BOURGOGNE

Se loger pour bien travailler ou l’inverse ?

Se loger pour bien travailler ou l’inverse ?

4,2 %, le taux de chômage beaunois est l’un des plus bas de Bourgogne Franche-Comté. Il suffit de le comparer à celui de Montbéliard qui atteint 9,8 %. « Le taux en Bourgogne Franche-Comté est de 6,5 % contre 7,1 % au niveau national avec de grandes disparités selon les territoires » précise Mylène Piroddi, directrice régionale de la stratégie et des relations extérieures de France Travail. Pourtant, partout, les entreprises expriment une difficulté commune à recruter. « A Digoin par exemple, 67 % des entreprises disent avoir des problèmes de recrutement. » 
Même si les zones frontalières comme le Doubs souffrent de la concurrence de la Suisse, d’autres peinent à trouver les bonnes personnes. « 85 % des entreprises mettent en avant le manque de candidat, suivi de près par les profils inadaptés. 17 % évoquent l’accès au lieu de travail. Il s’agit d’un frein périphérique qui intègre aussi bien la mobilité que le logement. »

Des logements à repenser
D’après une récente étude de l’INSEE, deux tiers de la population active n’habitent pas dans la commune où ils travaillent. « Un quart font plus de 50 kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail » complète David Brion, adjoint au chef de service des études de l’INSEE. L’expert des chiffres rappelle que la population régionale se concentre dans les villes et en zones frontalières, créant des zones tendues. Pourtant, la Bourgogne Franche-Comté occupe la première place des régions pour son taux de vacance avec 10 %. « Il s’agit de logements anciens qui peuvent être des passoires thermiques par exemple ou alors ils ne se trouvent pas sur les bons territoires. » 
La région occupe également la première place des territoires qui ont perdu des habitants. Ce constat se poursuit. « Cela ne soutient pas l’activité économique et cela a des répercussions sur le logement et les prix, avec des disparités. » Si le logement est intrinsèquement lié à l’emploi, il doit évoluer. « Avec le vieillissement de la population, nous avons besoin de plus de logements mais moins grands. » Dans le même état d’esprit, les logements plus anciens se destinaient à accueillir des familles nombreuses quand aujourd’hui de plus en plus de famille monoparentale recherchent des habitations plus petites et fonctionnelles. « Les salariés ont des aspirations nouvelles et de nouveaux usages. Nous devons avoir la capacité d’innover » explique Mathieu Aufauvre, directeur régional de la Banque des Territoires, en complément.

Des solutions de logement adaptées à tous les profils
Avec CDC Habitat et les foyers Adoma, la Banque des Territoires souhaitent apporter des réponses à tous les profils, y compris les plus fragiles. « Mais il y a aussi des enjeux sur les cadres, les étudiants ou les soignants » détaille Mathieu Aufauvre. Il évoque également une problématique spécifique aux emplois saisonniers, pendant les vendanges par exemple, qui soulèvent parfois un défi pour le logement. « Nous devons être capable de trouver des solutions modulaires pour répondre à l’emploi temporaire et enlever la contrainte du logement. » Il fait ainsi allusion à Toits Temporaires Urbains (TTU), des constructions bois modulables et déplaçables.
Si les solutions de logement s’inventent au quotidien, la rencontre a également permis de présenter des solutions de financement et d’accompagnement. Action Logement fait ainsi figure d’incontournable puisque la structure se plait à mettre en avant sa capacité à trouver une solution pour les collaborateurs des entreprises de plus de 10 salariés. Dépôt de garantie ou aide au loyer pour les alternants, près à l’accession à la propriété ou l’accession sociale pour tous les revenus ou encore prêt à la rénovation. « Notre rôle consiste à loger les salariés au plus près de leur emploi car cela participe de la qualité de vie et du pouvoir d’achat » a résumé Florent Trublet, directeur régional Action Logement Services. Avec des solutions de logement multiples, les acteurs locaux et entreprises espèrent inscrire durablement les talents sur le territoire.

Nadège Hubert