BOURGOGNE

Avec son projet « Magneto », Jérémy Paris est l’Ironman des nanoparticules

Avec son projet « Magneto », Jérémy Paris est l’Ironman des nanoparticules
Avec son projet « Magneto », Jérémy Paris est l’Ironman des nanoparticules
Avec son projet « Magneto », Jérémy Paris est l’Ironman des nanoparticules
Avec son projet « Magneto », Jérémy Paris est l’Ironman des nanoparticules

Jérémy Paris, dirigeant et fondateur de SONSAS, jeune société dijonnaise spécialisée dans la production de nanoparticules, a reçu ce mardi le prix i-Lab à Paris, ce qui permettra à l’entreprise de bénéficier de financements allant jusqu’à 600 000 €. Info-Beaune a rencontré le chercheur entrepreneur.

En Bourgogne, il n’y a pas que le bon vin et la gastronomie, il faut aujourd’hui compter sur la production de nanoparticules avec SONSAS, entreprise dijonnaise issue de 12 années de recherche. Son fondateur, Jérémy Paris, chercheur scientifique, travaille la matière à l'échelle des atomes pour commercialiser des solutions innovantes. Ces nanoparticules peuvent être utilisées pour des usages très variés comme le diagnostic de maladies, leur traitement, la dépollution des eaux, la fabrication de médicaments...

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Le superpouvoir de SONSAS, créer des nanoparticules magnétiques
Jérémy Paris est lauréat du concours i-Lab, concours national, organisé par Bpifrance, la Banque Publique d’Investissements, qui est une référence dans l’accompagnement des entreprises via l’innovation. Il a reçu le prix mardi au théâtre du Châtelet à Paris parmi 237 autres lauréats. Son projet « Magneto » œuvre dans le domaine de l’infiniment petit. « Il faut imaginer un grain de sable qui, à l’échelle nanométrique, est un million de fois plus petit que la taille d’un cheveu » illustre Jérémy Paris, donnant un autre exemple « une nanoparticule, c'est un peu, en comparaison, la différence entre une orange et la Terre ».
Comme sa référence à Magneto, personnage des XMen de Marvel qui a la capacité de créer de puissants champs magnétiques, le pouvoir de ce superhéros qu’est Jérémy Paris tient dans son innovation. Il greffe à ces nanoparticules (assemblages d’atomes) de l’oxyde de fer dont la spécificité magnétique rend l’ensemble superparamagnétique. Dans cet état, un champ magnétique extérieur peut aimanter les nanoparticules, devenues bifonctionnelles, qui seront utilisées dans la fabrication de médicaments composés de molécules à très haute valeur ajoutée.
Le processus de catalyse « classique » permet d’accélérer des réactions chimiques, voire de les provoquer, en ajoutant un catalyseur, qui est souvent un métal rare et critique. Ces métaux sont très coûteux (tels que le palladium vendu 90 000 €/kg ou le platine), polluants à extraire et situés dans des pays subissant de fortes tensions géopolitiques (Chine, Russie, ...). Ces métaux critiques ne peuvent être utilisés qu’une seule fois. Or, la catalyse est aujourd’hui indispensable pour les industriels des secteurs pharmaceutiques, cosmétiques, électroniques, etc. Jérémy Paris intervient à cette étape « mon savoir-faire réside en la greffe de métaux de fer sur la surface des nanoparticules que je vais pouvoir récupérer et réutiliser jusqu’à 10 fois après qu’elles aient produit une réaction chimique par catalyse ».  De plus, la quantité de métaux requise pour la nanocatalyse est jusqu’à 100 fois moins importante que pour une catalyse « classique ». Cette technologie de rupture s’inscrit donc dans le “green deal” européen et se veut la voie vers une chimie plus verte, plus économique et plus indépendante.
Comme un chef étoilé, le scientifique garde bien secrète sa recette pour assembler les atomes. Comme un plat, il assemble, chauffe, retourne, surveille, refroidit les atomes pour en faire des nanoparticules magnétiques.
Être lauréat du prix i-Lab va ainsi permettre à l’entreprise d’obtenir des financements jusqu’à 600 000 € (il saura le montant en septembre) dans le but de développer cette technologie. Des perspectives comme l’embauche de nouveaux ingénieurs, techniciens de laboratoire ou le déménagement de la structure sur AgrOnov, pépinières d’entreprises à Bretonnière, et sa croissance s’ouvrent donc à la start-up qui souhaite prochainement passer à une production d’envergure industrielle. « Nous voulons passer d’une petite production de laboratoire (200 g à 1 kg produits aujourd’hui) à une production industrielle et concourir d’ici 3 ans à i-Nov qui qui a pour vocation de sélectionner des projets d’innovation au potentiel particulièrement fort pour l’économie française, on passe de l’étape de recherche à celle de production avec à la clé une aide pouvant aller jusqu’à 5 M€. » Le rendez-vous est donc pris.
SONSAS est la seule société à concevoir à fabriquer des nanoparticules sur le sol français, la concurrence se trouve en Suisse, en Allemagne et majoritairement aux Etats-Unis. Un cocorico bourguignon, qui lui vaut bien le titre de superhéros, l’Ironman des nanoparticules.

Jeannette Monarchi

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