BOURGOGNE

Bourgogne – Journée spéciale « vendanges », entre préoccupations foncières et incertitudes du marché

Bourgogne – Journée spéciale « vendanges », entre préoccupations foncières et incertitudes du marché
Le groupe a été reçu le matin dans la cuverie de la Maison Louis Jadot, route de Savigny à Beaune par Thomas Seiter président de la maison Louis Jadot et Frédéric Barnier responsable technique.

Ce lundi, une journée spéciale « vendanges » a été organisée par la Confédération des Appellations et Vignerons de Bourgogne (CAVB) et la Fédération des Négociants-Éleveurs de Grande Bourgogne (FNEB), en partenariat avec la préfecture, afin de faire le point sur les enjeux viticoles actuels au moment des vendanges

En l'absence de Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, appelé à de nouvelles fonctions au sein du Ministère de l'Intérieur en tant que directeur de cabinet de Bruno Retailleau, c'est Benoît Byrski, sous-préfet de Beaune, qui a représenté l'État. Plusieurs figures de la filière viticole étaient également présentes, dont Thiébault Huber, président de la CAVB, et Albéric Bichot, président de la FNEB.
 
Objectifs de la journée
L'événement visait à sensibiliser les autorités aux défis actuels du secteur viticole, à la fois économiques et environnementaux, tout en présentant les perspectives pour le millésime 2024. Le groupe a été accueilli par Thomas Seiter, président de la Maison Louis Jadot, à Beaune, avant de visiter le domaine Huber-Verdereau à Meursault. Dans les deux cas, les participants ont pu constater la faible quantité des récoltes, difficilement évaluable à ce stade, mais avec une qualité prometteuse.
 
Problèmes de succession et tensions sur le marché
Un sujet central a été la vente récente de 1,3 hectare du domaine Poisot Père & Fils à Aloxe-Corton à LVMH pour 15,5 millions d'euros. Cette transaction illustre les difficultés liées aux droits de succession élevés, qui menacent les exploitations familiales. Thiébault Huber a appelé à penser le foncier viticole comme un actif de production et non comme un patrimoine, afin d'éviter la vente à des investisseurs au détriment des familles bourguignonnes.
 
Incertitudes du marché international
Albéric Bichot a exprimé ses préoccupations face aux incertitudes économiques mondiales, notamment avec les conflits actuels et les élections américaines à venir, qui pèsent sur le marché du vin. Malgré ces défis, la Bourgogne tente de maintenir sa position, avec une légère croissance des ventes de vins blancs, portée par certaines AOC.
 
La CAVB : gardienne de la viticulture bourguignonne
La Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) regroupe près de 4 500 exploitations viticoles, représentant l'ensemble des viticulteurs de la région à travers 52 organismes de gestion (ODG). Elle joue un rôle clé dans la défense des intérêts de la viticulture bourguignonne face aux enjeux économiques, environnementaux et législatifs actuels. En 2024, malgré un marché mondial du vin en mutation, marqué par une baisse de la consommation au profit de tendances plus occasionnelles, les vins de Bourgogne résistent bien, notamment les vins blancs, grâce à une gestion rigoureuse des stocks et une récolte 2023 favorable.
 
Les principaux défis de la CAVB concernent :
1. La préservation des exploitations familiales, menacées par l’augmentation des prix du foncier. La CAVB milite pour des réformes fiscales pour faciliter la transmission des exploitations.
2. La protection des terroirs d’appellation, avec un cadre réglementaire spécifique pour la viticulture au sein de la PAC, et des mesures pour s'opposer aux projets d’urbanisation qui affectent les zones viticoles.
3. La simplification administrative, en alléger les normes pour les viticulteurs tout en maintenant la qualité des produits.
4. La révision des normes environnementales, pour établir un cadre réglementaire clair et éviter une concurrence déloyale avec d'autres États membres de l'UE.
5. L’attractivité des métiers de la viticulture, avec des solutions pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre, notamment lors des vendanges, en facilitant l’embauche et l’hébergement des saisonniers.
6. L’éducation des consommateurs sur le vin, tout en rejetant la diabolisation de l'alcool, et en favorisant une étiquetage pédagogique et non stigmatisant.
La CAVB travaille également sur la lutte contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignobles, avec le soutien financier de l'État et des collectivités locales.
Cette journée a permis de faire le point sur la récolte 2024, les défis à venir, et les actions nécessaires pour protéger la viticulture bourguignonne, notamment en termes de transmission, de fiscalité et d’adaptation au changement climatique. Les discussions se poursuivront dans les prochains mois, alors que les viticulteurs et négociants affrontent un contexte économique et climatique toujours plus incertain.

Jeannette Monarchi