Aider l’Agriculture de Mayotte en participant à la reconstruction des filières agricoles.
Par J-C Reynaud
Publié le 07 Février 2025 à 17h18
Ce département français d’Outre-Mer vit essentiellement par son agriculture, qu’elle soit arboricole, maraîchère ou d’élevage. Un tiers des besoins calorifiques de la population provient de l’agriculture de cette île dans l’Océan Indien, les autres besoins arrivent par mer ou par air, c’est dire tout l’importance de cette activité pour l’économie et la survie de ce territoire français.
Le cyclone Chido du samedi 14 décembre à détruit toute l’île, auquel s’est ajouté à moindre échelle le cyclone Dikeledi le 16 janvier 2025 dans le sud de l’île, ils font que le territoire se retrouve privé de sa grande ressource interne pour approvisionner foyers et étals des commerces locaux.
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Des dégâts énormes dans les vergers mahorais
Votre site info-chalon.com a pu contacter un agriculteur, Laurent Guichaoua, installé à Mayotte, au centre de l’île. Cet agriculteur est président de la Coopérative des Agriculteurs du Centre (COOPAC), regroupant un trentaine d’agriculteurs spécialisés dans le verger mahorais. Il est également président de l’Union des Coopératives de l’île. Ces autres coopératives regroupent les producteurs de maraichage, d’élevage et laiterie, de vanille, café, cacao, au total plus d’une centaine de professionnels de l’agriculture auxquels s’ajoutent de petites exploitations recensées auprès de la Mutualité Sociale Agricole (MSA).
Dans sa souriante amabilité pour répondre aux questions que nous lui avons posé, force a été de constater une grande inquiétude pour l’avenir écologique et économique de cette île lointaine certes, mais toutefois qui est le 101e département français.
Si des moyens ne sont pas mis en place dans les mois et semaines à venir, particulièrement pour replanter une végétation arboricole afin d’assurer les besoins en nourriture, mais aussi et surtout pour stabiliser les sols et éviter une érosion pouvant déstabiliser les conditions de vie humaine, animale et végétale.
Toutes les filières sont touchées
Le secteur du Maraîchage a été complètement ratissé que ce soit en serre ou en plein champ.
Des élevages de poussins et des volailles ont totalement disparus du paysage et des éleveurs bovins ou caprins ont perdu du bétail mettant en cause le bon fonctionnement des laiteries. Pour exemple un bâtiment de 400 m2 pour la volaille peut avoir à coté 2 HA de verger.
Quant au verger mahorais, 50% des arbres sont à considérer comme morts. Ce qui a survécu est couché ou ébranché. Il faut considérer nous a précisé notre interlocuteur que « 10% de ce qui n’a plus de feuilles n’a pas trop bougé mais nous étions en pleine floraison de l’année pour les agrumes, manguiers, litchis, cocotiers, avocatiers, cacaoyers, goyaviers, etc … . "
L’impact du cyclone sur l’agriculture touche toutes productions confondues.
Prévoir sur le long terme
Il ressort de notre entretien qu’il faudra du temps pour rétablir la production particulièrement des vergers, au regard de ce président de coopérative, tout en négligeant pas les autres filières agricoles de l’île qui devront se rebâtir en structures.
Le plus gros coopérateur de l’île a 20 serres-tunnels, il n’en gardé aucune. Faire venir une serre de Métropole (Angers) cela veut dire : passer commande en versant un acompte, donc avoir les fonds disponibles; faire venir la serre par bateau; la monter. Tout ceci à un coût trois fois plus cher qu’en Métropole avec un délai entre la commande et voir l’outil productif, pouvant être de un an à un an et demi pour une récolte.
Un coopérateur a lancé la culture du cacao pour produire un excellent chocolat ( nous avons pu en gouter ). Cette culture a mis 5 ans avant de voir une production pleine et commercialisable. Les arbres sont vivants mais ils sont tous couchés. Il sera possible de récolter quelques cabosse en fin d’année, avec ce qui vient d’arriver une prochaine production pleine prendra deux ans.
« Pour vous donner une idée pour ce mois de janvier écoulé notre chiffre d’affaires à chuté de 90% au regard des autres années à pareille époque ou nous sommes en période de quasi totalité de production. » nous précise cet agriculteur. Et d’ajouter : « Certains replantent sur du cycle court comme le concombre, l’aubergine, mais si l’on parle de banane, qui est un aliment essentiel sur cette île mahoraise, c’est dramatique. Le déracinement des arbres fait que l’eau de pluie n’est plus retenue et cela va générer une érosion du sol, sachant aussi que les exploitations ont des produits mélangés comme le manguier, l’arbre à pain, etc… »
Les aides souhaitées et ne pas être des oubliés
« Nous avons eu des aides ponctuelles en décembre et janvier; une aide forfaitaire également mais cela ne tient pas compte de la longueur pour reconstituer le verger. Ce que l’on craint s’est de retrouver à se débrouiller seuls au bout de 3 à 4 mois l’évènement passé. Le cyclone sera vite disparu des mémoires, oubliant l’agriculture qui est un secteur très touché, même si de notre coté nous n’ignorons pas que d’autres secteurs ont été impacté. »
Effectivement au travers des informations que nous avons pu avoir en direct de Mayotte, un secteur comme la santé avec l’hôpital a été touché il n’est pas pensable que tout soit rétabli en quelques jours. De même il faudra de très nombreux charpentiers pour remettre les tôles sur les toits des bâtiments.
