MEURSAULT

À Meursault, Armand Heitz inaugure une cuverie pensée “comme l’aurait fait son grand-père”

À Meursault, Armand Heitz inaugure une cuverie pensée “comme l’aurait fait son grand-père”
À Meursault, Armand Heitz inaugure une cuverie pensée “comme l’aurait fait son grand-père”
À Meursault, Armand Heitz inaugure une cuverie pensée “comme l’aurait fait son grand-père”
À Meursault, Armand Heitz inaugure une cuverie pensée “comme l’aurait fait son grand-père”

Vendredi, Armand Heitz inaugurait sa nouvelle cuverie à Meursault, en présence de 180 invités. Un projet conçu avec son épouse, l’architecte Astrid Heitz, pour répondre aux besoins techniques du domaine tout en respectant une certaine idée du bon sens paysan. Une réalisation de près de 3 millions d’euros qui assume pleinement sa ruralité.

« C’est un projet que je dois à ma femme », glisse Armand Heitz en souriant depuis le sommet d’un fût à vin. Ce vendredi, le vigneron, éleveur et restaurateur a convié 180 invités pour inaugurer sa nouvelle cuverie dans la zone des Champs Lins à Meursault. Un bâtiment discret et imposant à la fois, pensé pour l’efficacité, la durabilité et une forme d’héritage familial réinventé.
Située jusqu’ici au centre-bourg de Chassagne-Montrachet, l’ancienne cuverie du domaine n’était plus adaptée au va-et-vient de l’activité viticole. Le cœur battant du domaine, lui, se déplace définitivement à Meursault.
 
Une histoire de millésime… et de rencontre
Tout commence en 2013, lorsqu’Armand signe son premier millésime, vinifié à Chassagne-Montrachet, sur les 30 hectares de vignes hérités de son grand-père. « Très vite, je me suis rendu compte que ce serait trop petit », raconte-t-il. Il se tourne alors vers Meursault, au cœur de ses parcelles, où un terrain en friche attire son attention : « Personne n’en voulait. Il était squatté par les gens du voyage… et il y avait un énorme poteau électrique en plein milieu. C’était parfait ».
Mais le projet prend réellement tournure en 2016, lors d’une rencontre décisive avec Astrid, jeune architecte. Il précise, sourire en coin : « Je suis tombé amoureux pour son charme et ses yeux bleus… pas pour son métier. Bien que... ». Car dès le troisième rendez-vous, il ose : « Je lui parle d’une cuverie. Et là, elle me rappelle que je suis juste œnologue ! C’est elle qui m’a éduqué à l’architecture. Même si, il faut dire, mes parents m’ont traîné dix ans durant dans les châteaux de la Loire ».
Le couple se marie en 2018, fonde en 2019 l’agence Astrid & Armand Heitz Architecture, et achète en pleine crise du Covid le château de Mimande à Chaudenay, qui devient le siège oenotouristique et gastronomique du domaine, avec chambres d’hôtes et restaurant. En 2022, le rêve de cuverie ressurgit. En 2023, le prêt est accordé.
 
Un projet à deux têtes, un esprit unique
Le chantier, lancé en 2023, a été conçu à quatre mains par Astrid et Armand Heitz. « Le cahier des charges, c’était : “comment aurait fait mon grand-père ? ”, explique Armand Heitz, assumant un retour à l’essentiel teinté d’humanité et de mémoire. La plus belle des formes, c’est celle qui trouve l’équilibre harmonieux entre l’environnement et la main de l’homme. »
Le résultat ? Un bâtiment rectangulaire de 1 124 m² de surface de plancher, 51 mètres de long, deux cuveries (190 et 210 m²) distinctes pour vins rouges et blancs (2 600 hl de vin), deux caves enterrées, 280 m² de locaux polyvalents, 5 bureaux, 1 salle de réunion, et un auvent fonctionnel de 200 m². En tout, 18 entreprises locales ont œuvré pendant 19 mois pour livrer un projet au millimètre.
 
Du béton bas-carbone, du bois local, et de la simplicité
Armand Heitz assume une vision paysanne du bâtiment. Le choix des matériaux est d’ailleurs un manifeste en soi : béton local (granulat, eau, calcaire), chêne pour la charpente, 30 cm de laine de bois en toiture, ventilation naturelle pour l’hygrométrie, toiture bac acier blanc pour limiter la chaleur.
En cave, l’approche est tout aussi rationnelle : deux espaces pour séparer les rouges et les blancs, 670 fûts au total, dans des caves de 180 et 200 m². « C’est simple, fonctionnel, efficace », résume le vigneron.
 
Un gentleman farmer avec 3 millions d’euros de vision
Derrière le style décontracté et le discours plein d’humour, Armand Heitz livre en creux un engagement structurant : celui d’un "paysan-vigneron", comme il aime se définir, investissant près de 3 millions d’euros TTC dans un outil de travail assurant une fonctionnalité totale. La cuverie de Meursault ne sera pas ouverte au public. Elle restera un espace de travail réservé à la production.
À 37 ans, le vigneron élève 23 ha de vignes en Côte de Beaune, 8 ha dans le Beaujolais, tout en gérant 200 hectares de polyculture-élevage à Saint-Martin-de-Commune (71) où s’activent 200 bovins et 100 ovins. Une diversité agricole qui structure aussi son discours.
 
De Mimande à Meursault : un ancrage assumé
Après avoir acquis le château de Mimande à Chaudenay pendant la crise du Covid, le couple a développé un lieu vivant avec restaurant éphémère, chambres d’hôtes et activités oenotouristiques. Ce bâtiment, c’est l’histoire d’un couple, d’un domaine, d’une vision. Armand et Astrid Heitz ont dessiné un outil sobre, ambitieux, ancré dans une tradition revisitée. Une cuverie profondément enracinée dans un bon sens paysan assumé.

Jeannette Monarchi

Chiffres-clés du projet :
2 800 000 € TTC de coût total de construction
1 124 m² de surface de plancher
2 cuveries (190 et 210 m²) pour 2 600 hl de vin
2 caves enterrées (180 et 200 m²) – 670 fûts
280 m² de surfaces polyvalentes
5 bureaux + 1 salle de réunion
Auvent de 200 m²
18 entreprises locales impliquées
Béton bas-carbone, charpente en chêne, laine de bois, ventilation naturelle.