BEAUNE
Municipales Beaune 2026 - « Je veux couper les rubans des projets que j’ai initiés », Alain Suguenot explique sa candidature pour un ultime mandat
Par Jeannette Monarchi
Publié le 19 Février 2025 à 07h31

Dans une interview accordée à Info-Beaune.com, Alain Suguenot, élu maire depuis 28 ans, veut mener un dernier mandat « réduit » pour terminer les chantiers en cours : Cité des Vins privée, Halle événementielle, rocade, école Blanches-Fleurs, piscines… Mais la question de sa succession reste entière.
Après cinq mandats à la tête de la ville, qu’est-ce qui vous motive à vous représenter pour un dernier mandat, même réduit ?
— Ce n’était pas un secret, j’avais déjà annoncé que je ne ferai pas un mandat complet. Je mènerai la liste aux élections municipales pour terminer les dossiers en cours. Ma décision de briguer un sixième mandat s’inscrit dans une logique de continuité et d’achèvement des projets que nous avons engagés et qui, en raison de la pandémie de COVID-19, ont pris du retard. Nous avons perdu deux années cruciales en 2020 et 2021, et plusieurs chantiers qui auraient dû être finalisés bien plus tôt ont été repoussés. C’est notamment le cas de la Cité des Vins privée, un projet que nous aurions dû voir aboutir depuis 2019, et qui est pourtant resté en suspens.
Par ailleurs, d’autres infrastructures essentielles pour les Beaunois, comme la rocade, la piscine ou encore l’école Blanches-Fleurs, nécessitent un suivi rigoureux jusqu’à leur achèvement.
Tous ces projets sont bien lancés, mais vous souhaitez aller jusqu’au bout ?
— Ce sont mes "bébés". Je veux couper les rubans des projets que j’ai initiés et financés. J’ai personnellement porté ces dossiers, trouvé les investisseurs, monté les aspects juridiques et techniques. Prenons l’exemple de la Cité des Vins privée. Ce projet, conçu dès 2019, ne s’est pas limité à une idée posée sur le papier : il a fallu convaincre des investisseurs, structurer juridiquement et techniquement le dossier et sécuriser son financement. Personne d’autre ne s’en est réellement occupé avec cette intensité, à l’exception de Charlotte (Fougère, 2e adjointe en charge de la culture, du mécénat et des grands projets NDLR), qui suit certains grands projets avec moi. Mais la maîtrise complète de ces dossiers repose en grande partie sur les réseaux que j’ai construits au fil des années. C’est le cas également pour la future Halle événementielle, un espace ludique et festif qui manque cruellement à Beaune et pour lequel nous avons longtemps cherché un exploitant avant de pouvoir concrétiser le projet grâce à mes contacts avec le Groupe Culturespaces.
Par ailleurs, d’autres projets comme la transformation de l’Hôtel des Ducs me tiennent particulièrement à cœur. Cet édifice historique, situé à proximité de l’Hôtel-Dieu, mérite une revalorisation ambitieuse qui permettrait d’en faire un véritable pôle historique pour Beaune. Nous avons la chance d’avoir un bâtiment du XVe siècle qui était la résidence de Philippe Le Bon lorsqu’il venait siéger au Parlement de Bourgogne, le projet est d'offrir une perspective immersive et complémentaire à l’Hôtel-Dieu. Là encore, j’ai mobilisé mon réseau pour assurer la faisabilité de ce projet.
Vous avez annoncé un "mandat réduit" pour mener à bien les grands projets en cours. Concrètement, quelle durée envisagez-vous et avez-vous déjà ?
— Mon objectif est clair : assurer la bonne conduite des projets jusqu’à leur terme, ce qui nous mène à fin 2027 voire premier trimestre 2028. D’ici là, nous aurons achevé des chantiers majeurs comme la piscine et le pôle scolaire Blanches-Fleurs. Mais plus encore, il s’agit de garantir que la transition municipale se fasse dans de bonnes conditions.
Vous ne souhaitez pas faire un mandat complet ?
