CÔTE D'OR
Conseil départemental de la Côte-d’Or - François Sauvadet défend un budget 2025 d'engagement et de responsabilité
Par Jeannette Monarchi
Publié le 16 Décembre 2024 à 12h03
Malgré des contraintes financières fortes, le Conseil départemental de la Côte-d’Or a voté un budget 2025 axé sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement à hauteur de 580 M€ et des investissements ciblés de 96 M€. François Sauvadet défend un cap clair : solidarité, aménagement du territoire et transition énergétique pour un avenir collectif durable.
Depuis ce lundi matin jusqu'à demain, le Conseil départemental de la Côte-d’Or se réunit pour débattre et voter un budget 2025 ambitieux mais marqué par des contraintes financières accrues. Sous la présidence de François Sauvadet, cette session a mis en lumière les enjeux économiques, sociaux et environnementaux du territoire.
Solidarité en action : une aide d’urgence pour Mayotte
François Sauvadet a ouvert les débats en soulignant l’importance de la solidarité, annonçant une aide exceptionnelle de 50 000 € pour Mayotte : « Face à l’urgence humanitaire dans un contexte de grande précarité et de pression migratoire, notre département se mobilise pour apporter son soutien ». Cette initiative s’inscrit dans une démarche collective des Départements de France.
Une situation économique difficile mais résolue
Le président a insisté sur le contexte économique tendu, évoquant les défis liés à la flambée des dépenses sociales (+70 M€ en trois ans) et à la baisse des recettes (-37 M€) : « Si cette tendance se poursuit, il ne restera plus aucun euro à investir dans les années à venir ». Malgré cela, la Côte-d’Or a maintenu une trajectoire de désendettement, avec une réduction de 100 000 € en 2024.
Pour 2025, un budget en fonctionnement de 580 M€ est prévu, en baisse de 6 M€, avec un effort d’économie de 10 M€ concentré sur le fonctionnement. François Sauvadet a néanmoins rappelé : « Nous continuerons d’investir pour préserver nos infrastructures essentielles et répondre aux attentes des Côte-d’Oriens ».
Pour contribuer à cet effort, une réduction de 240 000 € est prévue pour Côte d’Or Attractivité, avec pour objectif d’optimiser les résultats malgré des moyens restreints. Par ailleurs, les pays sollicitant des fonds européens seront désormais orientés vers la région, impliquant une économie de 300 000 €.
Cette gestion rigoureuse vise à préserver l’aide prioritaire aux communes et introduire un nouveau Pacte social en Côte-d’Or, renforçant l’approche individualisée face à la précarité et au vieillissement. L’objectif est de mieux maîtriser les dépenses sociales, non pas en les réduisant mais en les rendant plus efficaces :
- 100 M€ pour les personnes âgées,
- 100 M€ pour les personnes en situation de handicap,
- 74 M€ pour la protection de l’enfance.
En 2024, les charges sociales augmenteront de 2,8 M€ pour les allocations individuelles de solidarité (AIS) et de 1,7 M€ pour les frais d’hébergement. Face à ces défis, François Sauvadet défend les mesures engagées : « Qu’on ne nous dise pas que nous en faisons trop peu. En cinq ans, les dépenses pour l’enfance ont augmenté de 40 %, et les personnes âgées bénéficient de 31 % de ressources supplémentaires ».
Pour les allocations d’autonomie, chaque nouvelle demande sera désormais accompagnée d’une visite à domicile par un agent du département. Concernant l’enfance, il a souligné fermement : « Le placement ne peut être la seule solution. Nous faisons face à des tensions sur les recrutements et à des situations de violence ». Le président appelle le gouvernement à développer des solutions innovantes, notamment la recherche de tiers de confiance ou des placements temporaires.
Avec ce nouveau cap, le département réaffirme son engagement : individualiser les réponses pour protéger chaque habitant et offrir une approche plus humaine et adaptée.
