CÔTE D'OR
Du vintage dans les vignes
Par Nadège Hubert
Publié le 05 Août 2024 à 08h48
Les Chemins de Bourgogne, prestataire touristique, invite les amateurs et les curieux à sillonner la route des vins à bord d’un combi Volkswagen de 1970. Une aventure qui séduit aussi bien les touristes que les locaux.
« Vu la chaleur, on pourrait caler » annonce Alex, le guide oenotouristique qui accueille le groupe de touristes du jour par une température caniculaire. Le rendez-vous était fixé à 14 h 30 devant l’hôtel du Palais à Dijon. Le véhicule est immanquable avec sa carrosserie rouge et son look vintage. « C’est un modèle de 1970, importé des Etats-Unis et restauré pour circuler. Il reste parfois capricieux. »
Pas de climatisation ni de direction assistée pour cette vieille dame aux sièges en cuir qui quitte doucement le centre-ville de Dijon pour rejoindre la route des vins en passant par Marsannay-la-Côte. Avant de donner les premiers éléments de compréhension de la vigne locale, le guide pose une question essentielle pour orienter ses explications : « Êtes-vous connaisseur en vin ? »
Pinot noir, Chardonnay, Aligoté, Gamay… Les premières informations servent d’introduction. « We’re going to explore the Côte de Nuits, one of the five aeras… » Dans un anglais irréprochable, Alex dévoile les grandes lignes du parcours qui devrait durer environ trois heures.
Réponse à tout
Au gré des questions et des paysages, Alex évoque l’impact du climat, compare la Bourgogne au Bordelais ou au Champagne sans oublier de préciser que « le vignoble bourguignon est plus complexe. » Il revient sur le rôle de Napoléon III dans la classification des vins de 1836. « Il y a une logique en Bourgogne qu’il faut comprendre et mon rôle est de vous l’expliquer. Feel free to ask all the questions. »
Guide oenotouristique depuis deux ans, ce trentenaire s’est formé sur le tard à la vigne et a travaillé quelques années dans un domaine. A Fixin, le combi double de courageux cyclistes qui arpentent les vignes sous une chaleur de plomb. Le moteur gronde en même temps que le guide assène ses informations. « En Bourgogne, nous avons de nombreuses règles autour du vin qui garantissent la qualité. »
A Gevrey-Chambertin, le combi s’arrête pour une première étape afin d’observer le paysage mais aussi rafraichir le groupe grâce aux bouteilles d’eau stockées dans une glacière. Composé d’un couple d’Allemand, Anna et Martin, mais aussi de deux locales de l’étape, Amandine et Elodie, le groupe apprécie. Les premiers, amateurs de vin, passent chacune de leurs vacances dans une région viticole. « On voulait un petit tour pour découvrir le Bourgogne » expliquent-ils en anglais. Anna avoue par ailleurs aimer tout particulièrement les combis depuis son plus jeune âge. Une passion partagée par l’une des Dijonnaises. « Je suis fan de combi alors c’était l’occasion d’associer notre envie d’approfondir nos connaissances et de profiter du combi, de son esthétique et de son état d’esprit. » Bouteille d’eau en main, le guide explique le rôle de la tectonique des plaques et des sols en argile ou en calcaire. Au loin, les touristes découvrent la nationale qui sépare les appellations régionales des villages, premiers crus et grands crus. « Le meilleur endroit se situe au début et à la moitié de la pente. » Le néophyte apprend les bases, l’expert révise et s’enrichit.
On the road again
La troupe repart, parfois en se cognant la tête en entrant dans le combi tandis que la boite de vitesse manuelle craque, traduisant l’âge du combi. Le véhicule se faufile dans les rues des villages, les passagers se demandant à chaque ruelle si l’on pourra croiser le véhicule d’en face sans heurts. En route, chacun apprend à la volée que le château de Gevrey appartient à un groupe immobilier chinois ou encore d’où vient le nom de clos que porte les parcelles. « Il y a 1 247 parcelles en Bourgogne dont 33 grands crus. Neuf se situent à Gevrey-Chambertin. »
Sur la route, le récent passage du Tour de France a laissé quelques traces tandis qu’une buse pique entre les vignes. Plus loin, le guide explique le travail de l’ouvrier dans les vignes, qui, au volant de son engin, procède à l’écimage.
Un patrimoine mondial
Le Clos Vougeot se dévoile peu à peu. L’occasion d’une nouvelle pause et d’en apprendre plus sur ce domaine qui participe de l’histoire et de la renommée locale. Un peu plus loin, un nouvel arrêt s’impose devant la parcelle qui produit les vins les plus chers du monde : la Romanée Conti. Sans pouvoir donner la valeur précise des vignes qui s’étalent devant les yeux des visiteurs, le guide évoque une récente estimation avoisinant les 600 millions d’euros. « Chaque année, 3 000 à 5 000 bouteilles sont produites et vendues par l’intermédiaire d’une liste d’attente. »
A l’écoute de ses clients, Alex adapte son tour en fonction des envies. Pour satisfaire les amateurs de photos, il conduit le combi plus loin sur les hauteurs de Nuits-Saint-Georges. « Le plus dur, c’est de faire demi-tour, ça fait les bras ! » Un arrêt de courte durée, la dégustation attend le groupe.
Déguster pour mieux comprendre
Le caveau du domaine Rion de Vosne-Romanée accueille les passagers du combi qui s’enthousiasme aux premières sensations de fraicheur provenant de la cave. Ceux qui ne boivent pas d’alcool se verront offrir un jus de raisin du domaine quand les autres gouteront cinq vins, de l’appellation régionale à un premier cru.
Le temps passe vite et déjà il faut reprendre la route pour rentrer. La passionnée de combi prend la place du passager, un large sourire aux lèvres. Alex s’amuse à pousser le moteur du combi qui vrombit jusqu’à la dernière minute avant que le groupe ne se sépare devant l’hôtel, satisfait de sa promenade, des informations et des souvenirs plein la tête. Le combi quant à lui n’aura finalement pas fait le coup de la panne.
Nadège Hubert
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