— Non, à un moment donné, il faut savoir passer le relais. J’ai commencé ma carrière politique très jeune : vice-président de la région Bourgogne à 32 ans, puis député et maire à 40 ans,… Aujourd’hui, il est temps de préparer l’avenir en permettant à une nouvelle génération d’émerger. Ma priorité est donc d’assurer une transition progressive et structurée. Mon rôle au cours des prochaines années sera de finaliser les grands projets et d’identifier un successeur qui puisse assurer la continuité tout en apportant un souffle nouveau. Je ne veux pas m’accrocher au pouvoir, mais je veux m’assurer que ce que nous avons construit ces dernières décennies perdure et se développe encore.
Avez-vous une idée de la personne qui pourrait vous succéder ?
— Pour l’instant, non. C’est bien là le drame : au sein de l’équipe actuelle, personne ne semble en mesure de reprendre le flambeau. D’une part, parce qu’ils ne disposent ni du réseau ni de l’expérience nécessaire avec la même efficacité. Mon passé de parlementaire m’a beaucoup aidé dans la gestion des dossiers et dans la construction de ces relations. Le maire de Beaune doit être un acteur influent, capable de tisser des liens avec les instances départementales, régionales et nationales pour accélérer les processus administratifs et économiques. Aujourd’hui, mener un projet municipal demande bien plus de temps qu’il y a 20 ans : un dossier qui aurait pris deux ans auparavant en nécessite désormais six. Sans un ancrage solide dans les sphères de décision, une ville comme Beaune risquerait de stagner.
Je veux donc prendre le temps d’identifier un successeur potentiel qui puisse s’inscrire dans cette continuité. L’idéal serait de trouver une personne plus jeune, autour de 35 ans, qui puisse incarner l’avenir de la ville tout en poursuivant les ambitions que nous avons portées ces dernières décennies.
Vous n’avez pas l’impression d’avoir une trop grande exigence par rapport à la personne qui puisse vous succéder ?
— Honnêtement, ce n’est pas à moi de choisir cette personne, et il n’y a pas de droit de succession. Par définition, la future maire ou le futur maire sera l’émanation du conseil municipal puisque c’est lui qui délibère. Toutefois, il y a un héritage à transmettre. J’aimerais que tout ce que nous avons mis en place soit poursuivi et amélioré. Mon souhait est de voir une continuité dans les projets initiés, tout en apportant des idées nouvelles. En partant en cours de mandat, j’offre l’opportunité à une nouvelle équipe de prendre les rênes. Cela permet aussi de tester la capacité de cette équipe à porter un projet collectif. Ce qui compte pour moi, c’est que dans la composition de la future liste, il y ait déjà des personnes montrant des velléités de leadership. Il faut que je puisse dire aux Beaunois qu’il y a, parmi les nouveaux candidats, deux ou trois personnes capables de prendre la relève. L’ambition d’un maire, quand il dit « j’arrêterai en cours de mandat » c’est d’avoir quelqu’un qui prendra la suite même avec une vision différente mais avec une ambition identique pour la ville.
Mais leur avez-vous donné l’opportunité de se familiariser avec ces dossiers ?
— Bien sûr. Lorsque j’étais député, chacun avait la possibilité de prendre sa place. Mais l’ancienneté joue un rôle clé : avec le temps et les mandats, on tisse des liens, y compris au niveau national. Tous les maires de Beaune avant moi ont eu des ambitions nationales, que ce soit en tant que député ou sénateur. Cela fait une vraie différence. Aujourd’hui, la situation est plus complexe. Sans réseau national, il est difficile d’exercer pleinement la fonction de maire de Beaune, une ville qui, bien que de taille modeste, fonctionne comme une grande ville. Et cela le sera encore plus dans les années à venir.
