« Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! » : La vision de l’État de droit du RN

« Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! » : La vision de l’État de droit du RN

Communiqué du Collectif Pour un Avenir Solidaire

Ces dernières semaines, la condamnation de Marine Le Pen à quatre ans de prison (dont deux fermes) et à cinq ans d’inéligibilité a suscité indignation et inflation médiatique. Le collectif Pour un Avenir Solidaire, attaché au fonctionnement de l’État de droit, souhaite réagir à certains communiqués mensongers et volontairement simplistes des élus RN locaux.
Dans son communiqué du 02 avril 2025, le député RN Aurélien Dutremble clame son soutien à Marine Le Pen, condamnée injustement selon lui par le Tribunal correctionnel de Paris. Il dénonce « un scandale démocratique » au prétexte que les juges auraient « confisqué la liberté politique » en réclamant que les cinq ans d’inéligibilité soient à effet immédiat.
De même, daté du 04 avril 2025, le communiqué des élus régionaux du RN évoque, quant à lui, une « divergence d’interprétation entre le Front National et le Parlement européen », relativisant ainsi le détournement de fonds publics européens dans l’intérêt du parti.
Dans les deux cas, on croit rêver ! Tout d’abord, l’héritière politique du clan Le Pen a été condamnée pour des faits dont la gravité, la durée dans le temps et le caractère organisé ont été établis par une enquête judiciaire. Il ne s’agit pas d’un contentieux administratif comme voudraient le faire croire les élus bourguignons du RN, Julien Odoul en tête, lui-même condamné dans cette affaire. Les juges du tribunal n’ont fait qu’appliquer la loi qui prévoit la peine d’inéligibilité en cas de condamnation pour détournement de fonds publics (ici plusieurs millions d’euros détournés au profit du FN, puis du RN) et son exécution dite provisoire (donc immédiate), même en cas d’appel.
Ensuite, les juges ont pris la décision d’appliquer immédiatement aux condamnés la peine d'inéligibilité. Cela n’en fait pas pour autant une décision politique. Au contraire, cela relève bel et bien du cadre statutaire de leur autorité de magistrats. Cette autorité s’est exercée dans un contexte où la loi punit désormais plus sévèrement les délits des responsables politiques, comme le demandait d’ailleurs Marine Le Pen il y a peu. Les juges ont acquis un pouvoir d’investigation plus grand depuis quelques années, n’en déplaise aux potentats du vieux monde lorsqu’ils sont à leur tour pris la main dans le sac.
Il est désormais évident que l’exécution immédiate de l’inéligibilité compromet la candidature de Marine Le Pen aux élections présidentielles. Mais plutôt que de cibler les juges, les représentants du RN pourraient se réjouir de la répression de la délinquance des élus. Mieux encore, ils pourraient s’inspirer des affirmations sur la probité en politique portées maintes fois par leur cheffe. En 2013, sur la chaîne Public Sénat, Marine Le Pen affirmait ainsi, implacable : "Tout le monde est éclaboussé [..] L'UMP et le PS ont des listes de condamnés qui sont inouïes [..].Moi, ma veste est immaculée. Ils auront beau essayer de s'agiter, ils n'arriveront pas à me salir, parce que j'ai une éthique, une morale, et que je m'y tiens. Moi, quand je réclame l'éthique et la morale, je me l'applique à moi-même".
Dans cette affaire de détournement de fonds européens au profit du parti, la morale de l’histoire pourrait se résumer ainsi : lorsqu’on risque une peine d’inéligibilité et de prison, mieux vaut ne pas détourner de l’argent public. Cela s’applique à Madame tout-le-monde, etcela s’applique donc à Madame Le Pen, toute candidate à la présidence qu’elle est (ou qu’elle a été).
Reste que les représentants du RN ont demandé à leurs partisans de descendre dans la rue le 6 avril dernier pour contester une décision rendue au terme d’un procès public, contradictoire, dans le respect scrupuleux des garanties constitutionnelles et européennes. Ces élus de la République montrent, une fois de plus, leur profond mépris de l’État de droit et de la responsabilité politique en s’arrogeant le droit de distribuer les bons mots sur l’éthique en politique mais également celui de se soustraire à la loi.
Ainsi, par son mépris de la république et du droit, il est évident que le RN représente une menace pour la vie démocratique.
Voila pourquoi, aujourd’hui comme demain, tâchons d’œuvrer à ce qu’il ne prenne pas le pouvoir.

Collectif Pour un Avenir Solidaire