Sylvain Naulin, nouveau directeur du BIVB - « Je suis au service des ambitions de la profession, qui sont à la hauteur des exigences des vins de Bourgogne »

Sylvain Naulin, nouveau directeur du BIVB - « Je suis au service des ambitions de la profession, qui sont à la hauteur des exigences des vins de Bourgogne »

Arrivé en juillet dernier à la tête de la direction du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), Sylvain Naulin appréhende avec sérénité les différents défis qui attendent l’interprofession en matière de neutralité carbone, de pérennité du vignoble et de montée en puissance du réseau de Cités des Climats et vins de Bourgogne. Info-Beaune l'a rencontré.

Ingénieur agronome de formation, passé par le ministère de l’Agriculture, Sylvain Naulin est le nouveau directeur général du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB, lire par ailleurs) Il succède à Christian Vanier, qui a fait valoir ses droits à la retraite après six années en poste.  Sylvain Naulin n’est pas novice en la matière puisqu’il a assumé auparavant les mêmes responsabilités au sein d’Interloire, depuis 2016. Il est le chef d’orchestre qui va mettre en musique les décisions et les orientations politiques insufflées par les membres professionnels élus, sous la coprésidence de François Labet et Laurent Delaunay.
 
Depuis votre arrivée, sur quoi avez-vous concentré vos actions ? Avez-vous eu le temps de prendre vos marques ?
J’ai rencontré une partie des professionnels, cela m’a donné l’occasion de faire le tour des trois territoires de vignobles et notamment d’effectuer les visites de pré-vendanges. J’ai surtout écouté le ressenti des professionnels sur la façon dont les vendanges s’annoncent.  Mais il est un peu tôt pour dire que j’ai pris mes marques. Je suis en phase d’exploration et je prendrai le temps de m’approprier les missions de cette belle maison Bourgogne. Je connais déjà le Sud pour avoir exercé durant 3 ans à la Direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt à Mâcon) comme responsable du suivi de la filière vitivinicole, et je prends aujourd’hui plaisir à découvrir le Nord.
 
Quelle est votre feuille de route ?
Mon cadre d’intervention a été défini par les professionnels et les élus. Ma feuille de route est simple sur le papier, mais les ambitions sont à la hauteur des exigences des vins de Bourgogne. Elle repose sur trois axes de travail. Le premier est de trouver comment on arrive à sécuriser notre production, à gommer les aléas climatiques pour avoir une production la plus constante possible à un niveau qui permet d’alimenter le marché sans surévaluer ou sous-évaluer les quantités. Diverses actions sont menées dans ce sens notamment avec le pôle Technique et Qualité qui a pour but d’améliorer la qualité des vins de Bourgogne et le Pôle Marchés et Développement qui vise à cerner au mieux les marchés de la Bourgogne pour affiner la stratégie de communication de l’Interprofession, tout en aidant les entreprises dans leur approche commerciale.
L’autre mission est la mise en place dès cet automne du Plan Carbone 2035 de la Bourgogne. Des groupes de travail constitués de professionnels vont décider des actions que nous pouvons mettre en place au niveau collectif. Nous disposons d’une cinquantaine d’actions* compilées qui nécessitent l’adhésion de chaque viticulteur pour suivre l’évolution et voir quels indicateurs fonctionnent… Mais également au niveau individuel, se basant sur la volonté des professionnels pour faire en sorte d’atténuer les effets sur le changement climatique par une diminution de l’empreinte carbone des cultures.

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Enfin, le dernier chantier et le plus visible consiste en la mise en œuvre de la montée en puissance du réseau de la Cité des Climats et des Vins de Bourgogne dont 2023 a été l’année inaugurale des trois sites (Beaune, Chablis et Mâcon). Le bilan quant à la fréquentation sera posé en fin d’année à l’assemblée générale du 15 décembre, en sachant que l’année test sera réellement 2024 (année pleine). Après cette phase de lancement, la communication auprès des opérateurs de tourismes mais aussi des viticulteurs doit prendre sa vitesse de croisière pour assurer le développement de cet outil, qui représente un gros investissement de la filière (22 M€). La Cité joue son rôle de porte d’entrée de la filière dont les vignobles doivent s’approprier, nous renvoyer des visiteurs et participer à faire vivre ce lieu.
 
Quels sont les retours sur le millésime qui s’annonce avec les vendanges ?
Chaque opérateur est responsable de sa date de vendanges. Elles ont déjà commencé pour le blanc en début de semaine, un peu en amont pour le Crémant dans le Mâconnais et le rouge en fin de semaine ou début de semaine prochaine. Cette année, les conditions sont idéales avec cette semaine belle et chaude et des nuits fraîches. Le ressenti est positif avec quelques petites inquiétudes malgré tout du fait d’une météo chaotique cet été - – alternance de grosses chaleurs, pluie, grêle, fraîcheur - qui n’a pas aidé mais qui n’aura pas de grosses conséquences à l’échelle globale. Le millésime s’annonce prometteur. Pour la 2e année, la quantité sera intéressante avec le retour à des volumes normaux et la qualité sera bien présente, tout le monde est plutôt content.

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Quel est le rôle du BIVB dans la tenue des vendanges ?
Le BIVB mène des campagnes avant les vendanges avec le conseil d’administration et le réseau pour suivre l’évolution du millésime. Nous assurons une veille technique hebdomadaire sur l’évolution de la vigne (maturité et maladie) selon des remontées terrain des équipes locales et de notre réseau de parcelles témoins, pour ne pas comparer des choux et des carottes. Ces données sont compilées et analysées par le centre technique de Beaune du BIVB, qu’elle met ensuite à disposition des opérateurs pour qu’ils puissent déterminer leurs dates de vendanges, même si la première indication reste leurs observations. Ces bulletins de pré-vendanges sont juste un outil d’aide à la décision
Nous venons également en appui sur des problématiques d’emploi et d’hébergement des vendangeurs. C’est un sujet sensible : comment trouver de la main d’œuvre et dans quelle condition leur assurer un logement.

Jeannette Monarchi

*Exemples d’actions : agir sur les impacts des emballages qui sont une des principales sources d’émission de CO2, d’alléger le poids des bouteilles, réemployer les bouteilles, favoriser les transports bas carbone, utiliser des énergies alternatives, réduire l’usage d’intrants (énergie, engrais, matériel), enherbement…