BEAUNE

« Seulle étoile : l’élan d’une vocation », les dernières sœurs hospitalières de Beaune immortalisées par le photographe Guillaume Nédellec

« Seulle étoile : l’élan d’une vocation », les dernières sœurs hospitalières de Beaune immortalisées par le photographe Guillaume Nédellec
« Seulle étoile : l’élan d’une vocation », les dernières sœurs hospitalières de Beaune immortalisées par le photographe Guillaume Nédellec
« Seulle étoile : l’élan d’une vocation », les dernières sœurs hospitalières de Beaune immortalisées par le photographe Guillaume Nédellec
« Seulle étoile : l’élan d’une vocation », les dernières sœurs hospitalières de Beaune immortalisées par le photographe Guillaume Nédellec
Portrait de Sœur Louise Duchini, la supérieure générale de la communauté L’exposition « SEULLE ÉTOILE. L’élan d’une vocation » présente les portraits individuels des sœurs de Beaune en cour d’honneur, une sélection de 20 photographies accompagnée d’un diaporama sonore en salle Saint-Nicolas. En regard, des objets ayant appartenu à la congrégation ont été sélectionnés pour retracer l’activité journalière de ces « héroïnes de l’ordinaire » à l’Hôtel-Dieu.

Jusqu’au 30 septembre, le parcours habituel de la visite du musée de l’Hôtel-Dieu de Beaune est agrémenté d’une exposition photographique « Seulle étoile : l‘élan d’une vocation ». Une vingtaine de photos signées de l'auteur-photographe Guillaume Nédellec, met en lumière les œuvres de la communauté des Sœurs hospitalières de l’Hôtel-Dieu à travers les cinq Sœurs encore en vie entre 2019 et 2022.

 « Seulle » est la devise du chancelier Nicolas Rolin, ce mot accompagné de l'étoile signifie que sa femme, Guigone de Salins est la seule dame de ses pensées. L’étoile fait référence à l’astre qui lui montre la voie du salut… Un salut également porté par les sœurs hospitalières mises en lumières par cette exposition. Elle s’offre comme un parcours, pour cheminer aux côtés des sœurs hospitalières, héritières et dépositaires d’une tradition ancrée depuis près de 600 ans, à l’Hôtel-Dieu puis aux Hospices Civils de Beaune. L’exposition « SEULLE ÉTOILE. L’élan d’une vocation » présente les portraits individuels des sœurs de Beaune en cour d’honneur, une sélection de 20 photographies accompagnée d’un diaporama sonore, émouvant témoignage de siècles d’engagement, en salle Saint-Nicolas. En regard, des objets ayant appartenu à la congrégation ont été sélectionnés pour retracer l’activité journalière de ces « héroïnes de l’ordinaire » à l’Hôtel-Dieu.
Cette thématique 2023 de l’Hospitalité permet de retrouver tout le sens du lieu avec la présence des sœurs hospitalières. Ce projet d’exposition témoigne tout autant du passé, du présent que de l’avenir des sœurs hospitalières, de ces femmes qui ont fait le choix d’une vie différente : une vie dédiée aux malades au sein d’« un palais pour les pôvres ». C’est ainsi que l’avaient imaginé le chancelier du duc de Bourgogne Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins en fondant l’institution charitable de l’Hôtel-Dieu, en 1443, qu’ils confièrent aux bons soins des Dames Hospitalières. Les postulantes qui se présentent à la porte de l’Hôtel-Dieu ne sont pas « des pauvres servantes » : ce sont des filles de familles fortunées, nobles ou notables. Ces jeunes filles destinées par leur naissance à une vie confortable font donc le choix de la pauvreté, de l’obéissance et de la chasteté lorsqu’elles prennent le tablier qui symbolise le service des pauvres. Nicolas Rolin n’a pas voulu de sœurs cloîtrées ni de vœux perpétuels : elles peuvent quitter la vie hospitalière pour des motifs sérieux. Quelques-unes le feront. Ce n’est qu’en 1939 que l’autorité ecclésiastique exigera la prononciation de vœux perpétuels. En 1984, Sœur Louise Duchini, la supérieure générale de la communauté, repense les règles pour revenir à l’esprit premier du fondateur Rolin. Depuis 1968, plus aucune sœur n’a rejoint la Communauté.

