ECONOMIE

La startup dijonnaise Ektah en lutte contre l’obésité

La startup dijonnaise Ektah en lutte contre l’obésité

Créer un médicament contre l’obésité, telle est l’ambition de la startup Ektah qui cherche à réaliser sa première étude sur des patients atteints.

La barre du milliard de personnes souffrant d’obésité dans le monde a été franchie en mars 2024. En France, 49 % de la population vit en surpoids dont 20 % en obésité. Si les problèmes de sous-alimentation concernent désormais principalement la région subsaharienne, les pays développés connaissent le revers de la médaille avec la surnutrition et l’abondance de malbouffe.
Depuis 2021, Xavier Boidevezi et Naïm Khan, professeur à l’université de Bourgogne primé pour ses travaux sur la perception gustative des lipides alimentaires, dirigent Ektah. « Après 15 ans de recherchen Naïm a identifié la molécule NKS – 3 qui peut réactiver les récepteurs gustatifs ayant perdu le goût du gras en sécrétant ce peptide. Il s’agit d’une solution naturelle. Notre ambition consiste à créer un médicament contre l’obésité » détaille Xavier Boidevezi. Après des études en laboratoire, la startup a franchi un nouveau cap entre 2022 et 2023 en réalisant une étude sur 27 volontaires sains pour évaluer, avec succès, l’innocuité de la molécule.

La chasse au trésor
« Nous cherchons à présent un financement pour mener une étude sur des patients obèses. » Alors que Naïm Khan se concentre sur la recherche, Xavier Boidevezi plonge dans les rouages administratifs et financiers pour lever une à une les barrières qui se dressent entre leur solution et sa future mise sur le marché. Un marché de l’obésité estimé à 154 milliards d’euros. « Aux Etats-Unis et au Canada, 163 millions de personnes sont concernées, 117 millions en Europe et 115 millions dans les pays arabes. » 
Après une première levée de 320 000 euros, la startup rencontre des difficultés à trouver des partenaires financiers même si de récents contacts semblent prometteurs. « C’est un marché porteur mais les fonds sont frileux tant que nous n’avons pas d’étude sur l’homme. Il faut aussi admettre qu’il existe un facteur chance dans les levées, il faut tomber au moment. » Le co-fondateur évoque également le parallèle qui existe entre une startup de province, à Dijon ou ailleurs, et les fonds souvent installés à Paris. « C’est mieux de créer en province mais il nous manque un accès à cet écosystème, celui des échanges informels pour toucher les fonds. En deux jours à Paris, j’ai eu plus de contact qu’après des mois de mails et de coups de téléphone. » 
Ces partenariats financiers s’avèrent indispensables pour que l’aventure Ektah continue et pour arriver à ce que le produit entre sur le marché, qui sait, dans quatre ou cinq ans peut-être.

Nadège Hubert