CÔTE D'OR

Morey-Saint-Denis - Le Village Vendangeurs s'étend et s'améliore en 2024

Morey-Saint-Denis - Le Village Vendangeurs s'étend et s'améliore en 2024
Morey-Saint-Denis - Le Village Vendangeurs s'étend et s'améliore en 2024
Morey-Saint-Denis - Le Village Vendangeurs s'étend et s'améliore en 2024
Morey-Saint-Denis - Le Village Vendangeurs s'étend et s'améliore en 2024

Le Village Vendangeur de Morey-Saint-Denis, géré par Samuel Lenoir, s'impose comme une solution innovante pour répondre aux défis d'hébergement des travailleurs saisonniers. Pour la 2e année consécutive, ce village, soutenu par l’État et les acteurs locaux, offre des conditions de vie dignes et sécurisées aux vendangeurs. Avec des améliorations notables pour 2024, il aspire à devenir un modèle à suivre pour toute la région viticole.

Alors que la période des vendanges représente un moment clé pour la viticulture bourguignonne, le besoin croissant d'hébergement pour les travailleurs saisonniers est devenu un défi majeur pour de nombreux domaines. Pour répondre à cette problématique, le « Village Vendangeur » géré par Samuel Lenoir, propriétaire du domaine agricole et du centre équestre Mountain Farm ouvrira pour la 2e année consécutive à Morey-Saint-Denis du 10 septembre à la mi-octobre. Cette initiative est soutenue par l’État, la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB), la fédération des Négociants-Eleveurs de grande Bourgogne (FNEB) et les communes de Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin et Morey-Saint-Denis. L’État apporte son appui à hauteur de 100 000 € à l’occasion des vendanges 2024. La convention a été signée ce vendredi après-midi sur le site entre les différents partenaires dont des partenaires institutionnels (Pôle Emploi, la MSA, Action Logement). Cette initiative, qui prend de l'ampleur depuis sa création, a été améliorée pour l'édition 2024, offrant ainsi une solution pratique et adaptée aux besoins des vendangeurs.
 
Retour sur la première année : une réussite à pérenniser
La première édition du village « Vendangeurs » 2023, déjà géré par Mountain Farm, a marqué un tournant dans la gestion des hébergements pour les saisonniers. Avec près de 1 500 nuitées enregistrées sur la période des vendanges du 11 au 26 septembre, avec une moyenne de 60 saisonniers et des pics de fréquentation à 80 par soir, l'initiative a été saluée pour son efficacité. L’initiative est reconduite et étendue pour 2024 et soutenue par des aides publiques jusqu'à ce que le site atteigne son équilibre économique. Tous espèrent qu'une structure durable se développera à long terme et que cette initiative inspirera d'autres vignerons en Bourgogne à créer des villages similaires à l'avenir.
 
Repenser l’hébergement et l’attractivité dans la viticulture bourguignonne
En Bourgogne, où les vendanges restent majoritairement manuelles, la demande en main-d'œuvre est élevée : 20 000 saisonniers en Côte-d'Or pour 4 500 vignerons, et 45 000 sur l’ensemble du bassin bourguignon. La question de l’hébergement des vendangeurs reste un enjeu majeur, particulièrement depuis 2022 où des conditions inacceptables ont été observées, mettant en lumière des pratiques proches de l’exploitation inhumaine voire de la « traite d’humains ». Face à ces dérives, il a été décidé, pour des raisons éthiques, humaines et de réputation, de ne plus tolérer de telles situations.
« L’hébergement sous tente est interdit et la législation impose des conditions strictes, ce qui rend difficile l’accueil des travailleurs » précise Thiébault Huber, président de la CAVB. Cette situation a conduit à des campings sauvages et à une nécessité urgente de réorganisation face à la pénurie d’offres d’emploi logées, aggravée par des normes strictes sur les conditions d’hébergement. « Il est inacceptable que des vendangeurs continuent de vivre dans des conditions précaires. Nous devons offrir un hébergement digne de la réputation d’excellence de la Bourgogne. L'expérience de l'année passée nous a montré qu'il est possible d'améliorer les choses et de créer des conditions plus humaines pour nos saisonniers. »
Albéric Bichot, président de la Fédération des Négociants-Éleveurs de Grande Bourgogne (FNEB), a présenté les efforts pour rendre les métiers de la viticulture plus attractifs. Pour pallier la difficulté de recruter, il a expliqué : « Vita Bourgogne a été créée pour fournir des informations, des offres d’emploi, et des formations spécifiques. Avec 95 offres de vendanges déjà postées, cette initiative vise à promouvoir l’art de vivre bourguignon et à donner une image exemplaire de la région ».
Pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre, plusieurs initiatives ont été mises en place, dont le programme « Vendanges étudiantes » pour attirer les jeunes, et une campagne de communication ambitieuse visant à valoriser les métiers viticoles et attirer de nouveaux candidats.
 
