L’EFS de Besançon sera le producteur du premier CAR T-cells issu de la recherche académique française dans le cadre d’un essai clinique piloté par Advesya

L’EFS de Besançon sera le producteur du premier CAR T-cells issu de la recherche académique française dans le cadre d’un essai clinique piloté par Advesya

Fondée à partir des travaux de deux chercheurs issus de l’EFS Bourgogne-Franche-Comté, Advesya a développé un biomédicament permettant de cibler les leucémies aigues myéloïdes (LAM). Un essai clinique de phase I a été approuvé par les autorités européennes, marquant une étape cruciale dans le développement de ce traitement.

Un espoir thérapeutique pour vaincre la leucémie

Si les avancées thérapeutiques ont considérablement amélioré le pronostic face à certains cancers, d’autres restent réfractaires aux traitements et conduisent à long terme à des rechutes et des impasses thérapeutiques. C’est le cas de la Leucémie Aigüe Myéloïde (ou LAM), maladie agressive de la moelle osseuse diagnostiquée chez 5 000 personnes chaque année en France. Ces patients sont traités en première intention par des chimiothérapies intensives, qui détruisent à la fois les cellules cancéreuses et les cellules saines. Une autre alternative thérapeutique est la greffe de moelle osseuse pour les patients éligibles, qui sont peu nombreux.

Cependant, à 5 ans post traitement, plus de 80% des patients traités rechutent et se trouvent en impasse thérapeutique. Faute de traitement efficace, ce nouveau traitement par cellules CAR-T (ou CAR-T cells) ciblant la molécule IL-1RAP, une molécule exprimée par les cellules leucémiques, représente un réel espoir pour les patients atteints de LAM, pouvant conduire potentiellement à une rémission durable, voire la guérison.

Deux chercheurs de l’EFS Bourgogne-Franche-Comté à l’origine du projet d’Advesya

Impliqués dans la thérapie cellulaire et génique depuis près de 20 ans, les Dr Marina Deschamps et Christophe Ferrand sont directeurs de recherche de l’Établissement français du sang Bourgogne-Franche-Comté au sein de l’UMR1098 Right*. 

C’est à la suite d’un congrès scientifique aux Etats-Unis en 2013 qu’ils découvrent la thérapie cellulaire par CAR-Tcells, cellules génétiquement modifiées et programmées pour reconnaitre les cellules tumorales d’un patient et les détruire.

Interrogés par un collègue clinicien dont les patients sont en impasse thérapeutique et forts de leur expérience préalable, ils décident d’importer cette technologie au sein de l’unité de recherche à Besançon, grâce à l’aide précieuse et une collaboration avec le MD Anderson Cancer Center à Houston, pour développer un programme inédit.

L’EFS Bourgogne-Franche-Comté, un environnement propice au développement d’innovations thérapeutiques

Les reliquats de dons de sang, matière première essentielle à la recherche

Avant de passer à l’essai clinique, il est essentiel de démontrer les résultats obtenus sur des prélèvements biologiques humains testés in vitro. En travaillant à l’EFS, les deux chercheurs ont pu justement bénéficier de la matière première issue du reliquat des dons de sang et de plaquettes, ou de ressources biologiques ne répondant pas aux critères qualité et/ou thérapeutiques et ce, toujours avec l’accord des donneurs.

Un atout non-négligeable pour l’avancée de leur projet, comme le constate le Dr Marina Deschamps : « Travailler au sein de l’EFS permet d’avoir un accès facilité à des échantillons biologiques, un énorme avantage, envié de beaucoup de nos collègues chercheurs d’autres instituts. »

L’EFS BFC : un acteur de l’innovation, de la recherche à la bio-production

Des maladies aujourd’hui incurables ne le seront peut-être plus demain. C’est en tout cas ce défi que nos équipes cherchent à relever et ce que permet les compétences au sein de l’EFS en mettant au point des projets de recherche ambitieux que nous sommes ensuite en capacité de tester, de transférer vers la production pharmaceutique et de produire dans nos infrastructures de haute technicité : les plateformes de production de médicaments de thérapie innovante (MTI).

