CÔTE D'OR

A Saint-Jean-de-Losne, VNF poursuit son expérimentation pour lutter contre la prolifération du Myriophylle hétérophylle, une plante exotique envahissante

A Saint-Jean-de-Losne, VNF poursuit son expérimentation pour lutter contre la prolifération du Myriophylle hétérophylle, une plante exotique envahissante

Depuis plusieurs années la gare d'eau de Saint-Jean-de-Losne est envahie par le Myriophylle Hétérophylle. VNF a lancé en 2022 une expérimentation autour de l'utilisation de biotraitement combiné avec 3 techniques complémentaires : aération, brassage et colorimétrie. Les premiers résultats mettent en avant un ralentissement du développement de la plante. Il a été décidé de poursuivre l’expérimentation une deuxième année.

Véritable cauchemar aquatique qui a envahi les canaux de nombreux départements, le Myriophylle hétérophylle est devenu incontrôlable. Originaire du sud-est des USA, cette plante exotique aquatique envahissante (et non une algue) vendue comme décoration d'aquarium s'est un jour retrouvée dans un cours d'eau…  Et c'est là que les problèmes ont commencé. Comme toute espèce introduite, il déséquilibre le milieu naturel. 
Premier port fluvial de plaisance en France, Saint-Jean-de-Losne est entièrement envahi depuis plusieurs années par cette plante dont la pousse peut atteindre 30 cm par semaine et qui se reproduit essentiellement par bouturage. Elle gêne la navigation et nuit à la biodiversité en menaçant au passage d’asphyxie les autres espèces végétales. Il devenait urgent de tester de nouvelles solutions de traitement et de prévention, le simple faucardage (coupe et ramassage) réalisé de façon régulière s’avère coûteux et surtout inefficace pour éradiquer durablement les plantes.
Pour lutter contre cette plante exotique, Voies Navigables de France et ses partenaires ont lancé en mars 2022 une expérimentation combinant 4 techniques de lutte : un biotraitement, un dispositif de rideaux de bulles, des systèmes d’aération et de brassage d’eau et un inhibiteur de photosynthèse. 
 
Les effets sur l’activité nautique
Le myriophylle hétérophylle encrasse les filtres de moteurs et les prises d’eau des bateaux, ce qui génère des casses. En 2019, des professionnels de la Gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne se sont regroupés en GIE « Green cut » (Groupement d’Intérêt Économique) pour travailler en concertation avec VNF et la Communauté de Communes, Rives de Saône pour assurer l’entretien du site naturel, éviter ces désagréments et maintenir la navigation grâce au faucardage des plantes aquatiques.

 

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Une action globale dans la lutte contre le Myriophylle
Pour avoir un maximum d’efficacité sur la plante et rééquilibrer le milieu aquatique, le principe retenu consiste, en plus du faucardage profond et hivernal ce qui limite les dégâts au printemps, à combiner un bio-traitement avec trois techniques complémentaires.
Des micro-organismes bénéfiques sont épandus une fois par mois de mars à octobre pour priver le myriophylle de nutriments, tels que l’azote ou le phosphore, présents dans les sédiments et dans la colonne d’eau. Naturels et non dangereux pour l’environnement et la santé, ils ont été auparavant soigneusement sélectionnés et testés en laboratoire sur des échantillons de vase prélevés in situ. Des analyses régulières de sédiments et de l’eau sont réalisées afin d’adapter au mieux les concentrations et la fréquence d’application des micro-organismes.
Un dispositif de 3 rideaux de bulles a été disposé à l’entrée du port pour l’isoler de la Saône et éviter que les boutures de plantes migrent et contaminent la rivière ; un système d’aération et de brassage d’eau a été installé pour favoriser le développement des bactéries bénéfiques et limiter la croissance de la plante ; un inhibiteur de photosynthèse est diffusé dans l’eau qui a pris une couleur particulière d'un bleu profond. Colorant naturel, il renvoie 40 % des rayons du soleil grâce à son effet miroir. Sans lumière la plante s’affaiblit et son expansion est limitée.
L’expérimentation fait l’objet d’un suivi scientifique rigoureux en lien avec le laboratoire interdisciplinaire des environnements continentaux (LIEC) du CNRS de Lorraine.
 
Une initiative partenariale
D’un coût estimé à près de 200 000 €, cette initiative innovante portée par VNF a reçu le soutien financier de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
VNF a associé et fédéré de nombreux acteurs sur ce dossier notamment les professionnels de la gare d’eau, la CCI de la Côte-d’Or, les collectivités territoriales (la région Bourgogne-Franche-Comté, le département de la Côte-d’Or, le Pays Beaunois, la Communauté de Communes Rives de Saône et les mairies de Saint-Jean-de-Losne et de Saint-Usage et Saint-Symphorien-sur-Saône), l’EPTB Saône Doubs et les différents services de l’État (Office Français de la Biodiversité, les DREAL Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne Franche Comté, la DDT 21) tous membres du comité de pilotage présidé par la sous-préfecture de Beaune.
Si les résultats de l’expérimentation s’avèrent concluants, cette solution associant le bio traitement à d’autres techniques pourrait être testée et adaptée aux autres parties du réseau navigable touchées notamment en Centre-Bourgogne et en Nord-Est et s’étendre au niveau national.

Jeannette Monarchi

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