BOURGOGNE

Ouverture de la session plénière au Conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté : Un panorama des positions politiques

Ouverture de la session plénière au Conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté : Un panorama des positions politiques

Ce mercredi matin, l'ouverture de la session plénière du Conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté a été marquée par les traditionnelles prises de parole des groupes politiques, offrant un large spectre de perspectives sur des sujets cruciaux tels la crise agricole, la gestion des fonds européens et les orientations budgétaires pour 2024.

De la commémoration des tragédies récentes à l'examen critique des politiques agricoles et écologiques, les interventions ont reflété la diversité des visions et des préoccupations au sein du conseil, posant le décor pour un débat approfondi sur le futur budget et les priorités régionales.

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Julien Odoul interpelle le Conseil régional : Hommage, crise agricole et enjeux budgétaires
Julien Odoul, président du Groupe Rassemblement national, a pris la parole lors de la séance pour exprimer son soutien à l'hommage rendu aux 42 compatriotes tués dans les actes terroristes du Hamas. Pour lui, cette commémoration revêt une grande importance, bien qu'il déplore qu'elle intervienne tardivement, quatre mois après les événements. Il a également regretté le climat de haine envers les juifs, alimenté par certains discours.
Revenant sur la crise agricole qui sévit, Julien Odoul a rappelé que « ce malheur n'est pas nouveau, soulignant le dévouement des agriculteurs », qui ont été sollicités pour fournir des efforts considérables après la Seconde Guerre mondiale. Il a critiqué l'idéologie européenne qui, selon lui, entrave la profession agricole en réduisant sa production, et a accusé les écologistes d'avoir dicté des politiques préjudiciables à leur égard.
Concernant la gestion des fonds FAEDER par la région, Julien Odoul a déploré un certain « amateurisme de la part de l'exécutif », soulignant le manque de progrès en neuf ans. Il a également demandé des mesures pour favoriser la production locale, notamment en réclamant la mise en place d'un approvisionnement à 100 % en viande et légumes dans les cantines.
Enfin, Julien Odoul a critiqué les orientations de la politique budgétaire régionale, qu'il qualifie de "budget de matraquage", accusant l'exécutif de mener une politique anti-social pour un parti socialiste « préjudiciable au pouvoir d'achat et aux conditions sociales », particulièrement en période d'inflation.

2

Gilles Platret critique la gestion régionale et ses impacts sur l'agriculture et le budget
Gilles Platret, président du groupe Rassemblement des Républicains de la Droite, du Centre et des Écologistes Indépendants, a exprimé son inquiétude face à la situation des agriculteurs, ressentant un abandon de la part du gouvernement. Il a critiqué les décisions prises par la région, qu'il juge « guidées par une idéologie plutôt que par le pragmatisme », avec une mise en avant d'une écologie transversale dans chaque décision qui, selon lui, complique l'exercice de leurs missions de manière injuste et pénalise surtout les plus modestes. Il a souligné le coût plus élevé des produits bio et les charges supplémentaires imposées aux entreprises.
Gilles Platret appelle à une approche plus pragmatique, notamment en définissant des zones où le loup serait interdit, pour simplifier la gestion des projets et orienter les décisions futures.
Abordant le sujet du budget, il a critiqué la présentation d'un budget soi-disant maîtrisé par la région, pointant du doigt une stratégie financière qui manque de rigueur, avec un endettement doublé. Il a remis en question la gestion financière de la région, évoquant des charges accrues pour les citoyens, notamment l'augmentation des tarifs de cantine de plus de 10,5 % en deux ans, ainsi que les coûts des cartes grises et la tarification des TER. Pour lui, « la mission principale de la région devrait être de protéger les citoyens plutôt que de les surtaxer ».

3

Denis Thuriot évoque les défis de l'année 2024
Denis Thuriot, président du groupe Elus Progressistes, a souligné que l'année 2024 marquait une période de reprise, avec la réouverture des programmes d'intervention. Il adopte une position nuancée concernant les augmentations qui pourraient impacter le pouvoir d'achat.
Abordant la crise agricole, Denis Thuriot a rappelé que la Bourgogne Franche-Comté était la première région agricole de France, une distinction qui les honore mais qui les oblige également. Il a exprimé sa compréhension face à la colère des agriculteurs et a souligné la solidarité de son groupe à leur égard, rejetant toute récupération politique, y compris les discours extrémistes du Rassemblement national, faisant allusion à la remarque ironique de Julien Odoul sur le suicide des agriculteurs. Denis Thuriot prône une agriculture plus équitable pour tous, dans tous les domaines.

4

Claire Mallard prône une urgence écologique
Claire Mallard, présidente du Groupe Ecologistes et Solidaires, a souligné l'urgence d'affronter les défis écologiques tout en gérant le coût de la vie. Selon elle, les actions menées ces sept dernières années en matière d'écologie surpassent les efforts des trois décennies précédentes. Elle a appelé à une prise en compte humaine approfondie pour renforcer le sentiment d'une destinée commune. Claire Mallard a critiqué l'utilisation de l'écologie comme bouc émissaire dans la crise agricole actuelle, la comparant au scandale de l'amiante, un drame du passé dont les leçons n'ont pas été retenues. Son groupe soutient les initiatives en faveur de l'agriculture biologique tout en reconnaissant qu'« il reste beaucoup à faire pour avancer ».

5

Muriel Ternant pointe du doigt les responsables de la crise agricole
Muriel Ternant, représentante du groupe des élus communistes et républicains, a attribué la crise agricole aux mécanismes de profit des filières agroalimentaires et des banques, qui captent la valeur ajoutée au détriment des agriculteurs. Elle critique le modèle agricole dominant et a appelé à un vaste débat public sur l'avenir de l'agriculture en Bourgogne, en quête de solutions alternatives et durables.

6

Jérôme Durain critique la politique nationale et défend le bilan régional
Jérôme Durain, président du groupe de la majorité « Notre Région par cœur », a dressé un constat critique de la politique nationale, déplorant le décalage entre les mesures gouvernementales et la réalité du terrain. Il a pointé du doigt des sujets tels que la loi sur l'immigration, qu'il estime en rupture avec les valeurs républicaines, ainsi que la Trumpisation des esprits. Jérôme Durain a également abordé des questions liées à l'éducation, aux retraites, à la crise du logement et à la transition écologique, « soulignant l'engagement constructif de la région pour favoriser la formation, la création d'emploi et l'entrepreneuriat ».
Concernant la crise agricole, Jérôme Durain a salué les actions du gouvernement qui ont « en partie » calmer la crise tout en notant que des problèmes persistent, dénonçant la "récupération politique" du Rassemblement national. Il a critiqué la "démagogie et l'indécence" des propos de Julien Odoul, notamment sur la question de l'antisémitisme « c’est honteux pour ceux qui ont de la mémoire », et a souligné que la région soutient les agriculteurs de manière constante.
Quant au budget, Jérôme Durain l'a présenté comme « clair, ambitieux, avec un endettement maîtrisé et des investissements soutenus ». Il a rappelé les difficultés en matière de recettes et a encouragé « à se battre pour des ressources plus décentes pour la région ». Il a souligné que les engagements ont été tenus dans plusieurs domaines, notamment l'éducation et la transition énergétique. Il a mis en garde contre le populisme et l'opposition idéologique stérile, affirmant que « la majorité régionale a un cap clair et que ce budget vise à soutenir les habitants de Bourgogne-Franche-Comté pour un avenir prospère et une transition écologique réussie ».

Jeannette Monarchi