BEAUNE

Paul Day s’invite dans la ville : Beaune accueille ses géants de bronze

Paul Day s’invite dans la ville : Beaune accueille ses géants de bronze
Paul Day s’invite dans la ville : Beaune accueille ses géants de bronze
Paul Day s’invite dans la ville : Beaune accueille ses géants de bronze
Paul Day s’invite dans la ville : Beaune accueille ses géants de bronze

32 ans qu’il vit en Bourgogne, et c’est aujourd’hui à Beaune que Paul Day dévoile une part intime de son œuvre. Deux sculptures monumentales signent l’ouverture de sa grande exposition au musée des Beaux-Arts. Une invitation à découvrir « Une vie en relief », entre amour du terroir, art et émotion.

Effervescence ce jeudi matin à Beaune. Entre les manœuvres délicates d’un petit engin de levage, les sangles tendues autour d’un bronze d’une tonne et les badauds sortant spontanément leurs téléphones pour immortaliser le moment, la ville vibrait au rythme d’un événement artistique peu ordinaire : l’installation de deux sculptures monumentales. L’une se posait lentement sur le parvis du musée des Beaux-Arts, l’autre trônait quelques heures plus tard, majestueusement, au centre de la place Carnot. 
Ces sculptures ne sont pas anonymes : elles sont signées Paul Day, sculpteur franco-britannique de renommée internationale, installé depuis plus de trente ans en Bourgogne, dans l’Auxois. Ces deux œuvres — Le Baiser et Le Bœuf Bourguignon - annoncent la nouvelle exposition « Paul Day, une vie en relief. De Londres à Beaune » en cours de montage, qui ouvre ses portes le vendredi 18 avril au musée des Beaux-Arts de Beaune, jusqu’au 21 septembre.
 
Une ville transformée en galerie à ciel ouvert
« Je voulais que mes œuvres soient visibles par tous. C’est une façon d’ouvrir une première fenêtre sur mon univers, de susciter la curiosité, et d’inciter le public à pousser la porte du musée pour découvrir, en profondeur, 25 années de création », explique l’artiste, visiblement ému par ce moment de partage. Paul Day assume pleinement cette volonté d’amener l’art dans l’espace public. Le sculpteur a personnellement proposé que deux de ses pièces monumentales soient exposées en extérieur, dans des lieux emblématiques de Beaune, pour créer un lien immédiat entre la ville et l’exposition
 
Deux sculptures, deux visages de l’œuvre de Paul Day
Devant le musée, on découvre Le Baiser, version de 3 m inspirée de la célèbre sculpture Les Amoureux de la gare Saint-Pancras à Londres. Une œuvre tout en tendresse, en équilibre, en émotion brute. « Le baiser transmet une émotion, c’est est un geste universel, intime et public à la fois. Il capte un instant suspendu, un moment d’éternité que tout le monde peut ressentir », confie Charlotte Fougère, adjointe en charge de la culture, du mécénat et des grands projets. Elle dialoguera parfaitement avec la façade du bâtiment Porte Marie de Bourgogne. « Le baiser. C’est une œuvre forte, tendre, accessible à tous », souligne Charlotte Fougère.


En 2009, Paul Day réalise Les Amoureux, une statue de 9 m de haut pour la Gare internationale Saint-Pancras à Londres, terminus de l’Eurostar. Devenue populaire et iconique, la sculpture des Amoureux est sans aucun doute la création la plus célèbre de l’artiste. Ce dernier reçoit d’ailleurs régulièrement des demandes de couples qui souhaitent en acquérir des répliques miniatures. Une autre version des Amoureux existe, celle du baiser. D’une hauteur de 3 m, elle a été réalisée en 2016 pour une collection privée.
Dans le cadre de cette exposition, elle prend exceptionnellement place devant l’enceinte du musée.
 
Place Carnot, c’est un hommage à la ruralité : Le Bœuf Bourguignon, impressionnant taureau charolais en bronze, prêté par le château de Sainte-Sabine, trône en majesté. L’œuvre évoque « la fondation de la vie agricole à Beaune et l’identité profonde de la Bourgogne », comme le raconte Paul Day, qui précise : « Ce bourguignon a fait le tour du monde… J’ai sculpté les originaux pour un domaine viticole de milliardaires installés en Nouvelle-Zélande, fondu en Chine, et il revient ici comme un clin d’œil à mes racines ». Cette imposante sculpture rend hommage aux origines rurales de la Bourgogne et à ses paysages. Ce taureau charolais, aux muscles saillants et au regard doux, semble veiller sur la ville.