Investissements prioritaires
Le département consacrera 96 M€ à l’investissement en 2025, soit 12 M€ de moins qu’en 2024, tout en ciblant des priorités essentielles :
- 22 M€ pour les routes et ouvrages d’art pour garantir sécurité et mobilité.
- 15 M€ pour les collèges (modernisation, sécurisation, végétalisation).
- 20 M€ d’aides aux communes, pour renforcer l’aménagement du territoire.
- 15 M€ pour le projet Osmose, symbolisant une approche durable et innovante.
Sobriété énergétique
Grâce à des efforts sur la rénovation énergétique et le verdissement des flottes de véhicules, le département a réduit sa consommation de fluides et carburants de 14 %, économisant 4,5 M€ en 2024 : « Ces investissements, comme le bâtiment Osmose, nous permettront d’économiser jusqu’à 400 000 € par an sur un amortissement de 25 ans ».
Une solidarité renouvelée pour les plus fragiles : un Pacte social individualisé
Le budget 2025 consacre près de 274 M€ à la solidarité :
- 100 M€ pour les personnes âgées,
- 100 M€ pour les personnes en situation de handicap,
- 74 M€ pour la protection de l’enfance, dont les besoins explosent (+40 % en cinq ans).
François Sauvadet a annoncé des mesures renforcées pour une meilleure gestion : « Toute nouvelle demande d’allocation d’autonomie sera accompagnée d’une visite à domicile. Pour les enfants, le placement ne peut être la seule réponse. Nous privilégierons des solutions innovantes et adaptées ».
Insertion et emploi
La Côte-d’Or poursuit l’expérimentation France Travail, avec des résultats encourageants : 809 bénéficiaires du RSA ont retrouvé un emploi à Beaune et Genlis. Cette initiative sera étendue au département pour une généralisation progressive.
Malgré les contraintes, François Sauvadet a conclu sur une note optimiste : « Ce n’est pas un budget de renoncement, mais d’engagement envers les Côte-d’Oriens. Nous devons préserver notre avenir collectif ».
Un débat animé entre majorité et opposition
« Ce budget constate nos difficultés sans véritable vision politique. »
Christophe Avena (Conseiller Départemental, Dijon 5) a ouvert les débats avec un constat alarmant : « Incertitude poste de recette et dépense dans un contexte national, compliqué quelles charges viendront alourdir nos finances ? ». Il a exprimé ses préoccupations face à l'impact de la montée du chômage, de la précarité et de l'urgence climatique, et leur effet sur les finances locales. Selon lui, le budget présenté manque de visibilité et de clarté : « Vous abordez avec une part d’inconnu préoccupante, vous parlez d’un budget responsable, mais une part importante de nos dépenses, RSA, APA, … est dictée par le national, partiellement compensé par l'État ».
Il a souligné les contradictions du budget, notamment la baisse des crédits à l'insertion, et a proposé des solutions concrètes pour un budget plus équitable : « je propose une tarification sociale plus juste pour le repas à 2 € et à accélérer la rénovation énergétique dans les collèges ». Il a aussi rejeté la subvention de 2,5 millions d'euros pour la rénovation du définitoire de l'abbaye de Cîteaux, un bâtiment privé, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une priorité.
Le président François Sauvadet a réagi aux critiques avec fermeté. Il a rappelé l’importance de maintenir une politique de solidarité malgré le contexte difficile : « nous avons l’obligation d’assumer nos responsabilités ». Il a mis en avant l'effort d'insertion avec un budget de 69 millions d'euros pour la lutte contre l'exclusion, tout en affirmant que le département ne servirait pas de « béquille aux désengagements de l’État ». François Sauvadet a également souligné la nécessité d'une coopération renforcée avec la région et d'autres collectivités : « La Région doit travailler à nos côtés pour répondre aux problématiques des jeunes ».