Pour les exploitations agricoles c’est un vaste chantier de nettoyage dans un premier temps afin de remettre les terres en état de culture. Il faut refaire des serres pour assurer des plants en plein champ ou de la culture, qu’elles soient maraichères ou arboricoles. Mais également il faut ré-équiper les réseaux d’eau et d’électricité tous touchés et reconstruire les locaux envolés comme les bâtiments de stockage du matériel et des produits. Pour exemple le local de fermentation du cacao est totalement détruit; des toitures solaires sur les locaux d’irrigation se sont envolées.
Quels sont les besoins
Notre interlocuteur est très clair sur ce point concernant les besoins :
« Pour le nettoyage il y a déjà beaucoup de fait pour accéder aux parcelles. Par le canal des Jeunes Agriculteurs des tronçonneuses ont été fournies auxquelles se sont joints des aides du Département.
Les agriculteurs ont surtout besoin de remettre en état des choses qui sont cassées mais réparables. Certains pour travailler sont partis sur ces cycles courts et vont se préparer pour la saison sèche qui arrive en mai et je crains qu’elle soit plus sèche que d’habitude, laissant la possibilité de faire les traditionnels brulis avec des risques d’incendie. »
A entendre les propos on comprend que l’agriculture dans ce département de Mayotte est de première nécessité pour la subsistance de la population de l’île. Sans l’agriculture, comme partout ailleurs, la vie ne serait pas possible pour la santé et l’économie d’un pays.
Ce qu’attend le monde agricole de cette terre française, avec sa population en très grande majorité mahoraise, est très clair et constructive :
- Assurer une rapide replantation de la végétation. Pour exemple l’île offre des possibilités en récupérant des rejets pour la banane et le manioc en faisant des boutures.
- La reconstruction des réserves d’eau sur les exploitations pour permettre de passer la saison sèche. Cela revêt un caractère d’urgence car les citernes de stockage permettent d’assurer l’alimentation d’une pépinière pour la saison suivante.
- Planter le verger mahorais pour décembre 2025, en période de saison des pluies, pour cela il faut accompagner les pépiniéristes locaux dès maintenant : « Il faut rapidement soutenir cette activité des pépiniéristes. Nous devons passer commandes, verser un acompte pour qu’ils puissent préparer les plants et eux sont comme tout le monde, leurs entreprises se sont envolées avec ce cyclone ; les réserves d’eau ne sont plus en état; leurs préparations sont écrasées et c’est d’eux que dépend la replantation à Mayotte pour décembre 2025. »
La reconstitution du verger mahorais ne pourra commencer à se faire qu’en décembre 2025 et janvier 2026 pour les espèces emblématique de l’île. Il faudra faire appel à du personnel intérimaire et avoir du matériel pour le faire à cette échelle.
La Coopérative a élaboré un budget prévisionnel. Le cout estimé est de l’ordre de 300000€ pour 15000 arbres à replanter, soit un cout de 20 € par arbre. Une demande d’aide est en cours auprès de la Fondation de France mais cela ne sera pas suffisant.
Comment aider au financement
En dehors d’une opération tee-shirt « soutenons nos agriculteurs » qui reste un peu locale et consistant à acheter un tee-shirt pour 30€ dans le cadre unique de la COOPAC, le Président serait favorable à une aide directe aux pépiniéristes de l’île : « Ils sont 5 sur l’île et à mon avis ce serait plus facile de contenter tout le monde. De plus ils peuvent aider toutes les filières à reprendre leur capacité de production au cours de l’année prochaine 2026. L’un de ces pépiniéristes est Président de la Chambre d’Agriculture. On a vraiment besoin que eux répondent à notre demande pour replanter chez nous. »
C’est un voie logique qui va permettra à des moyens de s’acheminer qu’ils soient financiers ou techniques, un appel est lancé en Métropole en direction tous : collectivités, entreprises et particuliers.
JC Reynaud
Contact sur place
Président de l’Union des Coopératives de Mayotte
Laurent GUICHAOUA
Lieu dit Boudraguela
97680. COMBANI
Courriel : [email protected]
Telephone : (262) 06 39 69 26 58
Attention au décalage horaire + 2 heures à Mayotte
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