BOURGOGNE

68 millions d'euros d'économies à réaliser pour la Région Bourgogne-Franche-Comté : un « abîme » à franchir

68 millions d'euros d'économies à réaliser pour la Région Bourgogne-Franche-Comté : un « abîme » à franchir

En ouverture de la session du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté de ce jeudi matin, la présidente Marie-Guite Dufay a annoncé que la Région devra réaliser 68 millions d’euros d’économies en 2025, dans le cadre du projet de loi de finances. Les débats ont révélé des divergences profondes entre les présidents de groupe, face à une situation budgétaire qualifiée de « scandaleuse ».

La session du Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté s’est ouverte ce jeudi matin avec l’annonce que la Région devra trouver 68 millions d’euros d’économies pour répondre aux injonctions du projet de loi de finances 2025. Ce plan, imposé par l'État, représente un défi colossal pour la collectivité, comme l’a exprimé la présidente Marie-Guite Dufay : « Je ne pensais jamais avoir à vous annoncer cela : c’est un abîme, une falaise, un gouffre ». Ces économies résultent principalement du gel de la TVA, une ponction de 2 % sur les recettes de fonctionnement, ainsi que de la diminution des dotations.
Marie-Guite Dufay a insisté sur le contexte « singulier » qui entoure cette mesure, marqué par une situation politique et financière nationale fragile : « Le projet de loi de finances est loin d’être juste. Les efforts demandés aux collectivités sont scandaleux ». Elle a rappelé que 70 % des investissements publics en France proviennent des collectivités, soulignant l’iniquité d’un plan où les collectivités, représentant seulement 8 % de la dette totale nationale, devront supporter 16 % des économies.
 
Des secteurs sanctuarisés malgré les coupes
La présidente a tenu à rassurer sur certains points, affirmant que la Région protégera trois secteurs jugés essentiels : « la transition écologique et énergétique, le financement des demandeurs d’emploi, la culture et le sport » resteront des priorités. Pourtant, la pression budgétaire pèsera sur d’autres domaines clés, tels que la mobilité, la modernisation des lycées, le développement économique ou le transport scolaire.
Marie-Guite Dufay a également évoqué des tensions persistantes dans la gestion des fonds européens FEADER destinés à l’agriculture. Si des retards existent, elle a assuré que tous les dossiers seraient traités d’ici juin 2025, tout en exprimant sa compréhension face à la frustration des agriculteurs qui manisferont demain devant le Conseil Régional : « Je comprends la frustration et la colère des agriculteurs, nous faisons le maximum ».
 
Les réactions des présidents de groupe
Julien Odoul, président du Groupe Rassemblement National, a vivement critiqué la gestion du gouvernement et celle de la majorité régionale : « Emmanuel Macron, le Mozart de la finance, est devenu l’Aya Nakamura de la dette publique ». Il a reproché à Marie-Guite Dufay son soutien passé au président, qualifiant sa posture actuelle de « larmes de crocodiles ». Selon lui, les économies doivent être réalisées sur « le superflu » comme l’apprentissage linguistique des migrants, l’écologie punitive et l’art contemporain.

Gilles Platret, président du groupe Rassemblement des Républicains, a également souligné la responsabilité écrasante du gouvernement Macron dans cette crise budgétaire. Il a dénoncé une crise d’austérité qui risque de frapper de plein fouet les collectivités locales et régionales, tout en mettant en lumière l’absence de transparence sur les milliards manquants dans les comptes publics.

Denis Thuriot, président des Élus Progressistes, a, quant à lui, centré son discours sur les préoccupations régionales. Il a mis en garde contre la situation critique des transports scolaires, soulignant que plusieurs dessertes ne sont toujours pas en place, ce qui complique la vie des usagers. Il a également critiqué le décalage entre la satisfaction exprimée par la majorité et la réalité difficile vécue par les agriculteurs sur le terrain.

Claire Mallard, à la tête du groupe Écologistes et Solidaires, a rappelé les nombreux défis écologiques et sociaux auxquels la Région et le pays font face. Elle a dénoncé la montée des discours xénophobes dans le débat public et critiqué le gouvernement pour ses choix fiscaux qui, selon elle, favorisent les plus riches tout en écrasant les collectivités et les classes populaires.

Muriel Ternant, présidente du groupe des élus communistes et républicains, a réclamé un cessez-le-feu face aux conflits internationaux, notamment au Liban et en Palestine. Elle a exhorté à une refonte des politiques fiscales et sociales pour combattre l’austérité imposée par l’État et rétablir l’investissement public.

Jérôme Durain, président du groupe de la majorité « Notre Région par cœur », a dénoncé l’imposture d’un gouvernement qui, selon lui, est sous la surveillance du Rassemblement National : « Le conglomérat de minorité, c’est vous ! » s'adressant à Julien Odoul, Gilles Platret et Denis Thuriot « Pourquoi soutenez-vous ce gouvernement ? Vous êtes complices ! ». Il a estimé que les sacrifices imposés par ce projet de loi de finances sont loin d’être justes et équilibrés, craignant pour la capacité de la Région à poursuivre ses projets d’investissement.
Cette entame de session du Conseil régional a révélé l’ampleur du défi à relever pour la Bourgogne - Franche-Comté, entre les impératifs d’économie et la volonté de ne pas sacrifier des secteurs essentiels.

Jeannette Monarchi 

Pour suivre la session qui se poursuit cet après-midi et demain vendredi c'est ici