Pour être un candidat sérieux, il faut déjà avoir une vision qui dépasse le cadre strictement local. Prenons l’exemple de la communauté d’agglomération : le maire de Beaune y est élu non pas par ses propres électeurs, mais par les élus des autres communes. En tant que député, j’ai eu l’opportunité d’être connu et reconnu par ces communes, ce qui a facilité mon élection à la présidence de l’agglo. Ce n’est pas tant le maire de Beaune qui est président, mais bien Alain Suguenot, fort de son expérience et de ses relations. Sans cela, des tensions et des rivalités auraient pu émerger entre les communes, y compris avec la ville-centre.
Il faut donc quelqu’un qui ait une véritable stature politique, une posture qui s’acquiert avec le temps et surtout avec l’envie de voir plus loin que Beaune. Pour ma part, je voyage beaucoup, je vais à la rencontre des acteurs politiques et économiques au-delà des frontières de la ville. C’est indispensable.
Et c’est important que Beaune reste à la présidence de l’agglomération ?
— C’est même essentiel. C’est moi qui ai créé l’agglomération, et Beaune y a toujours joué un rôle moteur. Nous avons attiré des entreprises, structuré le développement économique et financé les projets clés. Si un non-Beaunois prend la présidence, nous risquons de perdre cette dynamique. Il faut un dirigeant capable de défendre les intérêts de la ville tout en intégrant les communes environnantes.
Le dynamisme économique que nous avons insufflé à l’échelle intercommunale repose largement sur les efforts que nous avons déployés pour attirer des entreprises et stimuler l’emploi local. Nous avons réussi à convaincre 49 nouvelles entreprises de s’installer sur la zone d'activités Porte de Beaune, un travail de longue haleine qui nécessite une approche proactive et un solide réseau de contacts. C’est aussi le cas de la deuxième phase des Cerisières, qui nécessitera à nouveau d’aller chercher des investisseurs.
Je vois mon rôle comme celui d’un VRP au service du territoire, et c’est une logique qu’il faudra impérativement préserver dans les années à venir pour garantir la prospérité de l’agglomération.
Allez-vous partir sous une étiquette ?
— Non, je ne partirai sous aucune étiquette. Tout le monde connaît mes opinions. J’ai toujours été clair : je ne suis pas de gauche, ni d’extrême-droite, et je n’ai jamais été centriste. Mon électorat est historiquement de droite, et je suis proche des Républicains, mais je ne suis plus officiellement membre du parti. Je n’ai jamais demandé d’investiture ; je l’ai obtenue grâce à mon travail et à ma proximité avec les Beaunois. Et si il y a d'autres listes de droite, cela n'aura rien de nouveau. Lors de la dernière élection, j'avais quatre listes en face de moi. Tout le monde veut devenir maire de Beaune, mais peu sont prêts à assumer le travail qui suit. Quatre listes contre moi, cela a toujours été le cas, et c'est normal, chacun a le droit de s'exprimer. La vraie question est de savoir qui prend ses responsabilités une fois élu. C’est là que réside la différence.
Ne craignez-vous pas le score du Rassemblement National comme aux Législatives ?
— Aux municipales, le scrutin est avant tout un vote de proximité. Les Beaunois votent pour une personne qu’ils connaissent, pour un visage familier. C’est pour cela que je ne suis pas particulièrement inquiet. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le vote réactionnaire qui est souvent un vote de protestation plus qu’un vote d’adhésion. Ce type de vote n’apporte rien de concret pour la gestion de la ville. La stratégie est donc de continuer à être proche des habitants et de répondre à leurs préoccupations réelles pour éviter un vote de mécontentement.
Vous étiez entouré des jeunes du Conseil Municipal des Jeunes lors de votre annonce lors de la cérémonie des voeux. Quelle place souhaitez-vous donner aux nouvelles générations dans la gouvernance locale ?
— L’objectif est d’aller au-delà des débats politiciens en incitant les jeunes à s’impliquer concrètement dans leur ville, à comprendre les problématiques locales et à proposer des projets. Par exemple, j’avais lancé le Pass Beaune pour faciliter l’accès aux activités locales (cinéma, commerces, piscine, transport). Cela a bien fonctionné pendant cinq ou six ans, mais personne ne l’a reconduit. Si les jeunes du Conseil Municipal souhaitent relancer un projet similaire, nous le ferons.
