Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud

À Vignoles, deux nouvelles stations de traitement pour faire face à la crise de l’eau dans le Pays Beaunois

À Vignoles, deux nouvelles stations de traitement pour faire face à la crise de l’eau dans le Pays Beaunois
À Vignoles, deux nouvelles stations de traitement pour faire face à la crise de l’eau dans le Pays Beaunois
À Vignoles, deux nouvelles stations de traitement pour faire face à la crise de l’eau dans le Pays Beaunois
À Vignoles, deux nouvelles stations de traitement pour faire face à la crise de l’eau dans le Pays Beaunois
Inauguration ce mercredi des deux stations de traitement de l'eau exploitées par Veolia, en présence des élus de la Communauté d'agglomération, le maire de Vignoles, les représentants de Veolia et les partenaires qui sont intervenus dans la réalisation.

Face à la raréfaction de la ressource en eau et à l’augmentation des besoins, la Communauté d’Agglomération Beaune Côte & Sud vient d’inaugurer deux nouvelles stations de traitement à Vignoles. Une réponse concrète, moderne et durable aux défis climatiques, portée par la volonté de garantir une eau potable de qualité pour aujourd’hui… et pour demain.

L’eau, bien commun, ressource précieuse et essentielle, est confrontée à des défis majeurs liés au changement climatique et à l'augmentation des besoins. Depuis plusieurs années, les territoires sont confrontés à une réalité de plus en plus préoccupante : la raréfaction de l’eau. Sécheresses estivales, pollution des nappes phréatiques, pression touristique, vendanges… Le Pays Beaunois, riche de son patrimoine viticole, n’échappe pas à cette tension hydrique grandissante. Certains étés, cela a même conduit la collectivité à mettre en place des citernes d’appoint et à louer deux unités mobiles de traitement, pour un coût de 150 000 €, afin de garantir la continuité du service. « C’est un sujet qui nous inquiétait depuis quatre ans, rappelle David Verhille, directeur de territoire Terres de Bourgogne pour Veolia. Aujourd’hui, nous sommes plus sereins face aux années sèches et à la hausse de la consommation. Le système est plus sécurisé. Mais ce n’est qu’une étape. »
 
Deux nouvelles usines, une solution durable
La Communauté d’Agglomération Beaune Côte & Sud a donc décidé de prendre les devants pour assurer un approvisionnement en eau potable en quantité et de qualité à ses habitants. Ce mercredi, en fin de matinée, elle a inauguré à Vignoles deux stations de traitement de l’eau potable, construites autour d’une technologie écologique : le charbon actif en grain, un procédé vertueux, sans produit chimique, particulièrement efficace contre les pesticides.
Ces stations permettent désormais de traiter l’eau des puits de Vignoles, une ressource jusqu’alors non exploitée. L’eau est captée dans une nappe phréatique artésienne, située sous 40 mètres de marne, alimentée par le ruissellement des versants de la Côte viticole.
 
Une technologie propre et performante
Le principe est simple : l’eau traverse un lit de charbon actif, aux micro-porosités agissant comme une éponge qui absorbe les polluants. Une fois saturé, le charbon est régénéré à 1 000°C, ce qui le rend réutilisable sans perte d’efficacité. « C’est le traitement le plus vertueux que l’on connaisse aujourd’hui pour garantir une eau propre, conforme, sans alourdir le bilan chimique », souligne Jacques Broussard, chef de projet chez Veolia.
Une datation des eaux captées révèle leur grande ancienneté : certaines eaux souterraines affichent un âge estimé à 6 000 ans, tandis que celles issues des sites de la Bouzaize ont près de 22 000 ans. Un véritable mélange de ressources très anciennes et d’eaux plus récentes, témoignant de la richesse mais aussi de la fragilité du sous-sol beaunois.
 
