BOURGOGNE

164e Vente des Vins des Hospices de Beaune - Un millésime 2024 marqué par une récolte réduite mais prometteuse

164e Vente des Vins des Hospices de Beaune - Un millésime 2024 marqué par une récolte réduite mais prometteuse
164e Vente des Vins des Hospices de Beaune - Un millésime 2024 marqué par une récolte réduite mais prometteuse
164e Vente des Vins des Hospices de Beaune - Un millésime 2024 marqué par une récolte réduite mais prometteuse
164e Vente des Vins des Hospices de Beaune - Un millésime 2024 marqué par une récolte réduite mais prometteuse
Immersion dans les vendanges sur la parcelle de Pommard 1er Cru "Les Rugiens" ce mercredi

Marqué par une météo capricieuse et une attaque persistante du mildiou, le millésime 2024 des Hospices de Beaune 2024 affiche des volumes plus faibles que les années précédentes. Malgré cela, les premiers résultats laissent entrevoir un millésime riche en saveurs, porté par une belle fraîcheur aromatique.

Le dimanche 17 novembre 2024, la 164e Vente des Vins des Hospices de Beaune se tiendra sous les Halles de Beaune, un événement mondialement attendu. Cette année, la vente aura une résonance particulière en soutenant la thématique "One Health - Une seule santé", un concept qui lie la santé humaine, animale et environnementale. À l’occasion d’une conférence de presse tenue au cœur de la cuverie des Hospices de Beaune ce mercredi, s'inscrivant pleinement dans l'actualité des vendanges avec une immersion sur la parcelle de Pommard 1er cru « Les Rugiens », les principaux acteurs des Hospices de Beaune ont dévoilé les enjeux et les défis de ce millésime 2024, marqué par des conditions climatiques difficiles.
 
Un millésime complexe
Les vendanges ont débuté le vendredi 13 septembre avec le Pinot noir, suivies par le Chardonnay trois jours plus tard. En seulement neuf jours, près de 120 vendangeurs vont récolter les raisins sur l’ensemble des 60 ha du domaine. Ludivine Griveau, régisseur des Hospices de Beaune, a décrit une année difficile, sous la pression des aléas climatiques. « Le mildiou nous a donné du fil à retordre. Nous l’avons contenu jusqu’au 27 juillet, mais il a continué d’être présent malgré les traitements au cuivre. Cela a été particulièrement compliqué sur la colline de Corton, où nous avons perdu une partie de la récolte. »
En ce sixième jour de vendanges, 103 000 kg de raisins avaient été récoltés, un chiffre nettement inférieur aux 164 162 kg habituels à la même date. Une baisse qui reflète la dure réalité de ce millésime, marqué par un rendement faible.
« Ce millésime 2024 a été très compliqué à mener, mais nous ne voulons pas d’amalgame : mauvais temps ne signifie pas mauvais vin et je peux vous garantir qu'il ne sera pas pas bon », assure Ludivine Griveau.

 
Une conversion bio achevée malgré les obstacles climatiques
L'année 2024 marque la fin de la conversion bio entamée par le domaine en 2017 désormais certifié bio. Ludivine Griveau souligne l’importance de l’engagement de ses équipes : « Nous ne pouvions pas convertir les 60 hectares d’un coup. Cela a demandé un effort collectif et des ajustements techniques réalisés progressivement sur trois ans ».
Les pluies abondantes de 2024, avec des précipitations supérieures de 87 % à la normale, ont rendu la tâche encore plus complexe. Des fenêtres d’intervention très courtes ont obligé à annuler certains travaux de vigne. Ludivine Griveau se souvient : « Nous n’avons pas vu venir toute cette pluie, cela nous a rappelé l’année 2003. Mais nous avons la chance de travailler pour un domaine efficace, avec 23 salariés très engagés, qui ont su maintenir une protection optimale des vignes ».  Le mildiou a nécessité 16 traitements cette année, contre 10 ou 11 habituellement. Ludivine Griveau a toutefois tenu à respecter le choix de rester en bio jusqu’au bout, même au risque de perdre une partie de la récolte
 
