BOURGOGNE

Une innovation régionale pour sauver des vies américaines

Une innovation régionale pour sauver des vies américaines

Archeon Medical a vu le jour dans le Doubs. Avec son dispositif de monitoring de la ventilation artificielle, la startup facilite le travail des secours d’urgence et contribue à sauver des vies. Malheureusement, face aux rouages administratifs et financiers, elle investit plusieurs millions d’euros pour se tourner vers le marché américain.

Dans le domaine de la santé, la Bourgogne Franche-Comté n’est pas en reste. A côté d’acteurs de la filière comme Urgo, Proteor ou Delpharm installés en Côte-d’Or, la région porte de nombreuses startups innovantes. Archeon Medical est de celles-là ! La jeune pousse a vu le jour dans le Doubs du constat établi par un médecin du service des urgences et relayé par le président de la startup, Alban De Luca. « Il a identifié un vide dans le suivi de la respiration artificielle. Si dans les blocs opératoires ou en réanimation, les médecins anesthésistes veillent à ce que le patient reçoive la bonne quantité d’oxygène, dans les services et les véhicules de secours, ce paramètre repose sur des personnels qui ne disposent pas de la même formation. » Pour vulgariser, le dirigeant qui a passé six ans au Centre d’Investigation Clinique et d’Innovation Technologique du CHU de Besançon précise qu’une trop grande quantité d’oxygène aussi bien qu’une trop faible quantité peuvent engendrer des complications et aller jusqu’au décès. « Nous avons établi que 80 % des patients ne sont pas ventilés correctement. On ne peut pas demander à un pompier volontaire, formé aux premiers secours, d’avoir la même capacité de diagnostic qu’un médecin anesthésiste. »

L’IA à la rescousse
Le concept d’Archeon Medical repose sur une intelligence artificielle qui mesure la quantité d’oxygène dont le patient a besoin selon son état et lui administre. « L’utilisation est très simple afin de répondre notamment à la désertification médicale et la raréfaction des professionnels formés. Nous utilisons un code couleur avec du vert quand la quantité est bonne, du rouge quand il n’y en a pas assez ou du jaune quand il y a trop d’oxygène. » Commercialisé en France depuis 2021 et en Europe depuis 2022, la solution a d’ores et déjà séduit le Département du Doubs qui a équipé sa flotte d’une centaine de véhicules d’urgence. Toutefois, les organismes tout comme les établissements doivent débloquer un budget qu’ils préfèrent souvent placer dans du personnel. « Tant que notre dispositif Eolife ne sera pas dans les protocoles, nous aurons du mal à trouver les financements. »

A la conquête de l’Ouest
En 2023, Archeon Medical a obtenu les autorisations sanitaires nécessaires pour pénétrer le marché américain où la startup a débuté sa commercialisation dès 2024. « Nous visons en priorité ce marché car il présente des avantages financiers et de simplification administrative. A titre d’exemple, le simple fait de soumettre un dossier d’homologation en Europe peut coûter jusqu’à 100 000 euros quand c’est gratuit aux Etats-Unis » regrette le dirigeant. Par ailleurs, si l’Europe se présente comme une même entité, il n’en reste pas moins qu’il faut autant d’autorisations sanitaires qu’elle compte de pays. « Aux Etats-Unis, vous ne faites la démarche qu’une fois pour un marché conséquent. » Pour augmenter ses chances de se faire une place à l’Ouest, Archeon Medical vient de débloquer quelques millions d’euros pour développer une nouvelle solution. « Les patients ont déjà un moniteur dans les chambres ou dans les véhicules mais ce dernier ne s’occupe que du cœur. Nous voulons intégrer un moniteur respiratoire au monitoring existant. » Pour ce faire, la startup bisontine tisse des liens avec les grands noms du marché comme Philips et espère aboutir à un nouveau produit d’ici cinq ans au plus tard.

Nadège Hubert