Nouveautés et améliorations pour 2024
Pour la saison des vendanges 2024, plusieurs améliorations ont été apportées dont l’ajout d’espaces supplémentaires pour les tentes et les camions aménagés (8 € la nuitée) mais aussi l’implantation de quatre modules en dur de deux personnes pour un hébergement plus confortable (20 € la nuitée). Cette évolution vise à répondre aux besoins croissants et à offrir des conditions d’hébergement plus stables et durables. En 2025, le site prévoit d’augmenter sa capacité à 24 places dans des structures en dur. Les premières semaines sont déjà complètes.
L’autre nouveauté pour les vendanges 2024 est l’introduction d’un poste de secours itinérant. Ce dispositif, mis en place par la Prévention Civile de Côte-d’Or en collaboration avec l’État, la MSA, et les professionnels de la viticulture, vise à améliorer la sécurité et le bien-être des saisonniers. Deux secouristes en voiture se rendront directement sur les sites de vendange pour fournir des premiers secours en cas de blessures, malaises ou piqûres d’insectes. Ce poste de secours sera opérationnel en Côtes de Beaune du 10 au 13 septembre, avec une base à la Léproserie de Meursault pour les interventions si nécessaire. Ensuite, il sera en Côtes de Nuits, avec un repli au Château du Clos de Vougeot jusqu’au 20 septembre. Cette initiative permettra une intervention rapide en cas d'urgence, avec des secouristes en voiture se déplaçant directement sur les sites de travail. Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, a souligné l'importance de cette mesure : « La sécurité des travailleurs est une priorité absolue. Nous avons vu les tragédies de l'année passée (7 décès en France dus à la chaleur) et nous nous devons d’agir avec responsabilité pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Ce poste de secours itinérant est un exemple concret de notre engagement pour la protection des vendangeurs ».


Le « Village des Vendangeurs », situé sur un terrain de 150 ha, comprend des blocs sanitaires avec six douches à eau chaude, et une infirmerie pour les premiers soins. Une société de gardiennage assurera la sécurité de 20 h à 6 h, et un poste de contrôle sera installé à l’entrée.
Samuel Lenoir attend la révision du Plan Local d'Urbanisme (PLU) pour convertir ces terrains agricoles en zone d'accueil permanente. Il investit dans l'acquisition de modules en dur, coûtant chacun plus de 40 000 €, alors que la location pour 15 jours s'élève à 12 000 €. Tout au long de l’année, ces installations seront ouvertes aux travailleurs de divers secteurs confrontés à des problèmes d'hébergement. En outre, il recrute du personnel qualifié pour gérer ces équipements. Chaque module bénéficiera d'un revêtement esthétique, à la fois pour intégrer l'ensemble dans le paysage et pour offrir une protection contre les risques d'incendie.
 
Un engagement commun pour l’excellence
Bien que le « Village des Vendangeurs » avec ses 110 places ne puisse pas résoudre tous les problèmes, il envoie un signal fort, soutenu par les entrepreneurs privés, les maires, l’État et la profession.
Pour soutenir cette campagne des vendanges 2024, l’État investit près de 100 000 €. Cette somme se répartit en 60 000 € pour le village des vendangeurs, 30 000 € pour les actions de communication et de prévention, et 10 000 € pour la protection civile. Les services de l’État, incluant la police, la gendarmerie et l’inspection du travail, seront mobilisés pour garantir le respect des conditions d’hébergement et assurer une campagne sereine.
Franck Robine a conclu : « Le mot d’ordre est la mobilisation collective. La viticulture est un pilier de notre économie locale, et il est crucial de garantir que les vendanges se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes déterminés à offrir une solution pérenne et exemplaire pour les années à venir ».

Jeannette Monarchi