus pentus et ont d’autres contraintes. » Cette décision répond à plusieurs préoccupations à commencer par les injonctions européennes de réduire voire cesser l’usage des pesticides et produits phytosanitaires. C’est aussi une façon d’intégrer les enjeux environnementaux concernant les sols, la vie microbienne ou encore la qualité de l’eau ainsi que les questions de santé publique. 

Donner l’exemple

Les membres de l’ODG peuvent choisir d’autres options comme le labour au tracteur, le chenillard, le cheval, le treuil… « On peut aussi enherber avec des herbes non concurrentielles avec la vigne mais qui bloquent les mauvaises herbes en occupant l’espace. On peut aussi tondre, débroussailler ou passer le rouleau pour faire un paillage naturel. » Plus pratique, plus rapide et plus économique, les herbicides présentent des avantages auxquels Thomas Bouley oppose la notoriété de l’appellation. « Les vins de Bourgogne ont une plus-value avec un prix de vente de la bouteille qui nous impose d’être dans cette démarche, d’être conforme au prestige attendu. On se doit de donner l’exemple. » Le viticulteur reconnait toutefois que toutes les appellations ne profitent pas du même rayonnement et peuvent plus difficilement s’inscrire dans la démarche. « Nous avons par ailleurs des terroirs en coteaux accessibles sur des sols plus drainants qui facilitent les passages en comparaison au Volnay Village. Les sols sont aussi naturellement plus pauvres donc l’herbe pousse moins. Toutes les conditions sont réunies, on n’a pas d’excuse. » 

Inquiétude viticole

A côté des herbicides que les réglementations visent à éradiquer, les viticulteurs craignent l’arrêt des produits phytosanitaires, y compris biocontrôlés. « Une rumeur circule précisant qu’ils pourraient être interdits à moins de 150 mètres des habitations mais en Bourgogne, les vignes et les maisons se côtoient sur toutes la cote. » Thomas Bouley précise par ailleurs que selon une étude, enlever ne serait ce que dix mètres autour de chaque maison en Bourgogne viticole reviendrait à ôter 1 000 hectares de vigne. « Il n’y a pas d’alternative car aucun traitement et sans traitement, il n’y a pas de récolte même si la météo se montre clémente. » Le mildiou ou encore l’oïdium toucheraient ainsi les récolte et en auraient raison. « La perte serait assurée. » Le viticulteur insiste alors sur les efforts réalisés quant aux herbicides et alerte sur les conséquences de la suppression de l’ensemble des produits phytosanitaires. « On est conscient qu’il faut changer et on fait ce qu’on peut ! » Le viticulteur reconnait qu’il faut repenser certains usages. « Nous devons revenir à la vie du sol avec un couvert végétal comme ça se faisait avant. Le réchauffement climatique oblige à se poser des questions qui doivent intégrer l’aspect économique, pratique ou encore qualitatif. » 

Nadège Hubert