CÔTE D'OR

Session du Conseil Départemental – « Nous devons continuer d’être utiles aux Côte-d’Oriens » déclare François Sauvadet

Session du Conseil Départemental – « Nous devons continuer d’être utiles aux Côte-d’Oriens » déclare François Sauvadet

Le Conseil Départemental de la Côte-d’Or se réunit ce lundi sous la présidence de François Sauvadet. Face aux défis économiques et sociaux, le président du Département a insisté sur la nécessité de maintenir l’engagement du territoire malgré des contraintes budgétaires de plus en plus fortes. Soutien aux salariés, attractivité du territoire, infrastructures et solidarités : retour sur les débats de cette session.

Le Conseil Départemental de la Côte-d'Or se réunit ce lundi à l'Hôtel du Département à Dijon sous la présidence de François Sauvadet. Plusieurs dossiers seront abordés.
Dès son propos liminaire, François Sauvadet a exprimé son inquiétude quant aux difficultés financières rencontrées par les départements : « Deux tiers des départements sont en difficulté, nous n'avons plus aucune marge de manœuvre fiscale. La Dotation Globale de Fonctionnement et la TVA sont gelées, représentant 40 % de nos revenus, et on nous annonce un milliard d'euros de charge supplémentaire. Pour la Côte-d'Or, cela signifie 1,1 million d'euros supplémentaires avec la revalorisation du RSA au 1er avril. On ne peut pas continuer comme ça, sinon on ira dans le mur ».
Il a dénoncé un prélèvement de 10 millions d'euros en 2025 pour la Côte-d'Or pour la réduction de la dette nationale, avec un effort supplémentaire qui sera demandé en 2026, s'interrogeant « sur les services qu'il serait nécessaire d'abandonner ? Il faut que l'État arrête de charger la barque ».
 
Soutien aux salariés et réindustrialisation
François Sauvadet a abordé la question des 1 000 emplois menacés par des plans sociaux, notamment avec la situation des salariés de Tetra Pak. Il a exprimé son soutien à la non-fermeture du site et à la relocalisation d'activités industrielles. « Nous devons être attentifs aux plus fragiles et faire preuve de solidarité. » Concernant Tetra Pak dont l'usine de Longvic va fermer, - une délégation de salariés est présente à cette séance -, un vœu de soutien sera présenté en désapprobation du lockout et en soutien aux salariés.
 
Solidarité et emploi : un nouveau Pacte Social
L'augmentation de 2,5 % des bénéficiaires du RSA (soit 10 114 personnes en Côte-d'Or) a été un sujet majeur de discussion. Le département affiche une volonté claire d'accompagner ces allocataires vers l'emploi. « Nous ne voulons pas rester les bras ballants. Nous devons accompagner d’une main ouverte mais ferme les personnes pour se réinsérer dans l’emploi. Il y a encore trop d’emplois non pourvus, y compris dans le domaine social. »
Emmanuelle Coint, première vice-présidente en charge des solidarités, a présenté les grands axes du nouveau Pacte Social : « Nous voulons un accompagnement personnalisé, individualisé et global en fonction des besoins de la personne. Il ne s'agit pas d'un modèle unique appliqué à tous, mais d'une réponse graduée tenant compte de l’environnement et des ressources de chacun ».
Le budget des solidarités atteint 365 millions d'euros (70 % du budget total), une augmentation non compensée par l'État.
 
Protection de l’enfance et lutte contre la délinquance juvénile
Le président du Conseil a rappelé que le département protège actuellement 3 315 enfants, soit une augmentation de 7 % en un an. Il a exprimé son souci croissant face à l'accueil des 0-3 ans, qui a doublé en deux ans. « Nous devons rechercher toutes les solutions alternatives. La protection de l’enfance ne doit pas devenir la seule réponse à des situations familiales dégradées. L’État doit prendre sa part de responsabilité. »
Par ailleurs, la montée de la délinquance juvénile a été pointée du doigt. « Les jeunes auteurs de faits délictueux répétitifs ne relèvent pas de la protection de l’enfance, mais bien de la justice et de la société. Nous devons regarder cette situation en face. »
 
Le vieillissement de la population : un défi majeur
Le vieillissement est une préoccupation essentielle pour le Conseil Départemental. François Sauvadet a rappelé que d'ici quinze ans, un tiers de la population aura plus de 60 ans. Le département consacre 200 millions d'euros à la prise en charge du handicap et du vieillissement. « Nous demandons à ce que le taux de couverture de l’Allocation Indépendance et Solidarité atteigne 50 % d'ici 2027. Mais cela ne suffira pas. Nous avons besoin d’un financement pérenne via une part de CSG, et la Nation doit prendre ses responsabilités. »
 
