BEAUNE

Musée des Beaux-Arts de Beaune – Série trésors cachés : les secrets du culte funéraire égyptien

Musée des Beaux-Arts de Beaune – Série trésors cachés : les secrets du culte funéraire égyptien
Delphine Corniche, chargée des collections du Musée, nous présente les divers objets funéraires égyptiens

Aujourd'hui, Info-Beaune.com vous invite à découvrir les trésors cachés du Musée des Beaux-Arts de Beaune, et plus particulièrement à plonger dans l'univers fascinant de l'Égypte antique à travers sa collection dédiée au culte funéraire. Le musée abrite une riche collection égyptienne qui révèle les croyances et pratiques liées à la mort dans l'Égypte ancienne.

Les statuettes Ouchebti : gardiens des champs de farine. Le musée des Beaux-Arts de Beaune possède une remarquable collection de 11 statuettes Ouchebti, des objets essentiels pour comprendre les pratiques funéraires égyptiennes et qui éclairent la conception égyptienne de la mort. Ces figurines étaient destinées à servir le défunt dans l’au-delà en accomplissant les tâches que le défunt ne pouvait plus réaliser lui-même.
Ces statuettes trouvent leur origine dans la légende d'Osiris, le dieu de l’au-delà. Selon le mythe, Osiris, roi bienveillant, est trahi et assassiné par son frère, jaloux, Seth qui le découpe en 14 morceaux, dispersés dans toute l’Égypte. Isis, l'épouse d'Osiris, retrouve ces morceaux et momifie le corps de son époux avec l'aide d'Anubis, le dieu de la mort. Isis crée ainsi la première momie et permet à Osiris de devenir roi de l'au-delà. Pour les Égyptiens, la mort était une transition vers la vie éternelle, conditionnée par la préservation du corps et le passage réussi devant le tribunal d'Osiris avant d’espérer une existence continue dans l’au-delà
 
Les statuettes Ouchebti : des figurines au service des morts
Les Ouchebti, dont le nom signifie « celui qui répond », apparaissent au Moyen Empire, devenant un élément clé de la pratique funéraire. Conçus pour représenter le défunt dans l’autre monde, ces objets de culte étaient souvent sculptés en pierre ou en bois, avant de devenir plus communs en faïence au Nouvel Empire. Les statuettes les plus anciennes étaient simples, tandis que celles du Nouvel Empire comportaient des inscriptions et des couleurs plus élaborées.
Elles apparaissent au Moyen Empire et se multiplient à la Basse Époque. Ces statuettes étaient placées dans les tombes pour répondre à l'appel d'Osiris et effectuer des tâches agricoles à la place du défunt. 
 
Cette première statuette, en bois et datant probablement du Premier Empire, représente un personnage humain dont le corps est momifié et enveloppé dans une gaine de momie. Il porte une perruque tripartite, avec les mains disposées sur les côtés et des cheveux tombant derrière. Les mains sont les seules parties visibles au travers du linge. Cette statuette a une forme allongée et uniforme, avec peu de reliefs et des traits du visage très fins.
 
Au fil du temps, les inscriptions ont progressivement fait leur apparition sur ces statuettes. Sous le Nouvel Empire, les textes se sont enrichis pour inclure des formules d'offrande à Osiris. Par exemple, on retrouve souvent le texte du chapitre 6 du Livre des Morts, une formule spécifiant que la statuette doit travailler à la place du défunt. À partir de cette période, les Ouchebti sont également dotés d'objets oratoires et peuvent être peints, reflétant une évolution dans leur représentation et leur fonction. La provenance exacte de cette statuette reste inconnue.
 
Ces figurines, datant de la fin du Nouvel Empire et provenant du dépôt du Louvre, devenues propriété de la ville suite à un transfert en 2007, sont sculptées dans du bois et ornée de décorations peintes. Elle est équipée d'une houe ou d'un hoyau, ainsi que d'un petit sac dans le dos pour transporter les semences.
Au Moyen Empire, la demande de ces statuettes s'intensifie, et elles deviennent omniprésentes dans les tombes à la Basse Époque. Pour répondre à cette demande croissante, les Ouchebti sont progressivement moulés plutôt que sculptés, et la faïence égyptienne, un matériau composé d'une pâte siliceuse recouverte d'une glaçure colorée (le bleu cobalt ou le vert-bleu étant des couleurs prisées), remplace le bois. Ces statuettes moulées adoptent des formes stéréotypées, les seules variations résidant dans les inscriptions hiéroglyphiques gravées.
 
