BEAUNE

Cité des Climats de Beaune - L'Aligoté en Bourgogne : d'un passé modeste à un avenir radieux

Cité des Climats de Beaune - L'Aligoté en Bourgogne : d'un passé modeste à un avenir radieux

Pendant des siècles, l’Aligoté a été cantonné à un rôle de second plan, souvent jugé trop vif, trop rustique, et relégué à l’ombre des grands blancs de Bourgogne. Mais le vent tourne : porté par l’essor de Bouzeron, seule appellation communale dédiée à ce cépage, et par un nouvel engouement des amateurs de vins frais et minéraux, l’Aligoté s’impose enfin comme un vin à part entière. La table ronde organisée à la Cité a permis de faire le point sur son potentiel et les défis qui l’attendent.

L'Aligoté a longtemps traîné une image de cépage de second plan en Bourgogne, souvent associé au célèbre Kir, ce mélange avec de la crème de cassis destiné à masquer une acidité jugée trop vive. Dans une région où le Pinot Noir et le Chardonnay règnent en maîtres, l'Aligoté n'a jamais eu les mêmes lettres de noblesse. Son histoire, marquée par des jugements sévères et des conditions de culture exigeantes, l’a souvent cantonné à un rôle mineur.
Pourtant, il s’agit d’un cépage ancien qui existe depuis au moins la fin du XVIe siècle, mais il faut attendre la fin du XXe siècle pour que l'on redécouvre son potentiel. Malgré des mentions dès 1783 sous le nom de "plan de trois" autour de Dijon, et une reconnaissance accrue au XIXe siècle, l’Aligoté a subi un long purgatoire avant de retrouver une place digne de son héritage viticole.
 
Une reconnaissance tardive mais méritée
L’Aligoté est officiellement mentionné sous son nom actuel en 1807, mais avec un commentaire cinglant : "raisin à détruire". En 1825, il est décrit comme un cépage médiocre, indigne des grandes tables bourguignonnes. Pourtant, il continue d’être planté et gagne peu à peu en notoriété. Il faudra attendre 1997 pour voir enfin une appellation communale consacrée à l'Aligoté : Bouzeron, qui devient l’unique village à revendiquer exclusivement ce cépage.
 
Une mise en avant lors de la table ronde de la Cité des Climats et vins de Bourgogne
Jeudi dernier, la Cité des Climats et vins de Bourgogne organisait une table ronde intitulée « L'Aligoté, d'un passé glorieux à un avenir radieux ? ». Cet soirée a permis de redécouvrir toutes les facettes de l'Aligoté : son histoire, ses terroirs, ses arômes, son adaptation au changement climatique, ainsi que sa perception par les consommateurs.
Des experts de renom ont participé à cet échange : Pierre de Benoist, vigneron et président de l’ODG de Bouzeron, Jean Rosen, directeur de recherche émérite au CNRS et président de l’Association « Rencontres des cépages modestes », Françoise Vannier, géologue spécialiste des terroirs bourguignons, et Sylvain Pataille, vigneron et membre de l'Association Les Aligoteurs.
Les visiteurs ont ainsi pu découvrir que, contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de terroir unique favorisant la culture de l’Aligoté. On le retrouve sur des sols variés, de la Côte de Nuits et de Beaune à la Côte Chalonnaise, ou encore dans l’Auxerrois en passant par des terrains calcaires, gréseux ou volcaniques.
 
Bouzeron, fief incontesté de l'Aligoté
Bouzeron, situé en Côte Chalonnaise, est le porte-étendard de la renaissance de l'Aligoté. Cette appellation village, reconnue en 1997, impose des règles de production strictes, garantissant une expression pure du cépage. Implanté entre 300 et 400 mètres d'altitude, sur des coteaux bien exposés, l'Aligoté de Bouzeron se distingue par sa finesse et sa minéralité.
Comme l’a souligné Pierre de Benoist, « le cépage Aligoté est en train de retrouver ses lettres de noblesse, comme avant la crise du phylloxéra ». Aujourd’hui, Bouzeron revendique 61 hectares d’Aligoté sur les 150 hectares de son aire d’appellation.
 
Un avenir prometteur pour l'Aligoté
Grâce à l’engagement des vignerons et à l’évolution des goûts des consommateurs, l’Aligoté connaît une véritable renaissance. Des domaines réputés, comme celui d’Aubert de Villaine (co-gérant de la Romanée-Conti) à Bouzeron, démontrent que ce cépage peut donner naissance à des vins de grande qualité, rivalisant avec certains blancs de Bourgogne plus prestigieux.
L’Aligoté de Bouzeron n’est plus un simple vin d’appoint. Il séduit de plus en plus d’amateurs en quête d’authenticité, de fraîcheur et d’élégance. Avec une reconnaissance croissante sur la scène internationale et une approche qualitative affirmée, l’avenir de l’Aligoté en Bourgogne s’annonce plus brillant que jamais.

Jeannette Monarchi
 

1