Emploi, investissements et infrastructures
Le Conseil investit pour l'emploi, avec 75% des marchés attribués à des entreprises locales (60 millions € injectés). François Sauvadet insiste sur la nécessité de maintenir l'aéroport de Dôle, critiquant l'abandon de son soutien par la Région. « Trouvons des positions équilibrées pour ne pas freiner l'économie. »
Avec 33 % de sa fréquentation assurée par des habitants de la Côte-d’Or, l’aéroport de Dole joue un rôle essentiel pour la mobilité et l’attractivité du territoire. François Sauvadet déplore que, pour des raisons idéologiques, la Région ait choisi de ne plus soutenir cette infrastructure stratégique. « Nous avons besoin d’un aéroport capable d’accueillir des gros porteurs, notamment pour le développement de la zone Est. » Dans cet esprit, le Département a travaillé en concertation avec le Jura, le Grand Dole, la Métropole de Dijon, la Ville de Dijon et le Département de Saône-et-Loire afin de garantir le maintien de l’aéroport. « Il faut sortir des postures dogmatiques sans ces infrastructures, c’est toute l’activité économique qui est fragilisée. » Face à ces enjeux, le Conseil Départemental propose une aide pour soutenir l’aéroport via les infrastructures, sous réserve du vote de cette mesure.
 
Un engagement réaffirmé envers les agriculteurs
La question agricole a été abordée avec la promesse de maintenir les aides sur trois ans à hauteur de 1,7 million d'euros. « 30 % des agriculteurs partiront à la retraite d’ici cinq à six ans. Qui nous fournira de l’alimentation demain ? Nous devons préserver notre agriculture. » 
 
Choix budgétaires et cohésion sociale
Face aux contraintes, le Conseil abandonne l'aide à la pierre mais maintient son soutien au logement social. Malgré les contraintes budgétaires, le Conseil a tenu à rassurer les acteurs du sport et de la culture. « Ces secteurs participent à la cohésion sociale et territoriale. Nous maintiendrons notre soutien à leur niveau actuel. »
François Sauvadet a terminé son intervention en insistant sur la nécessité de rester à l'écoute des habitants. « Nous sommes à mi-mandat. Les trois prochaines années seront décisives. Dans un contexte où la colère monte, nous devons continuer à être utiles aux Côte-d'Oriens et œuvrer pour un avenir commun. »

Interventions des élus

Christophe Avena (Conseiller Départemental, Dijon 5) souligne l’importance de la liberté d’expression dans un contexte mondial marqué par des tensions profondes. Le débat politique est un pilier de la démocratie. Selon lui, il est crucial de poser sur la table les perspectives d’avenir et d’interroger les moyens de financement. Il rappelle que la Côte-d’Or doit être un modèle de transparence et que l’attractivité des métiers est une question centrale du pacte social. Il appelle à un débat clair et sans ambiguïté : « Donnons-nous les moyens d’un débat clair ».
Laurence Porte (Vice-Présidente Développement local et Attractivité, Conseillère Départementale Montbard) interpelle sur l’avenir des lignes Dijon-Lille et Dijon-Paris, essentielles pour le désenclavement de Montbard. Elle rappelle que la desserte de Montbard est primordiale pour son activité et insiste sur la nécessité d’une solidarité territoriale pour une Côte-d’Or équilibrée. François Sauvadet a exprimé son soutien et espère que l’annonce du maintien de la desserte sera suivie d’effets : « Vous pouvez compter sur l’engagement du Département pour un arrêt à Montbard, la solidarité est acquise ».
Catherine Hervieu (Conseillère Départementale, Canton Dijon-3) attire l’attention sur le rapport de la Cour des comptes concernant la jeunesse (15-25 ans) en France : 9 millions de jeunes concernés, avec une accentuation des inégalités géographiques, sociales et économiques. Elle regrette que les dispositifs d’accompagnement soient peu connus et plaide pour une politique globale de qualité en faveur des jeunes, avec l’insertion sociale comme condition essentielle. François Sauvadet reconnaît la complexité du système et rappelle que le Département n’a pas compétence pour les jeunes de 21 à 25 ans.
Massar N’Diaye (Conseiller Départemental, Canton Dijon-6) dénonce les conséquences du capitalisme mondialisé sur l’emploi, notamment pour les salariés et leurs familes mais aussi les sous-traitants, qui sont souvent sacrifiés pour des logiques économiques et financières. Il appelle à une mobilisation collective pour ces travailleurs : « Il ne faut pas manquer de moyens et rester unis dans ces combats ».
Emmanuelle Coint (1ère Vice-Présidente en charge des Solidarités) présente les deux volets du nouveau pacte social avec pour philosophie, une approche individualisée et globale, prenant en compte les besoins spécifiques de chaque personne. Elle insiste sur l’importance d’adapter les réponses en fonction des ressources, de l’habitat et de l’environnement : « Nous ne voulons pas d’un modèle uniforme, mais une réponse graduée et adaptée à chaque situation ».
Pierre Poillot (Conseiller Départemental, Canton Arnay-le-Duc) relaie l’inquiétude des associations de don du sang, qui se sentent abandonnées et presque méprisées malgré leur rôle crucial pour la santé publique. Il alerte sur les difficultés qu’elles rencontrent pour organiser leurs collectes et appelle à une meilleure reconnaissance de leur mission.
 
Vœu sur la vigne et les droits de douane
Les nouvelles menaces de taxation à 200 % sur les exportations de vin français inquiètent fortement, car elles impacteraient directement la compétitivité du secteur viticole. Un vœu est proposé pour dénoncer cette mesure et demander une intervention des autorités compétentes.

Jeannette Monarchi