BOURGOGNE

Industrie et territoire, BPI dévoile son étude régionale

Industrie et territoire, BPI dévoile son étude régionale

Comment gagner la bataille de la réindustrialisation ? Pour répondre à cette question, BPI France Le Lab a réalisé, en mai dernier, une étude nationale, déclinée en ce mois de novembre de façon régionale, afin de mesurer le potentiel de chaque territoire.

« La réindustrialisation est un gros sujet économique post-covid et relève d’un enjeu de souveraineté » explique Tatiana Lluent, responsable d’études chez BPI France Le Lab. La France serait en mesure de rééquilibrer sa balance commerciale en s’appuyant pour deux tiers sur l’effort des industriels présents et leurs projets et sur les gigafactories et startups industrielles pour le tiers restant. « Cela devrait s’accompagner de la création de 600 000 à 800 000 emplois d’ici 2035 soit 57 000 à 60 000 emplois annuels. C’est un objectif ambitieux mais nous sommes optimistes quant aux ambitions de croissance, même si la conjoncture a un peu changé. » 


Afin d’identifier les différents potentiels des territoires, l’étude nationale sur la réindustrialisation réalisée en mai 2024 a profité d’une dimension régionale présentée par BPI France Le Lab ce 14 novembre. Ce travail attribue notamment à la Bourgogne Franche-Comté 5 % de la valeur ajoutée industrielle française. Pour autant, l’industrie représente 15 % de l’économie régionale quand la moyenne nationale est à 10 %.
Du côté des emplois, particulièrement marquée par la désindustrialisation qui a maillé l’histoire, la région a perdu 32 % de ses emplois industriels entre 1995 et 2015. Sans surprise pour ceux qui connaissent l’industrie territoriale, les secteurs de la métallurgie, de l’agroalimentaire ou encore du bois se démarquent par rapport aux autres filières.

Des atouts et des progrès à faire pour une bonne réindustrialisation
Pour évaluer le potentiel de réindustrialisation de la région, BPI France Le Lab a défini 33 critères neutres répartis en cinq catégories : capital physique, écosystémique, humain, qualité de vie et environnemental. Dans le premier, le capital physique, l’étude a notamment pris en compte la préoccupation majeure du foncier. « La Bourgogne - Franche-Comté ne dispose que de peu de sites clé en main. Ils ne représentent que 35 hectares contre une moyenne de 235 hectares ailleurs. Par contre, la région s’appuie sur du foncier disponible et de nombreuses infrastructures logistiques. » 
Pour le deuxième, le capital écosystémique, la région peut se targuer de sa forte culture industrielle. « On y trouve 9 des 100 plus grands sites industriels de France » précise Tatiana Lluent en évoquant Schneider Electric à Dijon (21), Alstom Transport au Creusot (71), à Belfort (90) et Ornans (25), Peugeot à Sochaux (25), Michelin à Blanzy (71), Stellantis à Sochaux (25), Safran au Creusot (71) et Safran Electronics à Dijon (21). « La tradition industrielle facilite les implantations. » 
Problématique récurrente pour les industriels désireux de s’installer sur un territoire, la recherche des compétences. « La Bourgogne - Franche-Comté forme 2 500 élèves en 2024 à travers des formations liées à l’industrie et réunit 3 % des talents nationaux. » L’offre de formation régionale, bien qu’existante, demande à être renforcée.
Au registre du capital qualité de vie, entre mobilité et accès aux soins par exemple, la région affiche une forte démarcation entre l’est et l’ouest, le second étant mieux pourvu que le premier. Enfin, les questions environnementales participent du choix d’implantation des industriels qui prêtent une attention particulière aux besoins en eau mais aussi aux épisodes de sécheresse. « On constate beaucoup d’hétérogénéité à l’échelle régionale. » 
Alors la Bourgogne - Franche-Comté a-t-elle le potentiel nécessaire pour participer de la réindustrialisation ? « Chaque territoire a du potentiel mais tous n’ont pas le même. Les questions du foncier, des compétences et de la mobilité pèsent dans les décisions. » 
En conclusion de son étude régionale, BPI France Le Lab a réalisé une enquête qui fait ressortir un attachement particulier des industriels à leur territoire tandis que les habitants du territoire affichent une motivation marquée à travailler dans l’industrie.

Nadège Hubert