Un chantier ambitieux, un investissement stratégique
Le projet, lancé dès 2022, a été intégré à la délégation de service public (DSP) par un avenant signé à l’été 2023. Les travaux ont débuté en octobre 2023 et se sont achevés en décembre 2024. Après plusieurs mois de tests et d’analyses sous la supervision de l’ARS (Agence Régionale de Santé), les deux sites ont reçu le feu vert : ils sont aujourd’hui opérationnels. Le coût du chantier s'élève à plus de 2 millions d’euros hors taxes, pris en charge par la communauté d’agglomération.
Alain Suguenot, président de la Communauté d'Agglomération, a souligné l'importance de ces investissements pour anticiper les effets du dérèglement climatique : « Mieux vaut prévenir que guérir. C'est pourquoi nous avons souhaité mettre en place un travail pour avoir une ressource suffisante. Aujourd'hui, nous pouvons avoir de l'eau suffisante et dépolluée. Ce sont des investissements lourds pour la communauté, mais c'était un effort nécessaire ».
Didier Bernard, Directeur régional de Veolia, a salué « le volontarisme de la Communauté d’agglomération Beaune Côte & Sud, engagée avec détermination pour garantir une eau de qualité et en quantité suffisante ». Il a rappelé qu’il reste indispensable de renforcer encore « la résilience du territoire face aux aléas climatiques, afin de sécuriser durablement cette ressource vitale ».
 
Une ressource enfin valorisée et une rivière soulagée
Ces nouvelles installations viennent compléter les ressources historiques issues des sources de la Bouzaize (construite il y a 20 ans) et de Savigny-lès-Beaune, dont les débits diminuent fortement en été. « Ces deux nouvelles stations vont nous permettre de moduler les prélèvements dans les rivières, explique Jean-Luc Becquet, Vice-Président en charge de l’Eau, de l’Assainissement. On pourra soulager les cours d’eau tout en continuant à alimenter les foyers. » Une gestion raisonnée qui concilie besoins humains et protection de l’environnement.
 
Un réseau impressionnant, à moderniser en permanence
Jean-Luc Becquet a rappelé que la communauté dispose de 37 puits de captage, 18 stations de pompage et 10 usines de traitement, desservant un réseau de 717 km. Mais ces chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne suffisent pas. Il faut anticiper les décennies à venir. Jean-Luc Becquet a évoqué la nécessité de renforcer les interconnexions avec le Grand Chalon et Chagny, et de trouver une nouvelle ressource d’ici dix ans. Un objectif ambitieux qui inclut aussi la réduction des fuites, la modernisation des réseaux et la sensibilisation du public.
 
Vers une consommation plus sobre et intelligente
Avec une consommation qui est descendue sous les 100 m³ par habitant et par an, les efforts paient. L’objectif affiché est clair : diviser la consommation par deux d’ici 2035-2037. Cela passera par des campagnes d’économie, le réemploi des eaux usées, la régénération des sols et une approche plus circulaire de l’eau. « Aujourd’hui, on a un bel outil, mais il faut penser à demain », conclut Alain Suguenot.
 
Et si l’avenir venait de sous la montagne de Beaune ?
Parmi les pistes les plus audacieuses étudiées par la Communauté d’agglomération, une hypothèse ancienne refait surface : l’existence d’un vaste réservoir souterrain sous la montagne de Beaune. Une "nappe archéologique", comme l’a qualifiée Alain Suguenot, qui pourrait, si elle se confirme, offrir une solution structurelle et durable au défi de la ressource en eau. « C’est un vieux fantasme local, mais aujourd’hui, nous menons de vraies études pour en vérifier la réalité, la salubrité et la qualité. Ce pourrait être une source précieuse, peut-être généreuse, qui changerait la donne pour les décennies à venir. »
Les premiers relevés et analyses sont en cours, menés avec prudence et méthode. Si cette ressource s’avère exploitable, elle viendrait compléter un panel de solutions déjà bien engagé — interconnexions, sobriété, traitement vertueux, renouvellement des réseaux — pour que le territoire ne manque jamais de ce bien commun essentiel qu’est l’eau.

Jeannette Monarchi