CÔTE D'OR

Le 1er « village des vendangeurs » accueillera dès lundi 70 saisonniers sur un terrain privé à Morey-Saint-Denis

Le 1er « village des vendangeurs » accueillera dès lundi 70 saisonniers sur un terrain privé à Morey-Saint-Denis
La convention liant l’État, la CAVB et les communes de Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin et Morey-Saint-Denis, a été signée ce mardi matin.

Une solution expérimentale d’hébergement gérée par Mountain Farm, domaine agricole à Morey-Saint-Denis, sera mise en œuvre à compter de ce lundi 11 septembre grâce au soutien de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) et les communes de Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin et Morey-Saint-Denis. L’État apporte son appui à hauteur de 23 425 € à l’occasion des vendanges 2023. La convention a été signée ce mardi matin.

Alors que le temps des premiers coups de sécateurs est venu sur la Côte de Beaune, la problématique de l’hébergement des vendangeurs est cette année encore d’actualité. Depuis 2022, la CAVB présidée par Thiébault Huber s’est emparée du sujet « pour trouver une solution humaine et la moins chère possible pour les vendangeurs ». Cependant, beaucoup de maires et de domaines restent fermés à la mise en commun de structures d’accueil décentes du fait du coût que cela engendre. La réflexion s’est engagée entre la CAVB et les services de l’État, comme Pôle emploi pour le recrutement, mais aussi avec la préfecture de Dijon et la sous-préfecture de Beaune.
Et Euréka, une solution s’est offerte par la voie d’un domaine agricole privé situé à Morey-Saint-Denis. Fréquemment sollicité par des vendangeurs, Samuel Lenoir de Mountain Farm avait déjà imaginé se lancer dans cette proposition d’hébergements. Face à l’investissement important et les risques financiers, il n’avait pas osé franchir le pas seul. Il y a quinze jours, Samuel Lenoir a obtenu le soutien de la CAVB qui se porte caution pour la structure, des trois communes (Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin et Morey-Saint-Denis) et de l’État avec une aide financière de 23 425 €. Cette mise à disposition permettra d’afficher une nuitée à 8 € pour les vendangeurs, - public souvent en grande précarité – alors que les prix normalement pratiqués varient de 25 à 30 €. Un partenariat privé-public qui permettra d’amortir les risques financiers. Le paiement sera assuré par le vendangeur qui aura au préalable réservé son emplacement, et les recettes seront reversées à la CAVB.

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70 places au « Village des vendangeurs 2023 »
Sur un terrain de 150 ha en pleine campagne à Morey-Saint-Denis mais bien desservi par des infrastructures routières, le « Village des Vendangeurs » sera opérationnel du lundi 11 au lundi 25 septembre - avec possibilité d’étendre en fonction du décalage de certaines vendanges notamment en Côtes de Nuits. Cette zone d’accueil éphémère est sécurisée et équipée des infrastructures indispensables avec deux vastes espaces dédiés aux tentes et un emplacement pour des véhicules aménagés, deux blocs sanitaires pour six douches avec eau chaude, électricité…  Un poste de contrôle sera positionné à l’entrée et une société de gardiennage assurera des veilles de 20 h à 6 h pour garantir la sécurité de la population accueillie. Les collectivités partenaires ont mis à disposition des chapiteaux qui serviront de lieux de restauration et de vestiaires en cas de pluie. Un kit d’hébergement complet (tente, matelas et duvet) pourra être loué pour 4 à 5 €.
« On ne peut tolérer que des personnes vivent et dorment pendant plusieurs jours sous des tentes sauvages voire dans une voiture, dans des conditions plus que précaires sans hygiène et ce pas loin de domaines mondialement connus ! C’est inhumain » lâche Jean-Luc Rosier, maire de Morey-Saint-Denis. Sensible à ces problèmes de promiscuité de personnes fragiles, il s’est rapproché de ses collègues maires de Chambolle-Musigny et Gevrey-Chambertin et tous se sont investis dans cette expérimentation.
Les vendangeurs travaillant principalement sur ces trois communes, souhaitant utiliser leur matériel de camping mais n’ayant pas trouvé d’endroit approprié, seront les bienvenus.
Cette initiative est financée à 80 % cette année par l’État à titre de test, qui par la voix de Franck Robine, préfet, a déjà annoncé son soutien pour 2024 « le mot d’ordre est à la mobilisation, puisque la filière est un élément économique majeur en Côte d’Or avec 45 000 emplois permanents et de 25 à 28 000 vendangeurs, c’est dire l’ampleur du défi ».
 
Un premier projet pilote à pérenniser
Après cette période de test, un bilan sera posé avec pour ambition d’augmenter la capacité d’accueil à 150 places en 2024 puis 200 en 2025. « Ce projet pilote avec toutes les commodités est une première en Bourgogne et même en France. Il a vu le jour grâce à des maires qui ont joué le jeu et à l’appui de l’État » résumait Thiébault Huber. Tous souhaitent qu’une structure pérenne voit le jour sur du long terme et que cette expérimentation fasse des émules en Bourgogne en inspirant les vignerons à prendre à leur compte un tel village dans un avenir proche.
Le Préfet a assuré qu’il ne tolèrera pas des actions de certains professionnels « voyous » qui accueilleront des saisonniers dans des conditions illégales et non adaptées « je mobiliserai les services de l’État (police, gendarmerie, inspection du travail) » comme il a eu déjà l’occasion par deux fois le matin même de le faire. « Cette opération est un signal fort à l’ensemble des acteurs privés ou responsables publics qui pourra leur donner des idées comme la création de gîtes communaux… un signal nécessaire pour l’image des grands vins de Bourgogne. »

Jeannette Monarchi