« Renforcer la solidarité territoriale »
Nathalie Koenders (Conseillère Départementale, Dijon 2), en tant que maire de Dijon, a appelé à un soutien plus marqué du département pour sa capitale. Elle a salué les avancées avec la signature prochaine d’une convention entre le Département et la ville de Dijon en matière de solidarité territoriale et humaine, d’éducation, emploi, culture et sport… « J’en appelle à un soutien plus accru du département pour sa capitale. »
« Réaffirmer l'équilibre des territoires »
Marie-Claire Bonnet-Vallet (Vice-Présidente en charge du Tourisme) a profité de l'occasion pour dénoncer la politique de décentralisation menée par l’État depuis plusieurs décennies. Elle a insisté sur le fait que les départements, en particulier la Côte-d’Or, sont souvent laissés à eux-mêmes face à des transferts de compétences sans financement. « Cette politique de décentralisation, de transfert de compétences sans financement depuis 40 ans, conduit à mettre nos départements sous perfusion de l’État », a-t-elle déclaré, appelant à réaffirmer l’équilibre des territoires et la nécessité de créer de la valeur ajoutée localement.
"Réinterroger les aides aux collèges privés"
L'une des interventions les plus tranchées a été celle de Céline Maglica (Conseillère Départementale, Dijon 6), qui a mis en lumière l'injustice du système de tarification des repas scolaires à 2€ pour tous, y compris dans les établissements privés. « La période que nous vivons est propice à réinterroger nos pratiques », a-t-elle affirmé. Céline Maglica a proposé de revenir à une tarification sociale en fonction des revenus, soulignant que le système actuel pénalise les familles modestes et les travailleurs avec de petits salaires. Elle a également dénoncé la dotation de 690 000 € pour l'aide financière aux repas dans les collèges privés, suggérant que ces fonds pourraient ne pas réduire le coût des repas pour les collégiens. « Est-ce que cette aide permet réellement de diminuer le coût de la cantine ? », a-t-elle interrogé.
François Sauvadet a répondu avec force aux accusations de Céline Maglica : « Longue diatribe contre le privé, vision archaïque ou malthusienne… ». Il a rappelé son engagement pour la liberté de choix des familles en matière d’éducation, défendant la politique du repas à 2€ pour tous : « Cette année encore, nous maintenons un repas à 2€ pour tous les collégiens ». Il a rejeté les critiques sur les subventions au privé, estimant qu’elles sont nécessaires pour garantir un choix éducatif diversifié. « Une prestation n’est pas un impôt », a-t-il martelé, soulignant son intention de continuer à soutenir les établissements privés tout en réévaluant les dotations.
« Un budget social en forte hausse »
Emmanuelle Coint (1re Vice-Présidente en charge des Solidarités) a mis en avant l’augmentation substantielle des crédits pour les solidarités, avec une hausse de 79 millions d’euros depuis 2019. Elle a dénoncé les critiques de l’opposition, en les interpellant sur leur manque de reconnaissance pour ces efforts : « Difficile pour vous de dire merci pour ce budget ? », a-t-elle lancé, rappelant l’importance de ces mesures pour soutenir les plus fragiles.
« Un budget préparé avec rigueur »
Martine Eap-Dupin (Vice-Présidente Finances et Ressources Humaines) a salué le travail de préparation du budget face aux contraintes imposées par l’État, notamment les 21 millions d'euros d'économies demandées. « Heureusement que nous nous sommes désendettés », a-t-elle indiqué, soulignant que cette gestion prudente a permis au département de maintenir sa stabilité financière malgré des demandes de plus en plus pressantes.
« Une vision claire et de stabilité »
François-Xavier Dugourd (Vice-Président aux Finances) a réaffirmé la stabilité financière du département et sa capacité à mener des économies tout en maintenant un haut niveau de services publics. « Nous avons un cap, une vision lisible et des finances saines », a-t-il déclaré, tout en regrettant que certains élus de Dijon ne reconnaissent pas toutes les aides apportées à la ville. Il a également souligné l’importance de soutenir à la fois les territoires ruraux et urbains, en assurant que le département continue d’agir pour le bien-être de tous.
Jeannette Monarchi
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