2024 : Dans un contexte mondial tendu, belle année pour les vins de Bourgogne

La campagne 2024-2025, marquée par une récolte 2024 moins généreuse que les deux précédentes, connaît nécessairement un retrait en volume des échanges internes à la filière des vins de Bourgogne, mais elle continue de profiter des deux millésimes précédents, pour répondre aux demandes des marchés.

Des sorties de la propriété impactées par le volume de la récolte 2024
Après deux belles campagnes, 2022-2023 et 2023-2024, la campagne 2024-2025 est marquée par un millésime 2024 moins généreux. Ce qui, automatiquement, impacte la dynamique des sorties de propriété en volume sur les 7 premiers mois de campagne : - 17,4 % / 7 mois 2023-2024.

A l’identique des sorties de propriété, les transactions enregistrées par le BIVB sont en baisse de 18,8 % pour les 7 premiers mois 2024-2025 / 7 mois 2023-2024, pour atteindre un volume de plus de 513 800 hl.

La campagne 2024-2025 démarre avec une récolte inférieure à la moyenne quinquennale : de 1,21 million d’hectolitres, soit un peu plus de 161 millions de bouteilles (- 36,4 % / 2023 mais + 20,8 % / 2021). 

La Bourgogne travaille depuis plusieurs années à préserver au mieux son attractivité auprès des consommateurs, qu’ils soient experts ou débutants, motivés à vivre de nouvelles expériences. Le fruit du travail de plusieurs générations de bourguignons et les décisions prises aux époques clés permettent aujourd’hui à certains vins de Bourgogne d’être dans des segments de marché avec encore de la croissance.

France : la Bourgogne, un vignoble plein d’attraits
Les achats des consommateurs français ont diminué en 2024 par rapport à 2023 (- 1,5 % en volume selon l’Insee). Les Jeux Olympiques et Paralympiques ont eu un effet positif, mais seulement sur le 3ème trimestre 2024 (+ 0,5 % / 3ème trimestre 2023). Cela n’a pas compensé le niveau de consommation atone des deux premiers trimestres 2024. La reprise économique est donc encore incomplète, alors que l’on note un certain attentisme face aux incertitudes liées au contexte politique français. 

L’attrait des consommateurs pour les vins de Bourgogne n’est plus à prouver
Environ 40,5 millions de français (77 % de la population adulte) déclarent avoir consommé au moins une fois du vin tranquille en 2024 (IWSR). Comme les années précédentes, le nombre de consommateurs réguliers recule (- 0,5 million de consommateurs mensuels entre 2019 et 2024) et vieillit, au profit d’une consommation de plus en plus occasionnelle.

Les vins effervescents ont gagné des consommateurs en 2024 par rapport aux années pré-Covid. Toutefois, en un an, l’intérêt pour le vin effervescent s’est replié auprès des groupes d’âges intermédiaires, tout en se stabilisant chez les plus jeunes (Gen Z) et les plus âgés (Boomers), pour un recul global de 1,2 million personnes entre 2024 et 2023. Néanmoins, le nombre de consommateurs mensuels reste stable, à environ 19,5 millions d’individus en 2024. 

La Bourgogne, le vignoble d’AOC français en croissance en grande distribution
Après deux années de baisse sur le circuit de la grande distribution, la Bourgogne est le vignoble d’AOC français qui progresse en 2024 : + 5,2 % en volume et + 5,3 % en chiffre d’affaires / 2023. Compte tenu du niveau de consommation actuel des Français, il semble difficile de revenir aux records de la période pré-Covid. 

Les vins blancs de Bourgogne profitent de l’engouement de plusieurs générations de consommateurs pour les vins blancs. Ce qui leur permet d’être les plus performants en 2024 : + 8,5 % en volume et + 6,8 % en valeur / 2023 (soit un gain de 1,4 million de bouteilles et de 12 millions d’euros).

Des exportations bien orientées, portées par quelques AOC dynamiques
La Bourgogne voit ses volumes exportés retrouver une dynamique positive en 2024, après deux années en demi-teinte : + 8,9 % en volume et + 9,3 % en chiffre d’affaires / 2023. En chiffre d’affaires, le seuil des 1,6 milliard d’euros sur 2024 est dépassé pour la 1ère fois, à près d’1,645 milliard d’euros.

C’est une belle performance, dans un contexte national atone où les volumes exportés baissent pour la troisième année consécutive : - 1,8 % / 2023 (- 8 % / moyenne des 5 dernières années, peu de vignobles français d’AOC connaissent un regain à l’export en 2024). Le chiffre d’affaires des AOC françaises baisse également (- 3,9 % / 2023), mais il reste au-dessus de la moyenne des 5 dernières années (+ 7,8 %).

Un club des 5 qui importent plus de la majorité des volumes exportés
Etats-Unis : 1er marché en valeur et volume
2024 retrouve le chemin de croissance, amplifié par l’anticipation d’un possible retour de droits de douane en 2025 : + 15,9 % en volume / 2023. Parallèlement, le chiffre d’affaires des vins de Bourgogne progresse de + 26,2 % / 2023.

