BOURGOGNE

Assemblée générale du BIVB - Laurent Delaunay, président : « La Bourgogne a de la chance, mais l’équilibre reste fragile »

Assemblée générale du BIVB - Laurent Delaunay, président : « La Bourgogne a de la chance, mais l’équilibre reste fragile »

Face aux défis climatiques et économique et à une récolte en baisse, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) mise sur l’innovation, la gestion durable des stocks et une communication modernisée pour continuer à valoriser les vins de Bourgogne.

Ce vendredi matin, au Palais des Congrès de Beaune, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) a tenu son assemblée générale d’hiver. Sous la présidence de Laurent Delaunay, les professionnels de la filière ont dressé un bilan des actions passées et esquissé les grandes lignes des projets à venir, dans un contexte marqué par des défis climatiques, économiques et techniques. 
 
Un millésime 2024 marqué par une récolte en baisse…
Laurent Delaunay est revenu sur la récolte 2024, estimée à 1,135 million d’hectolitres, soit une baisse de 40 % par rapport à 2023. Malgré tout, ce volume reste supérieur de 13 % à celui de 2021, la plus petite récolte depuis 40 ans. « Ces chiffres nous invitent à réfléchir à une réalité directement liée au dérèglement climatique. Il est essentiel de travailler à tous les niveaux pour constituer des stocks pendant les bonnes années et les utiliser lors des campagnes marquées par une faible production. Heureusement, nous disposons encore de 650 000 hectolitres de stock accumulés en 2022 et 2023, ce qui devrait permettre à la campagne 2024-2025 de se dérouler relativement bien, comparée à 2021 où les faibles volumes ont exercé une pression à la hausse sur les prix » a déclaré Laurent Delaunay. 
 
…mais un millésime résilient
François Labet, Président-Délégué du BIVB, a salué la résilience des viticulteurs face aux intempéries : « Ce millésime ne nous aura rien épargné, entre gel et grêle, mais il est savoureux et bon. Bio ou pas bio, même combat. Nous avons tous été confrontés aux mêmes défis. Ce qu’il faut retenir, c’est notre capacité à produire malgré tout ».
 
Des marchés en reprise, mais un équilibre fragile 
En France comme à l’international, les ventes de vins de Bourgogne sont reparties à la hausse, une performance unique dans le paysage viticole français. « La Bourgogne est la seule région à afficher un positionnement positif, mais l’équilibre reste fragile. Nous sommes sur un chemin de crête où tout peut basculer. Nous devons aborder cette situation avec humilité. La Bourgogne a de la chance, mais l’équilibre reste précaire », a ajouté le président Laurent Delaunay, citant les incertitudes liées aux taxes potentielles sur les exportations, notamment aux États-Unis avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. 
 
Un bilan financier maîtrisé malgré les défis 
Le budget 2023-2024, équilibré à 16,13 millions d’euros, a été soutenu à 80 % par les cotisations des professionnels. Cependant, la baisse des récoltes impactera les cotisations de 2024-2025, entraînant un déficit prévisionnel de 2,19 millions d’euros, qui sera absorbé par les réserves (estimées à 12,47 millions d’euros).

Focus sur les pôles stratégiques du BIVB

Technique et Qualité : innover pour l’avenir 
Avec un budget de 1,94 million d’euros, ce pôle se concentre sur des projets stratégiques comme : 
- Qanopée, un projet innovant de serre bioclimatique de 4 000 m² mené par les trois interprofessions Beaujolais, Champagne et Bourgogne pour sécuriser la production de matériel végétal face aux défis climatiques et biologiques. Livraison en 2025 du bâtiment construit en Champagne dans la commune de Blancs-Coteaux au sud d’Epernay.
- Apogée 2021, un outil prédictif pour évaluer le potentiel de longévité des vins blancs de Bourgogne. 
- Des conservatoires de cépages (1 000 lignées de Pinot Noir, 800 de Chardonnay, 300 d’Aligoté) pour préserver le patrimoine génétique. 
« La recherche est essentielle pour garantir la qualité des vins de Bourgogne tout en répondant aux enjeux climatiques », a souligné Frédéric Barnier, Vice-Président de la Commission Technique. 
 
Marchés et Développement : anticiper les tendances 
Avec 633 000 € investis en 2023-2024, ce pôle a mené des études sur les tendances des consommateurs et les coûts de production. Le Plan 2025 met l’accent sur : 
- La perception des vins de Bourgogne par les jeunes générations ; 
- L’analyse des coûts pour garantir des itinéraires techniques durables ; 
- L’optimisation de la gestion des volumes. 
 
Marketing et Communication : moderniser l’image des vins 
Avec un budget de 7,86 millions d’euros, dont 3,42 millions pour la communication des vins de Bourgogne, ce pôle poursuit une stratégie ambitieuse pour : 
- Séduire les jeunes générations avec des messages modernes et accessibles ; 
- Valoriser les petites appellations et les acteurs locaux ; 
- Mettre en avant l’engagement environnemental de la filière. 
« Nous voulons rendre les vins de Bourgogne accessibles à tous, casser les idées reçues et justifier leur valorisation par leur qualité et leur rareté », a déclaré Michel Barraud, Vice-Président de la Commission Communication. 
Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) a dévoile sa nouvelle campagne de communication (lire par ailleurs).
 
Cité des Climats et des Vins : une fréquentation « décevante »
Avec 80 000 visiteurs en 2024, la Cité reste un atout majeur pour la valorisation des vins de Bourgogne – le BIVB a investi 1,26 M € (11% de son budget) en 2023-2024-, bien que les chiffres soient en deçà des estimations initiales. « Nous sommes un peu déçu quant aux attentes, mais cette fréquentation reste bonne par rapport à d’autres sites, nous sommes sur une courbe croissante. Nous devons mieux identifier les ressources potentielles pour maximiser l’impact de ce site exceptionnel », a précisé Laurent Delaunay. Un audit en cours permettra d’ajuster les stratégies dès janvier 2025. 
 
Résilience et ambition pour 2025 
L’assemblée générale a réaffirmé l’engagement du BIVB envers l’innovation, la durabilité et l’accessibilité. Malgré les défis climatiques et économiques, la filière bourguignonne continue de se réinventer pour s’adapter aux évolutions du marché et des attentes des consommateurs. 

Jeannette Monarchi