En 2015, l’artiste reçoit sa première commande de sculpture animalière. Elle émane d’un domaine viticole (Craggy Range) situé à Napier en Nouvelle-Zélande. S’inspirant de la nature qui l’entoure, Paul Day propose de réaliser une famille de Charolais : Taureau, vache et veau. De tailles monumentales, ces bovins en bronze, rendent hommage aux caractéristiques de cette race bourguignonne, en soulignant leur impressionnante musculature et leur comportement paisible. Ils ont été modélisés (dans le plâtre) et fondus en Chine. Ils sont presque deux fois plus grand que nature !
Une version en bronze est visible place Carnot pendant toute la durée de l’exposition. Ce Bœuf Bourguignon est habituellement exposé dans l’enceinte du château de Sainte-Sabine, il a récemment été prêté pour la Saint-Vincent Tournante qui s’est tenue en janvier à Ladoix-Serrigny.
 
Une rétrospective, une révélation
L’exposition, installée au musée jusqu’au 21 septembre, présente plus de 25 ans de création. « Ce mot de rétrospective m’a toujours paru étrange, je l’associe souvent à des artistes disparus... Mais c’est bien de ça qu’il s’agit : une vie de travail, faite de patience et de passion, à découvrir enfin ici, dans ma région d’adoption », confie l’artiste. L’exposition « Une vie en relief » n’est pas une simple rétrospective. Elle se veut une plongée dans l’univers foisonnant d’un artiste qui, tout en menant des projets prestigieux à l’international, n’a jamais cessé de puiser son inspiration dans la terre bourguignonne.
« Cela fait 32 ans que je vis ici. J’ai tout créé en Bourgogne, dans mon atelier. C’est ici que je pense, que je modèle, que je raconte. C’est mon territoire de cœur. »
Le musée accueillera un large éventail d’œuvres couvrant plus de 25 ans de création : scènes de la vie quotidienne, figures mythiques, allégories, commandes internationales, mais aussi des pièces plus personnelles, parfois jamais exposées.
Parmi les nouveautés : trois petites œuvres inspirées des paysages viticoles, véritable déclaration d’amour à Beaune.
Il ajoute : « Je ne recherche pas la gloire. J’aime le travail bien fait, partager ma passion et j’ai hâte de rencontrer le public, notamment les scolaires, qui viendront nombreux. C’est une joie de pouvoir échanger avec eux ».
Après des années consacrées à des commandes internationales, Paul Day se reconnecte à un travail plus personnel. « Depuis 2013, je n’avais pas exposé. Cette exposition n’est pas une synthèse complète, mais elle offre un éventail riche de mes œuvres », dit-il.
 
Un projet collectif, une ville en effervescence
Cette exposition est le fruit d’une étroite collaboration entre l’artiste et les services culturels de Beaune. Charlotte Fougère revient sur la genèse du projet : « L’idée a germé dès le début de mon mandat. Il y a un an, quand j’ai soumis le projet d’une exposition qui lui serait consacrée, Paul a accepté avec enthousiasme. Il fait partie du paysage culturel local. C’est un sculpteur reconnu dans le monde entier. Je me réjouis de cette collaboration ». Le thème « Une vie en relief » s’est naturellement imposé. Il fait écho à la fois à la technique de Paul Day – le travail de la matière, du volume, de la profondeur – et à son parcours humain, riche de reliefs, de détours, de racines.
La mise en place de ces œuvres monumentales a été rendue possible grâce à des partenaires et mécènes : le château de Sainte-Sabine, la Caisse d’Épargne, l’Hostellerie de Levernois et l’Abbaye de Labussière-sur-Ouche .

Jeannette Monarchi

À noter
Exposition : Paul Day, une vie en relief. De Londres à Beaune
Dates : Du 18 avril au 21 septembre 2025
Lieu : Musée des Beaux-Arts de Beaune
Œuvres visibles en extérieur :
Les Amoureux (devant le musée)
Le Bœuf Bourguignon (Place Carnot)