« L’environnement de l’EFS, particulièrement en Bourgogne Franche-Comté est propice à la recherche, explique le Dr Christophe Ferrand. La présence des laboratoires apporte de précieuses informations sur la biologie en oncohématologie, et les relations de proximité avec le CHU Minjoz de Besançon, tout comme la présence de cliniciens hématologues et oncologues au sein de l’unité de recherche, permettent des interactions favorables au développement de médicaments innovants pour traiter les patients. »

À l’appui des travaux de l’UMR1098 Right et fort de l’expérience antérieure des Dr Deschamps et Ferrand, l’EFS Bourgogne-Franche-Comté a su développer des unités de production de grade pharmaceutique, agréées par l’Agence Française de Sécurité du Médicament (ANSM). Une reconnaissance pour l’établissement et sa capacité à assurer la sécurité sanitaire comme la qualité exigée des produits sanguins.

Le site de Besançon compte donc parmi les 4 unités en France capables de produire des CAR-Tcells. Pour le projet CAR-T cells IL-1RAP, les chercheurs ont développé, en plus de la preuve de concept, les premières productions de leur médicament compatibles avec un usage chez l’homme. Le transfert a ainsi été facilité vers l’établissement pharmaceutique de l’EFS, site de Besançon.

Le suivi des patients inclus dans les protocoles de thérapie génique a permis de développer des outils biologiques de monitoring qui ont pu également être transférés et optimisés au sein de la Cellule Interface et Maturation en Bioproduction (CIM-BP) existante une fois de plus au sein de l’EFS BFC.

Un bassin bisontin favorable à l’innovation

En plus de l’EFS, les Dr Marina Deschamps et Christophe Ferrand ont été soutenus dans leur projet de recherche par Grand Besançon Métropole, et l’encadrement de l’incubateur local DECABFC, l’accélérateur Pôle des microtechniques (PMT), Branche Santé, et la Région Bourgogne-Franche-Comté. Pour sa partie académique, ce projet a reçu le soutien de nombreuses autres institutions comme la Ligue contre le cancer des comités de Montbéliard et Besançon, du Cancéropôle Grand-Est, de la Société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire (SFGMTC).

Les deux chercheurs ont également pu compter sur le soutien de nombreuses associations, notamment les Associations pour le Don de Sang Bénévoles (ADSB), partenaires historiques de l’EFS à qui ils ont présenté leurs travaux de manière vulgarisée à plusieurs reprises, mettant ainsi en lumière l’importance de leurs actions de sensibilisation aux donneurs de sang. D’autres associations impliquées dans le combat contre la leucémie ont également appuyé le développement de cette nouvelle thérapie, comme Nausicaa combat sa Leucémie, Semons l’espoir, Emma combat sa Leucémie, ou encore les Lion’s Club, tous unis derrière une volonté commune : offrir aux patients l’espoir d’une rémission, voire d’une guérison totale.4/4

Un essai clinique bisontin et européen… avec des CAR-T bisontins !

L’essai clinique piloté par Advesya vient d’être autorisé par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA), les patients seront donc inclus dans différents centres investigateurs à travers l’Europe, dont 2 en France.

Aujourd’hui, le CAR-T cells développé par l’équipe d’Advesya, issue de l’EFS de Besançon sera le premier CAR-T cells au monde à cibler IL-1RAP. L’essai clinique sera donc un essai clinique « first in man, first in class ». En France, ce biomédicament CAR-T cells sera le premier issu de la recherche académique française à être évalué en essai clinique. En effet, si la France est le premier consommateur de biomédicaments industriels de type CAR-T cells (Hémopathies B et Myélome multiple), il n’y a pas aujourd’hui d’essai clinique de CAR-T cells issus de la recherche académique française.

Il sera centralement produit par la plateforme MTI de l’EFS de Besançon et redistribué vers les centres cliniques européens. L’EFS deviendra ainsi le premier établissement public en France à produire des CAR-T pour un essai clinique.

*Les travaux académiques ont été réalisés au sein de l’EFS en partenariat avec l’INSERM, l’Université de Franche-Comté et le CHU de Besançon, détenteurs des brevets issus des inventeurs dont les inventeurs Dr Marina Deschamps et Christophe Ferrand et autres membres de leur équipe.

Ces brevets ont été licenciés de manière exclusive à la startup créée par les deux chercheurs bisontins.