Après un retrait en 2023, tout en étant bien au-dessus de la moyenne quinquennale, le Crémant de Bourgogne retrouve sa dynamique initiée depuis de nombreuses années : + 14 % en volume et + 15,9 % en valeur (2024 / 2023). 

Royaume-Uni : 2e marché en valeur et volume
Dans un contexte économique difficile, marqué par une croissance modérée et une baisse des exportations de vins français d’AOC (- 0,1 % en volume et - 5,4 % en valeur), certaines appellations de Bourgogne réussissent une double croissance, en volume et en valeur pour l’année 2024 : l'AOC Bourgogne en blanc, les Villages et Villages Premiers Crus du Mâconnais,  l’AOC Bourgogne en rouge, le Crémant de Bourgogne.

Japon : 3e marché en valeur et 5e en volume
En 2024, le Japon connaît une inflation autour de 3 %, en partie alimentée par la hausse des coûts d'importation due à la dépréciation continue du yen. Cette situation est exacerbée par les tensions géopolitiques, l'augmentation des prix de l'énergie et des produits alimentaires.

Après des importations de vins de Bourgogne assez stables entre 2019 et 2021, le Japon descend à son plus bas niveau d’importations en volume : - 3,4 % / 2023, pour 6,19 millions de bouteilles. A contrario, le chiffre d’affaires de 2024 se place juste derrière le record de 2023 : soit 140,7 millions d’euros (+ 1,1 % /2023).

Canada : 6e marché en valeur et 3e en volume
Le Canada, comme de nombreux pays occidentaux, connaît en 2024 une croissance économique modeste, avec une prévision de + 0,9 % pour l’année. Cependant, l’économie devrait montrer une reprise progressive en fin d’année.

Les exportations de vins de Bourgogne profitent de ces premiers signes de reprise en affichant une double croissance en 2024 : + 15,9 % en volume (presque 8 millions de bouteilles exportées) et + 15,7 % en valeur (un peu plus de 79 millions d’euros).

Belgique : 8e marché en valeur et 4e en volume
La Belgique connaît une croissance économique encore plus modérée que 2023, avec une prévision sur 2024 d’environ 1,1 % pour l’année. Cependant, l’économie devrait montrer une reprise progressive en 2025, due à une demande interne plus soutenue selon le gouvernement belge.

L’ensemble des vignobles français d’AOC sont touchés et les exportations à destination de la Belgique baissent depuis 3 ans, - 4,2 % en volume et - 5,7 % en valeur (2024/2023). Ces évolutions ne prennent pas en compte les volumes achetés directement dans les vignobles français, compte tenu de la proximité avec ce pays.

3 marchés émergents au cœur du programme des vins de Bourgogne
Australie: 16e marché en valeur et 14e en volume 
L’Australie connaît un recul du pouvoir d’achat de ses consommateurs. En conséquence, les dépenses non essentielles comme les loisirs et les articles de luxe tendent à se réduire.
L’ensemble des vignobles français d’AOC sont touchés et les exportations à destination de l’Australie baissent depuis 3 ans (- 8,0 % en volume 2024 / 2023, - 18,4 % en volume 2023 / 2022 et - 3,1 % en volume 2022 / 2021).

Corée du Sud : 12e marché en valeur et 15e en volume
La Corée du Sud se classe dans les 10 premières puissances économiques mondiales. En 10 ans, c’est aussi le marché de la zone Asie qui a le plus progressé en volume de vins français d’AOC importés : + 2,8 millions de bouteilles, avec un gain de plus de 123 millions d’euros (2023 / 2014).

Bien que l’année 2024 soit en retrait pour les exportations de vins d’AOC français, la Bourgogne continue de gagner des parts de marchés, principalement avec ses vins blancs et son Crémant, dans un pays qui importe plus de vins rouges que de vins blancs (49 % de vins rouges d’AOC français sur l’année 2024).

Brésil : 24e marché en valeur et 22e en volume
Le Brésil est un petit marché pour la Bourgogne, puisqu’il pèse moins de 1 % des volumes exportés et du chiffre d’affaires réalisé sur l’année 2024. Mais il est la principale destination pour les vins de Bourgogne en Amérique du Sud : 89 % des volumes exportés dans cette zone, pour 79 % du chiffre d’affaires sur l’année 2024.

Un « outsider » où la Bourgogne se démarque des autres AOC françaises 
Chine : 7e marché en valeur et 8e en volume
La Chine est le pays qui a connu, avant le Covid, des taux de croissance élevés, qui ont progressivement ralenti à mesure que l’économie chinoise mûrissait. En 2024, la Chine connaît une croissance économique modérée par rapport aux décennies précédentes, mais le pouvoir d’achat des ménages chinois continue de croître en raison de l’expansion des classes moyennes et de la hausse des salaires. C’est une économie en pleine mutation qui s’oriente vers la consommation intérieure qui stimule également le pouvoir d’achat.

Tableau des résultats export des vins de Bourgogne ici
(2024 / 2023 - sources : Douane DEB-EMEBI+DAU - BIVB)