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Portrait collectif De gauche à droite, au 1er plan, Sœur Marguerite-Marie Pannard et Sœur Alberte Leblanc ; au 2d plan, Sœur Madeleine Chamard, Sœur Marie-Josette Le Clainche et Sœur Louise Duchini.

Une communauté vouée à disparaître ?
Depuis 1968, plus aucune sœur n’a rejoint la Communauté. Aujourd’hui, seules quatre sœurs sont encore vivantes - elles ont perdu une des leurs en 2021 - mais âgées. Sœur Louise Duchini, la supérieure générale, s’occupe de ses trois Sœurs résidant aujourd’hui en Ehpad. La communauté des vivants s’éteindra avec leur décès mais pas dans l’église puisque l’extinction n’interviendra que 100 ans après le décès de la dernière sœur. Sœur Louise Duchini a ce sentiment de travail accompli et laisse la destinée de la communauté « dans les mains de Dieu, nous avons fait ce pour quoi nous avons embrassé cette communauté ».
Sandrine Allard-Saint-Albin, responsable de l’Hôtel-Dieu, rappelle que ces sœurs « ont eu comme richesse leur humanité, leur foi et l’espérance. Elles partent sereines en sachant que l’avenir de la communauté ne leur appartient pas ».
Le photographe Guillaume Nédellec, un breton installé à Chambery, est le neveu par alliance de Sœur Louise Duchini, la supérieure générale de la Communauté, qui est en retraite depuis 2006. Son épouse lui demande s’il peut faire le portrait de sa tante, et l’idée lui vient de réaliser un ultime témoignage de la vie de ces femmes qui pendant six siècles ont été en activité à Beaune.
En réalisant cette œuvre documentaire entre 2019 et 2022, Guillaume Nédellec a immédiatement été touché par le sens de la vocation des sœurs, leur don à l’autre, qu’il soit humain ou spirituel. Lors de ses différents séjours, il a tenté de comprendre leur chemin de vie, leur engagement et leur foi. Il s’est laissé guider par leurs conversations, par les lieux qu’elles ont fréquentés ou occupent encore, d’où émanent toujours autant de vibrations. Au cours de ces rencontres, l’auteur-photographe a pris des notes, enregistré les échanges et consigné cette histoire, vieille de près de six siècles.
Chaque vitrine possède sa thématique en regard des photos : évocation de la salle à manger, la prière associée aux soins illustrés par un tabernacle, boîte à hosties, les missions en Afrique, le tableau à clés, la chambre photo argentique avec laquelle le photographe a immortalisé les sœurs.
Chaque objet a été sélectionné par Bruno Laurent, chargé des collections « des objets du quotidien des sœurs qui illustrent leur vie dans leur intimité ». Ces objets simples comme de la vaisselle, livres religieux ou non, costumes d’infirmières, meubles… ont été donnés par les sœurs au moment de leur déménagement en 2019 de l’ancien couvent des Cordeliers (jusqu’en 1965, elles étaient logées dans l’Hôtel Dieu). Une vitrine contient un « doudou » dont l’histoire est émouvante : confectionné dans du drap venu en surplus des camps américains, il a été donné en 1944 à Jean-René Bachelet par une sœur émue par le sort de ce petit garçon de 6 mois accompagnant sa mère frappée par la diphtérie et orphelin de père tombé au combat. Il l’a accompagné jusqu’à sa 10e année…

Jeannette Monarchi

Hôtel-Dieu - Hospices Civils de Beaune jusqu’30 septembre
Exposition incluse dans le billet d’entrée
Accessible tous les jours, 9 h-19 h 30

Fermeture de la billetterie à 18 h 30
Plein tarif : 12 € - Tarif réduit : 8 € - Tarif Jeunes : 4 €