45e Congrès de l’OIV à Dijon - La viticulture mondiale en quête de solutions face aux défis climatiques et à la baisse de consommation

45e Congrès de l’OIV à Dijon - La viticulture mondiale en quête de solutions face aux défis climatiques et à la baisse de consommation
45e Congrès de l’OIV à Dijon - La viticulture mondiale en quête de solutions face aux défis climatiques et à la baisse de consommation
45e Congrès de l’OIV à Dijon - La viticulture mondiale en quête de solutions face aux défis climatiques et à la baisse de consommation
45e Congrès de l’OIV à Dijon - La viticulture mondiale en quête de solutions face aux défis climatiques et à la baisse de consommation

La cérémonie d’ouverture du 45e Congrès mondial de la vigne et du vin, organisée ce lundi matin à l’Opéra de Dijon, a marqué le début de cinq jours d’échanges sur les défis et les opportunités de la filière vitivinicole mondiale. Cet événement célèbre également le centenaire de l’OIV, une institution fondée en France en 1924 et désormais installée à Dijon.

Le rideau s’est levé sur cette édition historique avec une cérémonie d’ouverture en grande pompe, dans l’auditorium de l’Opéra de Dijon. Le public a été envoûté par des moments musicaux exceptionnels, offerts par le chœur de l’opéra de Dijon. Du lyrique avec des extraits de « Carmen » de Bizet – l'opéra le plus joué au monde – aux morceaux jazzy, l’ambiance était à la fois solennelle et festive, donnant le ton d’un congrès tourné vers l’avenir tout en honorant la tradition.


Parmi les personnalités présentes, on pouvait noter la ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, Annie Genevard, ainsi que François Rebsamen, maire de Dijon, et Luigi Moio, président de l’OIV. Ils étaient entourés de sénateurs, députés, élus locaux, ainsi que des délégations venues des 50 pays membres de l’OIV. Avec environ 700 participants, cette édition du centenaire affiche une affluence record, bouclant symboliquement un siècle d'existence dans le pays où tout a commencé, à Paris, en 1924.
 
Des enjeux mondiaux pour la vitiviniculture
Au cœur de ce 45e congrès, les discussions s'articulent autour des défis de la filière, notamment face aux changements climatiques, à l’évolution des modes de consommation et aux impératifs économiques. John Parker, Directeur général de l’OIV, a dressé un bilan sur les 100 ans d’histoire de l’organisation, qui montrent une production de vins de qualité, mais la production mondiale est aujourd'hui fortement affectée par le changement climatique.


La production mondiale a chuté à 237 millions d'hectolitres en 2023, soit une baisse de 10 % par rapport à 2022, un niveau historiquement bas qui n'avait pas été atteint depuis 60 ans. Traditionnellement, la production mondiale oscillait entre 250 et 300 millions d'hectolitres dans les 74 pays producteurs. L'année 2024 s'annonce également difficile, avec une production estimée en dessous des 250 millions d'hectolitres.
La consommation mondiale de vin est également en déclin. En 2023, elle a atteint son niveau le plus bas depuis 1995, avec 221 millions d'hectolitres, enregistrant une baisse de 3 % par rapport à 2022. Cette tendance est attribuée à plusieurs facteurs, notamment l'inflation et l'évolution des habitudes de consommation, particulièrement chez les jeunes générations.
Les facteurs économiques, notamment l'inflation des deux dernières années, ont joué un rôle central dans ce virage. La consommation de vin rouge, en particulier, est en baisse depuis plusieurs années, tandis que les vins blancs, rosés et effervescents montrent une meilleure résilience et continuent de gagner en popularité.
« L'un des principaux enjeux pour l'avenir du secteur est de renouer avec le consommateur de demain, en saisissant ses goûts et ses expériences. » Malgré une baisse des volumes échangés, le commerce mondial du vin a connu une hausse des prix, largement due à l'inflation. En 2023, les volumes échangés ont atteint 99 millions d'hectolitres (-6 % par rapport à 2022), tandis que la valeur du marché a progressé de 5 %, atteignant 36 milliards d'euros.
Les priorités de l’OIV sont claires : coordonner les approches de durabilité, soutenir l'ensemble des produits vitivinicoles, promouvoir une viticulture résiliente et durable, simplifier le commerce international, adapter les processus œnologiques pour l'avenir, et garantir la sécurité des consommateurs tout en éclairant leur compréhension de la vigne et du vin.
 
Vers une viticulture durable et innovante
Luigi Moio, dont le mandat de président de l’OIV prendra fin à l'issue de ce congrès, a souligné l'importance de promouvoir une viticulture durable et résiliente, face aux défis climatiques et économiques. Il a encouragé les acteurs du secteur à s’appuyer sur la recherche et l’innovation pour trouver des solutions, notamment en matière de résistance aux maladies du matériel végétal et d’adaptation des processus œnologiques. « Le vin du futur nécessitera plus de connaissances », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que l’OIV élabore actuellement un plan d’actions prioritaires pour 2025-2029.
Lors de son intervention, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, a mis en lumière l'importance du vin en tant qu'art de vivre en France. Elle a rappelé que la filière viticole est une véritable « filière d’excellence », non seulement génératrice d’activité économique, mais aussi profondément ancrée dans l’identité française, notamment à travers les Climats de Bourgogne, mondialement reconnus.


Elle a insisté sur l’importance du soutien à la recherche et à l’innovation pour garantir la pérennité de cette filière d’excellence. Selon elle, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), désormais basée en Bourgogne, incarne cette capacité à trouver des solutions face aux défis du secteur. « S’adapter est une impérieuse nécessité et une opportunité face aux changements climatiques », a déclaré la ministre, mettant ainsi en avant la résilience de la viticulture française et internationale.
 
Dijon, ville viticole au rayonnement international
François Rebsamen, maire de Dijon, a mis en avant la reconquête du vignoble dijonnais, avec plus de 50 hectares d'AOC Bourgogne replantés en dix ans. Il a également rappelé la reconnaissance triple de Dijon par l’UNESCO : patrimoine mondial pour les Climats du vignoble de Bourgogne, patrimoine immatériel pour le repas gastronomique des Français, et pôle moteur pour la valorisation de la culture de la vigne et du vin à travers la Cité internationale de la gastronomie et du vin, inaugurée en 2022.


Un programme riche et varié
Durant les cinq jours du congrès, chercheurs, scientifiques, organisations professionnelles et administrations se réuniront pour échanger sur les grands enjeux du secteur, autour du thème « Congrès du centenaire : la vigne et le vin, un patrimoine innovant face aux défis du siècle ». Trois axes thématiques structureront les débats : un bilan des 100 ans de l’OIV, la vitiviniculture comme filière d'excellence, et l'adaptation face aux défis climatiques et sociétaux.

Jeannette Monarchi