BOURGOGNE

La Fédération Régionale des Travaux Publics inquiète devant un avenir incertain

La Fédération Régionale des Travaux Publics inquiète devant un avenir incertain

Avant la pause estivale, la FRTP a souhaité dresser un point de situation et mettre en lumière un contexte électoral pesant pour le secteur.

« Certains font leur rentrée, nous on fait un point avant le départ en vacances » a souri Vincent Martin, président de la Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) en introduction de ses propos. Si 2024 semble tracée, le représentant s’est dit inquiet pour 2025. Alors que la filière des travaux publics dépend à 70 % de la commande publique, il craint que cette dernière ne soit en baisse, notamment de la part des départements. « On voit des signaux de faiblesse, notamment avec la crise de l’immobilier qui impacte les droits de mutation, en baisse de 40 % dans certains départements, générant des trous dans les caisses des départements. » Par rebond, les travaux d’entretien et les investissements de ces collectivités pourraient être freinés.


Les récentes élections législatives ont également contribué à un climat d’incertitude. « Le nouveau gouvernement peut changer les axes prioritaires pour 2025. » Pour prévenir plutôt que guérir, la FRTP s’engage dans une série de rencontres, des matinales organisées dans chaque département à partir du mois de septembre, pour aller à la rencontre des nouveaux députés. « Nous devons leur dire que le développement d’un territoire ne peut se faire sans nous. L’eau, la fibre, les routes, le train… Les travaux publics impactent le quotidien. Nous allons donc leur expliquer nos métiers et problématiques pour leur donner du grain à moudre pour leurs futures décisions. » 
Après les législatives, Vincent Martin craint une situation attentiste des élus à l’approche des municipales en 2026 puis des présidentielles en 2027 et enfin les régionales en 2028. « Il faut arrêter de caler les décisions d’infrastructures sur les mandats. Les élus sont de passage alors qu’il faut travailler sur le long terme. Ils doivent prendre des décisions pour les générations futures, ne pas attendre pour travailler. Les suivants prendront le train en route ! » Pour lui, moins d’infrastructures impliquent un développement freiné. « Sinon, les gens ne viennent pas, ne dépensent pas et n’investissement pas. »

Préserver l’emploi envers et contre tout
Sans être alarmiste, Vincent Martin s’est dit lucide et inquiet. Pourtant, les travaux publics continuent à mettre l’accent sur l’apprentissage et l’emploi. « Nous sommes à l’unisson sur ces deux engagements qui se concrétiseront à l’avenir. La région compte plus de 450 apprentis et ce chiffre est en augmentation constante. » 
Du côté des 11 000 salariés en poste en région, la FRTP maintient une politique salariale qui se revendique au-dessus des minimas. Sans craindre une hausse du smic, Vincent Martin s’interroge sur son impact pour les échelons supérieurs. « Ça va tirer tous les niveaux et les plus élevés peuvent être fragilisés. » Pour l’heure, la filière cherche à pourvoir 1 500 postes cette année, 4 000 sur trois ans, de l’ouvrier au cadre supérieur.
Si la volonté des entreprises des travaux publics reste de privilégier l’emploi, le président de la filière interpelle les acteurs publics et parapublics dont certains semblent habitués aux retards de paiement. « On voit des défaillances d’entreprises qui sont exemptes de règlement et qui subissent la pression des fournisseurs. Certains clients peuvent mettre en péril une entreprise et des emplois. » Pour les sensibiliser, Vincent Martin n’hésite pas à prévenir : « Si besoin, nous ferons une liste des mauvais payeurs que nous mettrons sur la place publique ».

Nadège Hubert