BOURGOGNE

Budget et orientations de la Région Bourgogne-Franche-Comté : un équilibre fragile dans un contexte national incertain

Budget et orientations de la Région Bourgogne-Franche-Comté : un équilibre fragile dans un contexte national incertain

L’Assemblée plénière de la Région Bourgogne-Franche-Comté s’est tenue ce vendredi avec un débat crucial sur les orientations budgétaires pour 2025. Dans un contexte marqué par des incertitudes économiques et institutionnelles, la Région cherche à concilier prudence budgétaire et maintien de ses ambitions stratégiques.

La présentation du débat d'orientations met en lumière les difficultés liées à un contexte national troublé. Entre contraintes budgétaires, stabilisation économique et volonté de maintenir des investissements stratégiques, la Région tente de définir une trajectoire réaliste pour les années à venir.
 
Un contexte budgétaire tendu
L'année 2024 a été marquée par une crise institutionnelle inédite en France, exacerbée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin et la difficulté de former un gouvernement stable. Dans ce climat d'incertitude, la préparation du projet de loi de finances pour 2025 a été un exercice périlleux pour le gouvernement de Michel Barnier, qui s'est inscrit dans une logique de réduction de la dépense publique.
Les collectivités territoriales, et notamment les Régions, ont été appelées à participer à cet effort budgétaire. Toutefois, après la censure du gouvernement Barnier et l'adoption d'un projet de loi remanié, les contraintes financières ont été partiellement atténuées. La Région Bourgogne-Franche-Comté doit néanmoins composer avec une diminution de ses ressources et une nécessaire adaptation de ses politiques publiques.
 
Une gestion budgétaire prudente et stratégique
Malgré les tensions budgétaires, la Région conserve une situation financière relativement saine, lui permettant d'éviter des coupes drastiques dans ses politiques publiques. Une économie de 30 millions d'euros est cependant prévue sur le fonctionnement, avec une première tranche de 10 millions d'euros dès 2025. Cet ajustement concernera la majorité des secteurs d’intervention, à l’exception des politiques culturelles, ferroviaires et écologiques. La Région privilégiera une approche basée sur l’analyse des besoins réels et l’efficacité des financements accordés.
L'augmentation du tarif des certificats d'immatriculation, prévue à 60 euros dès juillet 2025, constituera une ressource supplémentaire pour la Région. Par ailleurs, le plan pluriannuel d'investissement sera réévalué pour s'adapter à ces nouvelles contraintes budgétaires tout en maintenant des engagements dans des domaines stratégiques, notamment la transition écologique et les mobilités.
 
L’évolution des dépenses d’investissement
En décembre 2023, la Région a voté un Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) de 2,343 milliards d’euros pour la période 2024-2030. Un besoin d’investissement accru, notamment dans le secteur des mobilités (achat de matériel roulant et modernisation des petites lignes), avait initialement projeté ce PPI à 2,6 milliards d’euros.
Toutefois, compte tenu des contraintes budgétaires, la Région a décidé de limiter le volume global du PPI à 2,3 milliards d’euros, en procédant à des redéploiements budgétaires pour répondre aux priorités sans alourdir la dette. En 2025, les investissements resteront ambitieux avec une enveloppe estimée à 575 millions d’euros.
 
Les perspectives régionales à l'horizon 2030
Malgré une baisse des recettes conjoncturelles, notamment issues des fonds européens et du PRIC, la Région maintient un niveau d'épargne brute solide et une capacité de désendettement en deçà du seuil d'alerte de 9 ans.
L'effort de maîtrise des dépenses concernera tous les secteurs, sauf la culture, les mobilités ferroviaires et la transition écologique. Une attention particulière sera portée au développement économique, à l'agriculture et au tourisme, des secteurs clés pour l'emploi régional.
 
Une nouvelle ressource potentielle : le Versement Mobilité Régional
La loi de finances pour a introduit une nouvelle possibilité pour les Régions : instaurer un Versement Mobilité Régional (VMR) auprès des employeurs de plus de 11 salariés. Cette taxe pourrait rapporter jusqu’à 35 millions d’euros par an pour la Bourgogne-Franche-Comté, exclusivement dédiés à l’amélioration de l’offre de transport régional. Une concertation avec les employeurs sera menée avant toute adoption de cette mesure.
 
Une stratégie d'endettement sécurisée
L'encours de dette de la Région, estimé à 1,47 milliard d'euros fin 2024, reste sous contrôle. La stratégie d'emprunt repose sur un équilibre entre recours au marché obligataire, partenariat avec la Banque Européenne d'Investissement et emprunts bancaires classiques.
Face à un contexte budgétaire contraint, la Région Bourgogne-Franche-Comté s'efforce de préserver ses ambitions tout en adaptant sa stratégie financière. L'équilibre entre maîtrise des dépenses, maintien de l'investissement et recherche de nouvelles ressources sera déterminant pour assurer la pérennité des politiques régionales et la résilience du territoire.
 
Prochaines étapes : Vote du budget en assemblée régionale le mois prochain
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