CULTURE

Beaune – Gilles Platret, maire de Chalon et historien, dédicacera « J’ai grandi sur la ligne de démarcation » ce vendredi 8 décembre à la FNAC

Beaune – Gilles Platret, maire de Chalon et historien, dédicacera « J’ai grandi sur la ligne de démarcation » ce vendredi 8 décembre à la FNAC

Quelle excellente idée ont eu Gilles Platret, maire de Chalon sur Saône, historien, et sa mère Denise, en décidant de coucher sur le papier le fruit de leurs discussions, dont l’origine peut sembler banale à priori, mais que beaucoup d’entre-nous pratiquons, lorsque l’on se retrouve en famille ou entre amis, en évoquant des souvenirs qui ravivent la mémoire.

Pendant près de trois ans, Gilles Platret a recueilli et retranscrit les souvenirs de sa mère, sur ses jeunes années en partant d’un fait réel : l’incendie du hameau des Ponts sur la commune de Granges, le 25 aout 1944 par les allemands. La Résistance avait combattu l’envahisseur dans ce hameau, deux résistants ont été tué et les habitants avaient dû quitter les lieux la veille au soir. Ce que fit la maman de Gilles Platret avec toute sa famille.
« Un évènement qui a marqué et dont on parlait régulièrement dans la famille. Longtemps j’en ai parlé avec ma mère et je n’arrivais pas à mettre les choses noir sur blanc. C’est la crainte de voir nos ainés ne pas passer la crise épidémique du Covid, qui a accentué les choses. Le second confinement passé, j’ai posé mon Dictaphone sur la table de la cuisine et on a commencé à parler de la guerre, le sujet c’est ensuite porté sur la famille, la vie agricole. Un dialogue simple sur le plan humain entre une mère et son fils. Sans oublier mon père qui apportait son vécu dans un autre contexte, puisqu’il était en Bresse à cette époque » souligne Gilles Platret avec une in contestable émotion.

La ligne de démarcation
Il est bon de rappeler les raisons de cette aventure d’écriture. De 1940 à 1943, les Allemands avaient imposé une ligne démarquant la zone occupée et la zone dite libre. Cette ligne passait par Chalon sur Saône, et traçait vers l’Ouest en empruntant les routes ou rivières. Granges n’a pas été épargné, sinon que la commune était sur les deux zones, et la ligne traversait la propriété des parents de Denise Drillien, à l’époque, née en 1933.
De toute évidence cet épisode de notre histoire ne pouvait que marquer l’esprit d’une enfant de 7 ans. Inutile de dire comment cela peut rester dans une mémoire juvénile, qui, au fur et à mesure de l’éveil de ses souvenirs, feront que Denise Drillien, ressortira ses cahiers d’écolières, conservés malgré tout, et dans lesquels soigneusement consignées, figuraient des rédactions écrites à la plume Sergent-Major. Ensuite sont sortis des photos de famille, des objets du quotidien ou des outils agricoles.
 

Un livre témoignage
Le résultat de tous ces instants de partage, de discussions, de collectages a fait, comme précise Gilles Platret : « Que nous sommes passés de la guerre, au monde rural, et cette ligne de démarcation imposée par l’occupant, nous a permis de construire cet ouvrage de l’avant et de l’après guerre. Un livre qui commence dans les années 1930 avec quelques souvenirs des grands-parents et jusqu’en 1960. C’est à dire à la fois la guerre et l’évolution du monde rural . »  
Effectivement ce livre est très riche par son texte et par ses illustrations. Ce sont 376 pages et plus de 1000 illustrations. Il raconte comment le progrès s’installe et transforme la vie quotidienne. Cette télé qui va tuer les veillées qui permettaient une transmission orale certes, mais étaient un élément extraordinaire du monde rural. Pour Gilles Platret : « Ces moissonneuses batteuses qui vont tuer les batteuses qui étaient le moment le plus communautaires, que j’appelle les vendanges céréalières, car c’était le grand moment de la joie après les moissons ou l’on battait le blé et tout le monde s’entre-aidait. »

Tel un devoir de mémoire
Un très beau livre qui retrace la mémoire d’une famille paysanne française des années 1930 à 1960, qui permet indéniablement de faire resurgir des mémoires des traditions ancestrales, des actes de la vie quotidienne d’une époque certes mais dont on ne peut que s’enrichir aujourd’hui. Un support historique indéniable pour la région Bourgogne et le Chalonnais en particulier. Il ravive la mémoire de celles et ceux qui ont vécu cette période, mais aussi qui apporte à des plus jeunes une base de réflexion, voire de méditation sur la transmission familiale afin de ne pas laisser dans l’oubli un passé souvent riche de ses leçons, pour ne pas perdre de vue nos origines, base de la culture propre d’une Nation, d’une région.

JC Reynaud

Pour se procurer «  J’ai grandi sur la ligne de démarcation »
376 pages, format 21 x2 8cm, couverture cartonnée
Plus de 1000 illustrations ; 37 € TTC
Sur le site internet payement en ligne ou à la FNAC.

Présentation publique ce vendredi 8 décembre, de 14 h à 17 h 30 : dédicace à la FNAC de Beaune Galerie Guigone de Salins 20 Avenue du Lac