NOLAY

Cleia, des ambitions mais pas assez de candidats

Cleia, des ambitions mais pas assez de candidats

Société d’ingénierie réalisant des usines clés en mains, des lignes process ou inter-process sur-mesure dans différents domaines d’activités, Cleia donne un bel exemple de reprise d’entreprise par des salariés. Depuis Nolay, elle a su se diversifier et répondre à des clients dans le monde entier. Alors qu’elle voudrait poursuivre sur cette voie, elle peine à recruter.

L’histoire commence en 2009. Cleia n’existe pas encore, ses compétences sont alors réunies au sein du groupe Seric, spécialiste des équipements et usines complètes pour les matériaux de construction en terre cuite, en particulier les tuileries et les briqueteries. « Avec la crise des subprimes, le marché s’est effondré et le groupe a choisi de renoncer à ses implantations françaises en les mettant en cessation de paiements » raconte Jérôme Degueurce, directeur général. Refusant la fatalité, avec 46 autres salariés, ils s’unissent pour reprendre l’activité. « Notre savoir-faire était quasi unique en France, nous voulions le garder. » En 2010, Cleia voit le jour à Nolay, sur le site délaissé. Les repreneurs portaient alors l’ambition d’étendre son activité. En plus de concevoir et produire des équipements, ils ont agrégé les compétences nécessaires pour proposer des usines complètes clé en main comme le faisait le groupe.

Ce marché de niche fait alors rayonner l’entreprise de Nolay partout dans le monde puisqu’elle réalise 80% de son chiffre d’affaires de près de 30 millions d’euros à l’international. Cleia répond à des clients désireux de créer une usine reposant sur la terre cuite mais aussi ceux du secteur qui envisagent de s’agrandir, se moderniser, rationaliser, optimiser leur site ou encore de fabriquer un nouveau produit mais aussi réduire leur facture énergétique. « Notre bureau R&D travaille sur des solutions moins énergivores en s’intéressant notamment à l’hydrogène en remplacement du gaz mais nous n’excluons pas l’électrification. » Cleia engage ainsi des centaines de milliers d’euros pour trouver des alternatives aux énergies fossiles. « Nous essayons également d’optimiser le matériel de nos clients pour récupérer la chaleur fatale et ainsi leur faire faire des économies d’énergie. » A titre d’exemple, Cleia est à l’origine des modifications engagées chez son client Terreal, spécialiste des matériaux de construction en terre cuite, à Chagny. 

S’ouvrir de nouveaux horizons

Au fil du temps, Cleia s’est tournée vers d’autres marchés en transposant ses savoir-faire. Si l’activité orientée vers l’industrie de la terre cuite représente toujours 70% de son chiffre d’affaires, les autres activités tendent à prendre de l’importance. Outre les équipements et usines complètes pour les professionnels des matériaux de construction, Cleia conçoit et fabrique des lignes automatisées et robotisées pour l’agroalimentaire, l’automobile ou encore la tôlerie. « Nous n’avons pas de catalogue de machines, nous partons du cahier des charges du client et on conçoit la ligne de production nécessaire. Nous faisons du sur-mesure pour répondre à un besoin spécifique. » Plus de 1 200 robots industriels intégrés sont ainsi sortis de l’usine de Nolay. 

Utiliser les compétences autrement 

Cleia répond par ailleurs aux besoins en intralogistique de production particulier en s’appuyant sur sa connaissance des équipements automatisés dans différents environnements. « Nous intervenons auprès de ceux qui doivent transporter des formes atypiques ou qui ont besoin de machines dans des conditions atypiques comme le chaud ou le froid ou encore un environnement poussiéreux. » Loin de s’arrêter là, Cleia intervient dans le domaine de la thermique industrielle en réalisant des fours et séchoirs industriels pour d’autres secteurs comme la métallurgie. 

Un marché d’avenir

« Un nouveau marché nous semble porteur, celui de la batterie pour véhicules électriques qui utilise la même technologie que celle que nous utilisons pour la terre cuite. » En ce sens, Cleia a récemment rejoint l’association « UPCELL », l’alliance Européenne pour la fabrication de batteries. Malheureusement, alors que les marchés se multiplient et que les clients répondent présents, l’entreprise qui compte désormais 120 salariés, une filiale en Tunisie et une autre à Belfort, se confronte à une problématique de recrutement. « Nous avons dix postes ouverts, des techniciens, des ingénieurs mais pas seulement mais nous peinons à attirer à Nolay. » Entre Beaune et Chalon-sur-Saône, Cleia, qui voit une belle année 2023 se profiler, se retrouve bloquée dans son développement. 

Nadège Hubert