De même, j'avais créé Beaune Aventure, des raids à vélo de 500 km permettant à une cinquantaine de jeunes de créer des liens forts. Faute de repreneurs, ce projet a été abandonné. C’est le problème : certains élus plus jeunes n’ont jamais repris ces initiatives.
Avec les jeunes du Conseil Municipal, je retrouve cette énergie et cette envie d’initiative. Ils veulent relancer des projets, proposer de nouvelles idées, et je les encourage à le faire. Je n’attends que ça, mais personne ne l’a fait jusqu’à présent.
Il faut recréer ces dynamiques pour renforcer le lien social. Le véritable enjeu est de trouver des personnes prêtes à s’investir, des élus actifs, dynamiques, et même sportifs. C’est justement ce qui manque aujourd’hui
Après 5 mandats à la mairie de Beaune, quel regard portez-vous sur l’évolution de la ville sous vos mandats ? Y a-t-il un projet dont vous êtes particulièrement fier ?
— Beaucoup de choses ont été réalisées, et je suis assez content de ce que l’on a fait. Ma plus grande fierté est d’avoir offert à la ville une véritable respiration en 30 ans. Quand je suis devenu maire, 65 % des métiers étaient liés au vin ; aujourd’hui, cela représente moins d’un quart. La diversification économique a permis à la ville de s’ouvrir et de se moderniser.
À l’époque, Beaune était contrôlée par quelques acteurs majeurs, mais elle est désormais beaucoup plus ouverte et dynamique. Ce changement de vision a permis de réaliser de nombreux projets, même si des obstacles existaient, comme le fait que certaines routes appartenaient au département, limitant nos actions.
L’un des projets dont je suis le plus fier est la création de la rocade et du péage nord, qui représente aujourd’hui 40 % du trafic. À l’époque, personne n’en voulait, mais cela a grandement facilité l’accès à la ville. Pour financer ce projet, j’ai mobilisé mes réseaux parlementaires et obtenu un financement de l’État, ce qui serait plus difficile aujourd’hui.
Cependant, il faut maintenant trouver des personnes prêtes à poursuivre cet élan, avec une vision d’avenir pour la ville. C’est un engagement quotidien, un sacrifice de vie. Moi, je ne regrette rien, mais il devient difficile de trouver des jeunes prêts à s’engager pleinement.
Fait intéressant : aucun maire de Beaune depuis un siècle n’était natif de la ville : Roger Duchet, Lucien Perriaux, Henri Moine et moi-même venions tous de l’extérieur. Cela a sûrement apporté une vision différente et une ouverture qui ont contribué à cette évolution.
Quel est maintenant votre calendrier ?
— J’ai 14 mois devant moi. Je vais voir qui souhaite repartir, qui a le temps de s’investir et intégrer de nouvelles personnes. En général, il y a la moitié de nouveaux pour impulser des projets frais. J’ai mes poids-lourds comme Jean-François Champion, Jean-Luc Becquet, Xavier Coste ou encore Anne Caillaud. D'autres sont plus récents, et certains ont été laissés de côté à cause de querelles internes.
Je suis toujours très motivé, avec des priorités sur l’éducation, le logement, etc.
Pour chaque mandat, j'ai choisi un thème fort : « Beaune Passion » pour expliquer ma passion pour la ville, ma vision sur 10-12 ans. « Naturellement Beaune » pour la révolution 0 carbone, la bio Cité des vins, les navettes électriques, les pistes cyclables...
Cette fois-ci, ce sera orienté sur l’éducation, les écoles, une ville plus centrée sur les Beaunois, pour leur quotidien, avec un focus sur les jeunes et les familles. L’idéal serait de trouver un successeur de 35 ans, homme ou femme, pour continuer cette vision. Mais il faut trouver la bonne personne.
Je n’avais pas prévu de rester 30 ans, mais le plus difficile reste la transmission. Il faut un successeur naturel qui ait l’envergure nécessaire.
Jeannette Monarchi
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