GESTION DES DECHETS - Le coup de colère de Dominique Juillot, Président du SMET 71

GESTION DES DECHETS - Le coup de colère de Dominique Juillot, Président du SMET 71
GESTION DES DECHETS - Le coup de colère de Dominique Juillot, Président du SMET 71
GESTION DES DECHETS - Le coup de colère de Dominique Juillot, Président du SMET 71
GESTION DES DECHETS - Le coup de colère de Dominique Juillot, Président du SMET 71

A l'occasion des 20 ans du Centre d'Enfouissement et de Traitement des déchets de Chagny, Dominique Juillot, Président du SMET 71, a mis en garde la région Bourgogne-Franche Comté contre le changement éventuel des règles en cours. Les explications d'info-chalon.com.

C'est un président passablement énervé qui a pris le micro à l'occasion des 20 ans du SMET 71. Un anniversaire avec des odeurs de Phénix, avec la réouverture du centre de traitement, suite à l'incendie de mars 2023. Un incendie dont le coût est de l'ordre de 25 millions d'euros, dont 15 millions d'euros de perte d'exploitation. Une situation technique qui aurait pu être dramatique sans la réunion autour d'une table du groupe Paprec et du SMET 71.  Dominique Juillot a tenu à saluer ce sens de l'intelligence collective au service d'un territoire et surtout de ses habitants. Pour rappel, le SMET 71 gère les déchets de plus de 450 000 habitants entre la Saône et Loire et la Côte d'Or, mais aussi et surtout les emballages pour plus de 700 000 habitants jusqu'aux portes de Lyon. C'est dire toute l'importance de l'infrastructure qu'est le SMET 71. 

Si le SMET 71 continue d'après à la pointe de la gestion des déchets, le syndicat mixte aura été le précurseur national dans l'injection des gaz méthane dans le réseau collectif national via son usine de tri-méthanisation compostage ECOCEA. Pour le groupe PAPREC, l'usine de tri-méthanisation de Chagny est devenue un site référent après 8 ans d'exploitation, avec les meilleurs performances techniques enregistrées dont notamment la meilleure quantité de déchets traités, la meilleure producion de gaz et la meilleure production de compost. 

"Le SMET est le fruit d'une réflexion novatrice"

Pour Dominique Juillot, le SMET 71 est l'incarnation de ce que le politique a de meilleur dans sa réflexion au service du bien commun. "Il fallait gérer nos déchets, des gens de terrain se sont posés la question de la gestion. C'est la démonstration qu'on ne doit pas se laisser imposer les choses mais les devancer avec nos connaissances". 

Dominique Juillot a salué le travail de Vincent Tramoy, figure technique de proue au prémice de réflexion, aujourd'hui Directeur Général des Services de la ville d'Ajaccio, mais aussi Robert Duvernay, premier président du SMET et toutes les équipes qui ont pris la suite de l'aventure. Une manière de démontrer que l'aventure du SMET 71 est le fruit d'une aventure collective de gens engagés pour leur territoire. "Notre question de fonds, était tout sauf un incinérateur, on avait eu l'exemple de Cluny et de sa pollution aux dioxynes. On a créé un vrai écosystème pertinent en lien avec Terreal, gros consommateur d'énergie". 

De lourds investissements sans subventions

Avec son esprit taquin, Dominique Juillot a évoqué les multiples phases d'investissement dont notamment les 44 millions d'euros d'ECOCEA " avec seulement 10 % de subvention". Alors que la valeur des déchets n'a eu de cesse de se dégrader, il aura fallu au SMET 71 pour se garantir un équilibre budgétaire, d'étendre toujours plus loin son rayon d'action. "Il nous a fallu massifier les choses pour être plus performat avec des outils accueillant dans des conditions optimaes et des coûts acceptables les déchets de 360 000 habitants". 

"L'intelligence des gens font que les choses avancent sur l'aspect politique"

L'incarnation de cette intelligence collective au service du bien commun revient sans doute à l'adhésion de la CU Creusot-Montceau au SMET 71. Avec des accointances politiques bien différentes, les deux bassin de vie ont réussi à mettre de côté les divergences politiques pour faire avancer le dossier déchets. La CUCM a mis à disposition son site de Torcy, qui accueillera bientôt la mise en fonction du site de traitement de déchets TRICEA porté par l'entreprise Néos.

"Une boulimie de réglementation" qui met en danger le SMET et surtout le coût d'exploitation

L'année 2024 se termine sous de sombres auspices pour le SMET 71 avec de très vives inquiétudes, matérialisées par Dominique Juillot, en ce jour anniversaire. "Les obligations réglementaires font courir de gros risques. C'est une boulimie de réglementations" en perspective. Interdiction de mettre un terme à l'épandage du compost en 2027, TGAP mais surtout obligation de réduire de moitié la capacité d'enfouissement pour la passer de 55 000 tonnesà 30 000 tonnes, sont au coeur de la colère du Président. 

"Si cela se confirme, ça sera lourd de conséquences" a-t-il prévenu. "Ce sont 25 000 tonnes de déchets qui vont reprendre la route à travers la Bourgogne-franche Comté et la région Rhône Alpes avec la conséquence d'une perte nette de 4,6 millions d'euros de chiffre d'affaire pour le SMET, et augmenter de 30 % les coûts dès 2025", de facto sur nos portes-monnaie. "A l'heure où l'on demande aux collectivités de réduire les coûts et de faire l'économie, je ne comprends le sens de cette décision politique. Ici depuis toujours, on ne fait pas de politique, mais de la pratique, dans le quotidien de nos administrés. Que chacun comprenne qu'il y a urgence !". 

"On demande l'autorisation d'enfouissement jusqu'en 2042"

Dominique Juillot a plaidé afin "qu"une solution acceptable soit mise en place", d'autant plus avec les amortissements financiers en cours. "On veut aller au bout de nos autorisations jusqu'en 2042". L'idée étant d'obtenir un moratoire pour trouver une solution acceptable pour chacun dans les 5 années qui viennent. "Il nous faut du temps alors qu'il reste encore 18 millions d'euros d'investissement à amortir. Ne mettons pas à mal les 20 années de travail collectif. On a du gaz sous nos pieds. On est une plante verte sur laquelle on déverse du désherbant alors qu'on devrait la fortifier".

Laurent GUILLAUMÉ