Une petite récolte en perspective
Ludivine Griveau explique que la faible récolte attendue n’est pas due au gel printanier, mais au froid persistant en mai, qui a perturbé la floraison du Pinot noir. L’attaque de mildiou a également contribué à cette baisse.
Les rendements varient considérablement d’une parcelle à l’autre, avec des chiffres allant de 10 à 12 hectolitres par hectare sur certaines zones, et jusqu’à 25 à 30 hectolitres sur d'autres. Ce millésime 2024 sera considéré comme « expérimental », notamment en raison de la maturité aromatique des Pinot noirs, que Ludivine Griveau s’efforce de préserver. Les Chardonnays, bien que visuellement peu dorés, affichent des saveurs aromatiques intéressantes et un bon degré d’alcool. Ils témoignent de la résilience des vignes face à des conditions difficiles. « Pour 2025, il sera important de donner un peu de repos à la vigne, après cette année éprouvante et deux belles récoltes », conclut Ludivine Griveau.
 
Un modèle de générosité et de soins
Pour Alain Suguenot, maire de Beaune et président du conseil de surveillance de l’hôpital, la Vente des Vins des Hospices de Beaune est avant tout un événement de générosité et de solidarité : « Même dans les périodes difficiles, nous savons faire du bon vin. Cette vente assure les investissements nécessaires à l’hôpital, en permettant de garantir un soin de qualité. C'est un modèle unique qui lie l'héritage viticole et le service public ».
Il a également souligné l’importance de la Pièce de Charité, dont les fonds seront cette année destinés à des associations œuvrant dans le cadre de l’initiative One Health.
 
Un rayonnement international pour une vente d'exception
Marie-Anne Ginoux, directrice générale de Sotheby's France, a rappelé l’honneur de collaborer avec les Hospices de Beaune pour la quatrième année consécutive. Elle a souligné que leur mission consiste à faire découvrir à un public toujours plus large la qualité exceptionnelle des vins, qu’il s’agisse de collectionneurs français ou internationaux, contribuant ainsi à renforcer la renommée des vins des Hospices de Beaune à travers le monde. Sotheby’s se prépare à une vente mondiale, avec des dégustations prévues dans plusieurs grandes villes comme Stockholm, Vienne et Mexico. Des dégustations supplémentaires sont prévues à Séoul, Dubaï et Taïwan afin de tisser un réseau global et faire connaître les vins des Hospices de Beaune, en particulier dans les régions en plein développement comme l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Sud. En France, un nouveau bâtiment est en cours de construction à Paris, avec pour objectif de donner un élan supplémentaire à la renommée des Hospices et de proposer une carte de dégustation. « Le marché du vin est compétitif, mais nous observons une forte demande pour les vins de Bourgogne. Ces dernières années, nous avons élargi notre audience avec une augmentation de 20 % des acheteurs en trois ans, provenant de 21 pays. »
De nombreux passionnés viennent jusqu’à Beaune pour vivre l’expérience unique des enchères, avec 85 % des ventes conclues dans la salle des ventes elle-même.
Marie-Anne Ginoux a également évoqué les défis du marché du vin, caractérisé par une forte demande pour des crus d'exception. Sotheby's, leader dans ce secteur, a généré 159 millions de dollars de ventes en 2023, dont la moitié pour des vins de Bourgogne. Avec 70 ventes annuelles, l'institution est résolue à continuer de porter haut les couleurs des Hospices de Beaune.
 
Un nouvel hôpital pour un futur prometteur
Le directeur des Hospices Civils de Beaune, Guillaume Koch, a profité de l'occasion pour annoncer les avancées du projet de nouvel hôpital, dont la livraison est prévue en 2028. Ce projet de 15 000 m², avec un budget de 86 millions d’euros, permettra d’améliorer les conditions de travail des agents hospitaliers et d’offrir des soins de qualité.
« Sans les recettes de la vente des vins, il n’y aurait pas de trésorerie pour financer de tels investissements. Ce soutien est crucial pour moderniser l'hôpital et assurer un accueil de qualité. » 

Jeannette Monarchi