BOURGOGNE

Paroles de femmes

Paroles de femmes

A l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Franck Robine, préfet de Côte-d’Or, et Marie-Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, ont été à la rencontre de femmes dirigeantes ou à haut niveau de responsabilité du territoire. Ces échanges ont eu lieu au sein de l’entreprise Lasertec à Arceau, reprise par Frédérique Le Floch en janvier 2022.

« Ici, on n’a pas d’autre choix que d’y arriver ! » Cette phrase adressée par Frédérique Le Floch au préfet Franck Robine traduit le caractère tenace de la dirigeante. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le représentant de l’Etat s’est rendu avec Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional, dans l’entreprise Lasertec à Arceau. Plus qu’une visite des ateliers de cette société spécialisée dans le découpage et le marquage laser, ce moment a permis de rappeler que les femmes ne représentent qu’un tiers des créateurs et repreneurs d’entreprises. Ce chiffre tombe à 6 % dans les métiers techniques ou technologiques. « C’est absurde et cela n’a aucune justification. Nous devons donner un coup de projecteur au sujet pour susciter un engouement des femmes pour l’entrepreneuriat » a insisté Franck Robine. « Les choses s’améliorent grâce aux politiques publiques que nous mettons en place dans ce domaine mais une femme qui entreprend et réussit reste encore une pionnière quand ce mot n’est pas utilisé s’il s’agit d’un homme » a complété Marie-Guite Dufay.

Transformer le sexisme sociétal en anecdote
Après une démonstration des différents équipements de Lasertec, le préfet et la présidente du Conseil régional ont pris le temps d’échanger avec plusieurs femmes occupant des postes à responsabilité sur les freins et leviers à leur parcours. Elisabeth Grenin, présidente du MEDEF de Bourgogne Franche-Comté, a par exemple repris l’entreprise familiale de transport et se souvient de certaines situations qui la font aujourd’hui sourire. « Quand j’étais avec mon mari, les gens parlaient d’argent avec lui. C’était un jeu entre nous. Il finissait par leur dire que c’était moi qui tenais les leviers de la bourse. » Au registre des anecdotes, Maryse de Stefano, dirigeante d’une entreprise dans le BTP, se souvient d’une remarque de son fils de 10 ans. « Vu que j’avais un doctorat, il ne comprenait pas qu’en plus en tant que femme, je parte travailler dans le secteur du bâtiment. » Au moment de la reprise de la société que son père lui a confié, elle a dû se confronter aux banquiers et a rencontré de nombreuses difficultés à obtenir les emprunts souhaités. Autre femme à s’exprimer, Nathalie Moreau, responsable de production chez Amora Maille, qui a fait preuve d’un certain culot pour entrer dans l’entreprise, en allant directement toquer à la porte de l’entreprise. « J’ai gravi les échelons et je n’ai jamais eu de problème en tant que femme. Par contre, je constate que la réglementation sur les poids portés par les femmes et les hommes n’est pas pertinente car une assistante maternelle qui porte un patient dépasse cette distinction tandis qu’un homme peu musclé n’est pas toujours en mesure de subir une charge lourde. » L’intégration des femmes au sein d’industrie ou d’autres secteurs d’activité entraine ainsi une amélioration des conditions de travail pour tous.

Séduire les jeunes filles
Les échanges avec la présidente du Conseil régional et le préfet ont également conduit à des discussions sur la façon d’attirer les jeunes filles dans certains secteurs ou encore dans l’entrepreneuriat. Barbara Bredillet, ingénieure et adjointe cheffe d’agence chez Enedis, mise sur les témoignages. « Il faut plus de présence et de rencontres avec les jeunes filles, le plus jeune possible. » Un point de vue partagé par Xavière Castano, dirigeante du laboratoire Crossject. « Je me rends compte de l’impact du témoignage. Il est important de prendre du temps pour sortir de l’entreprise, prendre des idées mais aussi expliquer. » Trop souvent, les jeunes femmes sont reléguées au sujet lié à l’administration. « Même dans les commissions, on les confine aux métiers de gestion plutôt qu’au technique » regrette Maryse de Stefano, également présidente de la commission formation de la fédération régionale du bâtiment, FFB. Les représentants de l’Etat ont rappelé toutefois que des évènements participent à guider les jeunes filles vers des filières différentes comme le carrefour des carrières au féminin organisé par l’association FETE.

Nadège Hubert