BOURGOGNE

Le vin va devoir se conformer à l’étiquette !

Le vin va devoir se conformer à l’étiquette !

Dès le 8 décembre 2023, le monde viticole devra se plier à une nouvelle réglementation européenne sur l’étiquetage. Comme les autres aliments, les bouteilles devront alors indiquer la liste des ingrédients et la déclaration nutritionnelle du contenu. Une obligation à mettre en place dans un délai qui inquiète la profession.

Combien le vin contient-il de kilocalories ? Bientôt, il pourrait suffire de lire une étiquette sur une bouteille de vin pour le savoir. Encadré par la loi pour protéger les consommateurs, l’étiquetage sur le vin connait une petite révolution, faute à l’Union Européenne. A partir du 8 décembre 2023, les exploitants devront faire apparaître la liste complète des ingrédients et la déclaration nutritionnelle, au même titre qu’un paquet de gâteaux ou de riz. « Présence de sel, de matière grasse, nous allons être logé à la même enseigne alors que le vin bénéficiait d’une exception de longue date car c’est une matière vivante avec une composition instable » souligne Mélanie Grandguillaume, responsable juridique de la Confédération des Appellations et Vignerons de Bourgogne, CAVB. 

Dans l’espoir d’un décalage

En principe, les vins mis en bouteille à partir du 8 décembre devront répondre à cette nouvelle obligation réglementaire. Toutefois, la juriste espère que cette application sera reportée. « Il manque un texte, un acte délégué, qui doit préciser les dernières dispositions. Il était attendu pour juillet 2022 et on nous l’annonce pour juillet 2023. » La profession souhaiterait que la date soit repoussée afin de laisser un délai suffisant aux exploitants pour s’organiser. En effet, la sortie du document tant attendu en plein été, en période de congés estivaux, et aux prémices des vendanges pose plusieurs problèmes. Les imprimeurs seront-ils réactifs pendant cette période où la France vit au ralenti, pourront-ils répondre à toutes les demandes ? Les quantités de matières premières, de papier en particulier, dont le marché connait certaines tensions, seront-elles suffisantes ? Les viticulteurs devront également prévoir un surcoût pour le ré-étiquetage. « Nous avons le sentiment que le terrain n'est pas pris en compte. » 

Une étiquette dématérialisée

Mise à part la valeur énergétique, c’est-à-dire les kilocalories présentes, l’ensemble des informations attendues pourra l’être de façon dématérialisée par l’utilisation d’un QR Code sur la nouvelle étiquette. « Nous espérons qu’il ne faudra pas pousser à des analyses de vin et que l’on pourra se contenter d’une moyenne à afficher quant au sucre contenu par exemple. A défaut, cela va soulever d’autres problématiques. » Mélanie Grandguillaume attire également l’attention sur les coûts engendrés par cette alternative qui obligera au recours à un prestataire numérique. « La dématérialisation engendre un abonnement compris entre 10 et 200 euros par mois selon les solutions. » Pour accompagner au mieux le secteur, le CAVB lance des appels d’offre afin de mutualiser la prestation pour réaliser des économies. 

Une charge mentale et administrative

Source de stress pour les exploitants dans l’attente des directives précises pour sa mise en place, la nouvelle réglementation s’accompagne d’une dimension administrative. « C’est une charge nouvelle pour un métier accablé administrativement. » Dans cette optique, le CAVB accompagne les professionnels du secteur sur la dimension juridique et ne manquera pas d’organiser des réunions pour leur expliquer les changements, leurs tenants et leurs aboutissants. 

Nadège Hubert

Photos BIVB