Cette paire de statuettes, provenant de la collection Marey-Monge, date de la Basse Époque. Elle représente une figure entièrement momifiée, portant une barbe divine et tenant des instruments oratoires. Contrairement aux figurines précédentes, le sac est placé sur le côté plutôt que dans le dos.
Les inscriptions hiéroglyphiques couvrent l'avant de la statue, des mains aux pieds, et le dos de la statuette, avec les pieds reposant sur un petit socle. La formule inscrite mentionne le nom et fonctions du propriétaire du défunt.
 
Cette Ouchebti (provenance inconnue) présente des hiéroglyphes sur trois registres, de la tête aux pieds. Elle est sculptée avec précision, permettant de distinguer les détails des inscriptions et des traits du visage.

Masques funéraires et fragment de sarcophage
Le musée conserve également des masques funéraires, conçus pour protéger la tête de la momie et conserver une image idéalisée du défunt. Ces masques sont en étoffe agglomérée avec du stuc, créant un effet cartonné. 
 
Ce fragment de sarcophage, acquis par le peintre Félix Ziem lors de son voyage en Orient en 1856, a été offert au musée par sa veuve en 1913.

Réalisé en étoffe agglomérée avec du stuc et peintures, ce fragment, bien que partiellement abîmé, présente un défilé de divinités. On y distingue Osiris, représenté avec sa couronne Atef, Amsit, un génie protecteur du foie des défunts et fils d’Horus, et Douamtef, un autre génie, à tête de chien ou chacal, également fils d’Horus et protecteur de l’estomac. Ces divinités veillent sur les organes prélevés durant la momification.
Douamtef est également représenté sous forme d'une petite amulette en faïence égyptienne, un objet de protection magique pour les vivants et les morts.

Fréquemment retrouvé dans les tombes, il se présente souvent sous la forme d'un scarabée, symbole de renaissance, associé à Ré, le dieu solaire créateur de l'univers. Cette amulette pouvait être portée en bijou ou placée entre les bandelettes des momies.

Amulettes et scarabées
Les amulettes, dont des scarabées en faïence égyptienne, étaient des protections magiques pour les Égyptiens, vivants ou morts.
Le musée des Beaux-Arts de Beaune conserve également un petit scarabée en faïence égyptienne, remarquablement stylisé. Ce scarabée présente cinq petits trous de chaque côté de la tête, destinés à fixer des ailes déployées. Ce type de scarabée, utilisé dans le cadre funéraire, provient du dépôt du Louvre. Ce scarabée ailé fixé sur la poitrine des momies, en faïence égyptienne, symbole de renaissance et de protection divine. Ce petit scarabée, souvent porté en bijou ou placé dans les tombes, illustre la croyance égyptienne en une vie après la mort protégée par des objets sacrés.
Il s'agit d'un scarabée ailé, souvent porté sur la poitrine ou en pectoral.

Un autre objet intéressant de la collection est une statuette représentant un faucon à tête humaine, coiffé d'une perruque tripartite et portant une fausse barbe divine. Son corps d'oiseau avec des griffes symbolise l'âme, ou Bâ, du défunt. Le Bâ est une partie de l'âme égyptienne, représentant les sentiments et l'intellect, et était censé continuer à vivre après la mort. Il pouvait sortir de la tombe pour voyager dans le monde des vivants ou revisiter les lieux que le défunt appréciait. Ces représentations étaient souvent mises en scène dans les sépultures ou peintes sur les parois des tombes. Cette pièce fait partie de la collection Marey-Monge.

Le Musée des Beaux-Arts de Beaune révèle des aspects fascinants de l’Égypte antique à travers sa collection d’objets liés au culte funéraire. Ces trésors, des statuettes Ouchebti aux masques funéraires et amulettes, offrent un aperçu précieux des croyances et rites funéraires qui ont marqué l’histoire de l’Égypte ancienne.

Jeannette Monarchi

Le prochain article de cette série sera consacré au tableau du 19e siècle « Passage de la girafe Zarafa » à Arnay-le-Duc. Retrouvez-nous dans quinze jours pour continuer cette exploration fascinante des trésors cachés du musée des Beaux-Arts de Beaune.